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Critique de Presence


Ce tome correspond à la réédition colorisée de 2011 par Icon (une branche de Marvel comics spécialisée dans les séries dont les créateurs détiennent les droits), d'une série initialement parue en 2006 sous le titre "Luxuria" (c'est à dire la luxure, en latin). Il s'agit du premier tome de la série "Casanova" écrite par Matt Fraction.

Un voleur s'introduit de nuit dans une magnifique demeure pour dérober Ruby Seychelle qui s'avère être une femme et non un joyau. Il s'agit de Casanova Quinn. Lors de sa fuite, une équipe de E.M.P.I.R.E. (une organisation gouvernementale de maintien de l'ordre dirigée par le père de Casanova) l'empêche de kidnapper Ruby, et Buck McShane (le chef de l'équipe) informe Casanova que Zephyr (sa soeur) est décédée. Après une cérémonie d'enterrement houleuse, Casanova se retrouve à utiliser un objet technologique dont il ignore la provenance qui le projette dans une réalité parallèle dans laquelle c'est lui qui est mort et Zephyr est toujours vivante. Il passe donc de la réalité 909 à la réalité 919 et il découvre que Zephyr travaille pour une organisation criminelle dénommée W.A.S.T.E. et dirigé par Newman Xeno, un homme enveloppé dans des bandelettes. Xeno s'arrange pour faire chanter Casanova qui doit accomplir des missions pour son compte, tout en travaillant pour son père. Parmi les missions qu'il doit accomplir : capturer Ruby Seychelle, accomplir l'extraction d'un agent profondément infiltré, récupérer un dispositif miniaturisé de stockage de données caché sur le bouton d'un habit d'un défunt déjà enterré, enlever un homme saint s'apprêtant à sortir d'une séance de méditation de douze années, etc.

Le point de départ évoque celui des aventures de Jerry Cornelius de Michael Moorcock, ou de Les aventures de Luther Arkwright de Bryan Talbot. Matt Fraction s'amuse à mêler l'histoire personnelle de Casanova avec ce qu'elle aurait pu être dans une autre dimension. Très rapidement, il apparaît que Fraction a surtout retenu l'idée que Casanova peut avoir une autre vie et que celle-ci est rendue très compliquée par le fait qu'il est contraint de jouer l'agent double servant 2 factions opposées. Par contre les éléments sociétaux ou politiques des 2 oeuvres précitées n'ont pas été retenus ; il s'agit avant tout d'un récit de divertissement. Lors de la conception de cette série, Fraction l'a envisagée comme une suite de 7 miniséries, chacune tirant son titre de l'un des 7 péchés capitaux. Cette première histoire est donc dédiée à la luxure et effectivement beaucoup de femmes gravitent autour de Casanova qui fait honneur à son prénom. Ce personnage est une sorte de James Bond jeune dont le visage et la silhouette rappellent ceux d'un Mick Jagger à ses débuts. Il reste très détendu en toutes situations, sûr de lui et pourvu d'une bonne humeur à toute épreuve. Fraction prend la peine de le doter d'une personnalité qui dépasse les simples stéréotypes associés à ce genre de personnage. Il adopte une forme narrative qui inclut plusieurs ellipses qui obligent le lecteur à rester attentif car certaines transitions entre séquences sont plutôt abruptes. Les 7 missions reposent sur des gadgets d'espionnage, des scènes d'action originales et des concepts de science fiction. L'enjeu pour Casanova est de trouver comment concilier les intérêts des 2 organisations que tout oppose, sans se faire démasquer.

Pour les illustrations, la série a été conçue sur la base d'une alternance entre 2 dessinateurs le premier tome est dessiné par Gabriel Bá, le deuxième par Fábio Moon (son frère), et ainsi de suite à tour de rôle (il leur arrive également parfois de travailler ensemble comme dans Daytripper ou BPRD 1947, ce dernier en anglais). le style de Gabriel Bá repose sur un mélange d'exagérations et de déformations de dessins animés et d'insertion ponctuelle de détails réalistes. Comme exemple d'exagérations, il est possible de citer le tronc des corps d'hommes qui sont d'un volume et d'une forme qui rappellent une barrique plus ou moins ventrue, assez éloignés des règles de base de l'anatomie. Dans le même registre, la tête du père de Casanova est plus petite qu'une de ses épaules, et les tailles des femmes sont d'une étroitesse impossible. Il est possible également de citer l'apparence de personnages comme Ruby Berzeko (une tête flottante à six yeux) ou de Newman Xeno qui s'apparente à une momie classique. Parmi les détails réalistes figurent les armes à feu, les cravates, le goutte-à-goutte, etc. Au final, ce mélange donne un style dynamique, un peu élastique, avec des gueules inoubliables, agréable à la lecture.

Cette histoire constitue un divertissement agréable, mélangeant harmonieusement un peu de science-fiction, un peu de sexe, un peu d'humour, pas d'espionnage et beaucoup d'action. Par contre ne vous attendez pas à trouver de moments de réflexion. Fábio Moon illustre le deuxième tome "Gula" qui tire sont titre du mot latin signifiant gourmandise.
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