Ce que j'admire chez Will comme chez Fern, c'est qu'ils aiment fort. L'un et l'autre font de leur mieux pour ouvrir leur cœur, malgré le risque de rejet, de jugement et d'échec, et ils trébuchent en cours de route. Vers la fin du roman, Fern donne à Will la possibilité d'expliquer ses agissements.
Elle décide de lui tendre la main. C'est, à mes yeux, l'un des gestes les plus courageux et difficiles à faire durant les premiers stades de toute relation. C'est aussi ce qui rend Will et Fern plus forts. On fait tous des erreurs. On vit des traumatismes et des deuils, et bien sûr de mauvaises journées.
Il nous est arrivé à tous de nous casser la figure. Et les plus chanceux d'entre nous, en relevant la tête, ont trouvé la main tendue d'une âme précieuse.
(P. 388)
Philippe était mon amoureux jusqu'à ce que je le trouve penché sur la chapelière dont la boutique jouxtait notre tout premier café. J'aurais dû avoir la puce à l'oreille quand il a commencé à porter un feutre mou. Morale de l'histoire: sortir avec le patron est une mauvaise idée.
Nous avons rompu il y a deux ans, et depuis j'évite les hommes. En fait non. J'ai réintroduit le sexe dans l'équation après cinq très longs mois. Mais les relations, ça ne m'intéresse plus. Tout ce temps, ces compromis et cette énergie gaspillée pour quoi? Pour des chaussettes sales qui traînent partout et pour constater un jour que les choses ne marchent pas. Sans façon.
(P. 60)
— Je ne sais pas comment ma mère a pu s'en sortir toute seule.
L'arrière-pensée, car c'en est une, s'est matérialisée malgré moi.
— Les mères célibataires sont des guerrières, dit Will. La tienne semblait savoir ce qu'elle voulait.
-— Cétait une force de la nature.
(P. 128)
Ce qu'il y a de bien avec les rencontres sans lendemain, c'est qu'on peut dire n'importe quoi sur soi sans que ça porte à conséquence.
Je secouai la tête.
— Il y a toujours des conséquences.
Je l'avais appris à dix-sept ans.
(P. 83)
𝑪’𝒆𝒔𝒕 𝒖𝒏𝒆 𝒄𝒉𝒐𝒔𝒆 𝒅’𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒍𝒆 𝒃𝒆́𝒈𝒖𝒊𝒏, 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒄𝒆𝒔 𝒏𝒖𝒊𝒕𝒔 𝒕𝒐𝒓𝒓𝒊𝒅𝒆𝒔 𝒓𝒊𝒔𝒒𝒖𝒆𝒏𝒕 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒍 𝒇𝒊𝒏𝒊𝒓. 𝑴𝒐𝒏 𝒄𝒐𝒆𝒖𝒓 𝒑𝒐𝒖𝒓𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒃𝒊𝒆𝒏 𝒏𝒆 𝒑𝒂𝒔 𝒔𝒖𝒑𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆𝒓 𝒅𝒆 𝒏’𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝑾𝒊𝒍𝒍 𝒒𝒖’𝒖𝒏 𝒎𝒐𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒉𝒐𝒓𝒔 𝒅𝒖 𝒕𝒆𝒎𝒑𝒔.
Will lit des passages à voix haute:
- Les berceuses préférées d'Owen sont Edelweiss et
What a Wonderful World. (Il lève les yeux vers moi.) On ne rit pas.
—Je suis sûre que les médecins lui ont transplanté une nouvelle personnalité après l'accouchement.
Il poursuit sa lecture en silence, pendant que des rides de plus en plus prononcées strient son front.
- Devenir parent peut rendre n'importe qui cinglé.
(P. 127)
- Ne me regarde pas comme ça.
- Comment ça ?
- Comme si tu t’intéressais à moi.
- Eh si c’est le cas ?
- Eh bien, je ne te le permets pas.
- Pourquoi ?
- Parce que tu m’as laissée t’attendre pour rien sur ce quai il y a neuf ans.
Sur l'arrière de ma culotte, le mot LUNDI écrit en grosses lettres est surmonté d'une image de Madame Chipie. En plus, on est mercredi.
(P. 124)
Ils déposent une pluie de baisers sur le crâne d'Owen et, enfin, s'en vont. Depuis la terrasse, je les regarde s'éloigner en agitant le bras dodu de leur fils en guise de salut.
Quinze minutes plus tard, Owen se met à crier.
J'ai tout essayé. J'ai changé sa couche, tenté de lui donner un biberon, l'ai fait sauter sur mon genou, ai épuisé mon répertoire de grimaces. J'ai chanté une version survoltée de Une souris verte, mais le petit continue de pleurer. Je me demande s'il ne va pas vomir à force de hurler à pleins poumons. Et je ne porte plus de pantalon parce que j'ai renversé du lait dessus. J'en viens à le supplier de se calmer en faisant les cent pas dans le séjour. Je suis à deux doigts de fondre en larmes.
- Owen, mon chéri. Arrête de pleurer, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît.
(P. 120)
Pourtant, je sais que les secrets sont essentiels, même dans les amitiés les plus sincères.
(P. 67)