Ces mères qui ne savent pas aimer

Les gens ayant eu une mère "normale" ont du mal à comprendre que toutes les mères ne sont pas comme la leur et amis ou proches, même bien intentionnés, ont souvent tendance à minimiser la douleur d'une fille mal-aimée ou à la blâmer quand elle cherche à être entendue.

Le dénominateur commun chez les femmes mal aimées par leur mère est le besoin de validation, le besoin de trouver quelqu'un qui leur dise : "Oui, ce que tu as vécu est vraiment arrivé. Oui, ce que tu ressens est justifié. Je comprends."

Leur comportement est en grande partie dicté par des forces inconscientes ou par des émotions auxquelles elles ont peur de se confronter: une impression paralysante d'insécurité, un sentiment tenace de privation, une déception profonde face à leur propre vie. En cherchant à se soulager de leurs peurs et de leur tristesse, elles utilisent leur fille pour se donner un sentiment de pouvoir ou de contrôle.

Une bonne mère n'est ni parfaite ni une martyre. Elle a son propre bagage émotionnel, ses propres cicatrices, ses propres besoins. Elle peut ne pas vouloir faire de compromis sur son travail et donc ne pas être disponible à certains moments pour sa fille. Elle peut aussi perdre patience, dire ou faire des choses qu'elle regrette. Mais si son comportement général permet à se fille de croire à sa propre valeur et nourrit le respect qu'elle se porte, son assurance et sa sérénité, cette mère remplit bien son rôle, qu'elle soit une maman merveilleuse ou juste "suffisamment bonne".

Il est beaucoup plus sûr, pour une petite fille, de croire que "s'il y a quelque chose qui cloche entre nous, c'est parce qu'il y a quelque chose qui cloche chez moi". Elle explique le comportement blessant de sa mère en s'accusant elle-même et en se sentant inadaptée et méchante, sentiment qui persiste à l'âge adulte, même si elle est devenue une femme accomplie et aimée, y compris de ses propres enfants.

La plupart des sociétés glorifient les mères, comme si le fait de mettre un enfant au monde les rendait fondamentalement capables de le choyer. Ce n'est pas vrai.

Je ne vais plus faire semblant que les quelques miettes que j'ai eues étaient vraiment de l'amour.

Que les messages soient positifs ou négatifs, l'enfant les intériorise et se construit une conception d'elle-même autour d'eux. Les «Tu es » de la mère deviennent les « Je suis» de la fille.
Ces messages intériorisés contribuent à former certaines de nos croyances les plus profondes et les plus anciennes: parce qu'elles ont été diffusées dans l'air que nous avons respiré si longtemps, nous les considérons comme vraies et nous comportons bien souvent comme si elles l'étaient sans jamais les remettre en question. C'est une excellente chose lorsque nous avons été applaudies et encouragées depuis toutes petites; cela nous permet d'en ressortir grandies par des croyances comme: «Je suis forte et capable», «Je suis quelqu'un de bien», «Je suis résistante», «Je suis digne d'être aimée». Mais les mères mal-aimantes ont encombré leurs filles de croyances - en implantant au plus profond de leur être des concepts, des attitudes, des attentes et des perceptions d'elles-mêmes, des gens qui les entourent et de ce qui est bien ou mal - qui sont fausses et extrêmement destructrices.

Déclaration des droits d'une fille adulte dont la mère est mal-aimante :
• Vous avez le droit d'être traitée avec respect.
• Vous avez le droit de ne pas porter la responsabilité des problèmes ou du mauvais comportement de qui que ce soit d'autre que vous-même.
• Vous avez le doit de vous mettre en colère.
• Vous avez le droit de dire non.
• Vous avez le droit de faire des erreurs.
• Vous avez le droit d'avoir un ressenti, des opinions et des convictions bien à vous.
• Vous avez le droit de changer d'avis ou de décider d'un nouvel ordre des choses.
• Vous avez le droit de négocier le changement.
• Vous avez le droit de demander du soutien émotionnel ou de l'aide.
• Vous avez le droit de protester contre les injustices ou les critiques que vous subissez.

Je rappelle à ces femmes qu'elles ont le droit de décider de ce quelles veulent, quel que soit ce que leur mère leur a inculqué et en dépit des admonestations des proches et amis à «respecter sa mère». Je demande à mes patientes d'imaginer qu'il n'y a aucune limite à leur liberté et que tout est possible, puis de répondre à la question: « Qu'attendez-vous le plus de votre mère?» Il n'y a pas besoin d'avoir un plan ou une stratégie au départ. La première chose à faire et d'identifier un désir, sachant qu'il changera et évoluera , Qu'est-ce qui vous a manqué?» je leur demande. Qu'est-ce qui vous permettrait de vous sentir enfin libre?
Cela peut être des excuses. Cela peut être rien. Vous pouvez tout simplement vouloir que votre mère arrête d'interférer dans votre vie ou bien qu'elle en sorte définitivement. C'est un choix qui vous appartient.