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Critique de Laureneb


J'écoute actuellement une série de podcasts sur Marcel Proust, où l'écriture de celui-ci est comparée à celle d'Anatole France : Proust incarne la rupture avec l'écriture du XIX ème siècle, la modernité ; et plus que cela, il incarne l'écriture française. Toutefois, il n'a lors de la publication de ses premiers romans qu'un petit succès commercial. le grand écrivain du tournant des XIX ème et XX ème siècles, c'est Anatole France - mais il n'est quasiment plus lu aujourd'hui, devenu un classique poussiéreux.
Ce Livre de mon ami respire en effet un parfum de la nostalgie pour un temps qu'on n'a pas connu personnellement, mais sur lequel on a beaucoup lu, la III ème République. Cet "ami" en culotte courte et ses aventures de cour d'école est sûrement inspiré de la propre enfance d'Anatole France. Il porte sur lui un regard ému, mais pas mélancolique, un peu amusé, nostalgique oui. En effet, le chapitre central- dans les pages, mais aussi dans sa thématique, "Les Humanités", présente le Narrateur observant un jour d'automne dans le jardin du Luxembourg le fantôme d'un "petit bonhomme", lui-même avec des années de moins, qui porte son cartable en sautillant vers le collège. le brouillard monte, les feuilles tombent, le "coeur est un peu serré" car c'est la rentrée, mais il est heureux de retrouver ses amis et de leur raconter ses vacances.
Nulle violence domestique comme dans Poil-de-Carotte par exemple, mais des petites scènes de vie domestique avec une mère charmante, un père pince-sans-rire, des bêtises d'enfant, des moqueries sympathiques envers les professeurs en classe, des bagarres de cour de récré. Symboliquement, le texte s'arrête quasiment avec le premier chagrin d'amour, quand l'enfant devient un homme par la découverte du désir et de la souffrance.
Un charme suranné donc, qui nous plonge dans notre propre passé - les découvertes, les joies et les pleurs de l'enfance sont assez universels, et dans le passé de la France.
En revanche, les deux dernières parties m'ont beaucoup moins convaincus : "Suzanne" raconte les premières expériences, le regard porté sur le monde de la fille de l'auteur âgée de quelques mois. C'est plutôt drôle avec le décalage entre les pensées très triviales, pratiques, du bébé, et le discours savant, philosophique et poétique du père. Sauf que, thématiquement, cela ne se rapporte pas avec le reste... Et quant à l'échange théorique sur les contes de fée, il me semble également ne pas être à sa place dans le recueil. Justement, cette théorie sur l'origine des contes de fée et leur importance pour les enfants - " les contes de fée viennent tous de mythes très anciens, venus d'Inde - ne correspond pas dans les écrits précédents dans le recueil sur les aventures de Pierre Nozière. Quant Anatole France écrit que les enfants ont besoin de merveilleux, il raconte des récits du quotidien. Je n'ai donc pas compris ce que faisait là ce texte théorique.
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