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Critique de marcphalippou


Au volant la vue c'est la vie : ce slogan à valeur de prévention pourrait être la devise de Kévin Prou, le héros mi-narrateur mi-sujet de ce polar à tiroirs et boîte à gants. le jeune enquêteur démarre son métier au bas de l'échelle : il planque assis à la place du conducteur d'une voiture dont le modèle change chaque jour - heureux travailleur au bureau toujours nouveau ! - pour garder la même place près des cibles à observer, sans se faire repérer.
Paul Fournel connait son code du polar comme un conducteur hors pair sait celui de la route et sait jouer avec. La tension posée dès le début, le suspense et les rebondissements tiennent notre attention, nos nerfs et nos zygomatiques en éveil. On se délecte de la langue écrite et gourmande, de dialogues "au couteau" : notre plaisir de lecteur est permament.
Notre vision aussi en prend un coup. Confiné dans sa voiture-bureau, le héros voit le monde comme sur un écran. Notant et horodatant avec précision - il a deux montres pour cela - les faits et gestes qu'il observe, le reste, ce qui l'entoure et ne peut voir - même avec la meilleure attention - excite son imaginaire. La marche entre rêve et réalité, planque et collaboration, réseau social et lien humain.
Un polar sensuel et explosif qui tire là où ça fait mal.
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