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Critique de Lamifranz


Je ne vous ferai pas l'injure de vous demander qui a écrit les "Fables de la Fontaine", ni les "Contes de ma mère l'Oye", ni le "Roman de la momie", chacune de ces oeuvres a bien sûr été écrite par ... son auteur respectif. Pour les "Fables", c'est bien évidemment Jean de la Fontaine, ça coule de source. Depuis notre jeune âge, nous avons été abreuvés de ces petits joyaux animaliers, à la morale limpide, qui ont étanché notre soif de connaissance, de sagesse, d'humour, de finesse, bref, vous êtes au courant.
"Le corbeau et le renard", "La cigale et la fourmi", "Le loup et l'agneau", "Le lièvre et la tortue"... voilà trois siècles et demi que l'Arche de Noé du Père La Fontaine nous accompagne, avec son cortège d'animaux tour à tour malins ou stupides, avec ces images immortalisées par les dessinateurs, Gustave Doré, en particulier, avec cette poésie immédiate, d'une simplicité renversante, qui parle tout de suite à l'esprit et au coeur, avec enfin cette profondeur de vue, qui à travers l'allégorie, révèle au grand jour les petits travers de l'âme humaine...
Si vous le voulez bien, sortons un peu de ce lot de fables ultra connues, que nous avons étudiées à l'école, certainement récitées, parfois ânonnées, et attardons nous un peu sur quelques-unes moins connues, mais tout aussi savoureuses : connaissez-vous "Les femmes et le secret" ? C'est une fable où un homme teste la capacité de sa femme à tenir un secret : il feint d'accoucher d'un oeuf et demande à sa femme de garder le silence. On devine la suite. Et ce n'est pas une fable à l'encontre de nos charmantes compagnes (n'est-ce pas messieurs), puisque l'auteur déclare :
Rien ne pèse tant qu'un secret
Le porter loin est difficile aux dames
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes.

Une de mes préférées est "Le Chat, la belette et le petit lapin" : une belette et un lapin se disputent un terrier. Cherchant un jugement équitable, ils se tournent vers un juge impartial, un chat, qui, nouveau Salomon, les met tous les deux d'accord :

Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
Grippeminaud le bon apôtre
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.

Il y a quelque chose de magique, ne trouvez-vous pas, dans cette osmose entre le propos et sa manifestation écrite, entre ce que veut dire ou suggérer le poète, et la façon dont il le dit. on avancera sans doute l'art poétique, qui est certain, la profondeur et la noblesse de l'inspiration (souvent puisée chez les Anciens, mais pas seulement), on mettra en avant un savoir-faire particulier aux beaux esprits de ce siècle (voyez Molière), il reste que pour le lecteur, de quelque époque qu'il soit, une fable De La Fontaine reste un enchantement.

Un dernier mot sur la "morale" qui clôt généralement chaque fable : ce n'est jamais une morale politique, ni religieuse, c'est juste une morale "au coin du bon sens" que chacun peut appréhender sans arrière-pensée. Les petits défauts, les travers que dénonce La Fontaine sont le fait aussi bien des grands que des petits, des bons que des méchants, ils sont le fait d'hommes et de femmes comme nous : La Fontaine est un moraliste certes, mais un moraliste humaniste.

Et un sacré conteur, je ne vous dis que ça...

Tiens, justement, rappelez-moi de vous parler un jour des "Contes en vers" écrits par notre auteur : si subtilement, si délicieusement, si merveilleusement… coquins !
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