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Critique de pontdesarts


Eric Fottorino : "Mon enfant, Ma soeur"

Le titre du roman autobiographique d'Eric Fottorino est emprunté à Charles Baudelaire L'Invitation au voyage, in Les Fleurs du mal, 1857, dont le premier vers est "Mon enfant ma soeur songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble !"
C'est un poème en prose, les phrases sont les flots de vagues courtes, ou longues, scandées et rythmées comme le sont les marées des émotions . Elles sont rivières quand l'auteur évoque un souvenir, fleuve quand la narration oblige, source lorsqu'il cherche les mots dans une écriture qui roule comme les rivières roulent les rochers et la mer les galets pour les apprivoiser, les polir. et des cascades abruptes. Une eau qui traverse le champ des souvenirs, en ville et dans les campagne, à la maison et sur les quais de gare. Et qui enfin s'apaise.
Eric Fottorino naît en 1960 à Nice. Il nous confie que trois ans plus tard une petite soeur entre dans la famille pour en disparaître aussitôt par la funeste décision de l'adoption parce que retirée à sa maman.
Amputé par cette disparition, Fottorino confie à sa soeur disparue, les jeux d'enfance qui auraient pu être les leurs, "tu es partout où je suis" : tel un album imaginaire de photos qu'il nous commente, les javelles de blé en campagne, les rues, les odeurs et la pluie jusqu'à un improbable appel téléphonique sur les boulevards, sous les arbres sous l'averse :"c'est toi ? "
Avant cette apostrophe "C'est toi ?" , il aura fallu soixante ans de recherche.
Surtout ne pas divulguer ici le fond du texte. On sait seulement que les retrouvailles auront lieu.
La recherche de sa soeur prendra une soixantaine d'années.
L'auteur fait des confidences. Les confidences sont les premiers pas vers la confiance (p. 203) et dit-il, s'apprivoiser commence par les yeux (p. 232).

C'est un merveilleux témoignage d'amour que ce livre. Il s'appuie sur une promesse, rendre sa fille à sa mère. Lui permettre d'être. Ne plus rester dans l'anonymat de l'adoption, retrouver une identité dérobée (Cf. Marie Brunet, L'Amour adopté - roman, voir sur Babelio).
Entre les placements d'office en famille d'adoption, en famille d'accueil, et l'abandon auprès des communautés religieuses, enfants placés à la naissance dans des Tours d'abandon aussi, il y a beaucoup de situations qui poussent vers des vies multiples et imposées, par des secrets de familles, des enfants qui ne demandent qu'une chose au cours de leur vie: connaître leurs parents. Car les adoptions sont quelques fois le résultats de drames ignorés.
C'est sans doute pourquoi Eric Fottorino, dans un élan du coeur, dit à sa mère :" Je l'ai retrouvée". Beau texte plein de sensibilité, et d'amour. Et de confiance.

"C'est toi ? "




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