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Critique de panurge


AUX PREMIERES LOGES

Les sept années berlinoises d'André François-Poncet projettent une lumière dure sur l'Allemagne en voie de nazification puis nazifiée.

L'agonie de la République de Weimar, l'incendie du Reichstag, le "hold-up" nazi de 1933 sur le Pouvoir et le défilé du 30 janvier annonciateur des Tenèbres, la cruciale année 1934 avec la liquidation de la S.A et l'avènement de l'ordre SS ( "La nuit des Longs Couteaux"l), les "années de pause" 1935 et 1936, la mise au pas de la Reichswer en 1937 et la lente marche à la Guerre pavée des annexions espérées, annoncées et répétées...Tout cela vécu directement...
Le chapitre consacré à Munich 1938 nous fait directement dans la salle de négociation. On assiste tel quel au renoncement. Un moment de honte et de dégoût devant un tel écrasement.

L'aveuglement de la Grande-Bretagne, les impuissances françaises issues de crises parlementaires répétées, de conflits politiques paralysants et d'un pacifisme dénervant rendent la Grande Allemagne, belliciste, prête à tout pour son espace vital et convaincue de la faiblesse méprisable es démocraties parlementaires, incontrôlable.

On note aussi l'erreur catastrophique d'analyse des nationaux- conservateurs regroupés autour des monarchistes donc Hindenburg. La palme de la complicité revient à Franz von Papen pour son rôle de "cheville ouvrière" dans l'accession d'Hitler.

Le début de la persécution antijuive, les liquidations d'opposants abattus ou déportés s'affichent au grand jour sans fard.
En 1932 le meurtre impuni d'un ouvrier par les S.A à Potempa annonce la mort du Droit régissant de façon pacifique les conflits issus de la vie sociale. Cette destruction aboutira au juge Roland Freisler, Fouquier-Tinville à la mode hitlérienne et à ses décisions de mort sans appel.

L'Allemagne se donne donc à un Parti terroriste et policier combinant pratiques de voyous et délire racial. Rien n'était pourtant inscrit, écrit ou gravé à l'avance.

Le portrait d'Hitler pose toujours la même question : comment cela été
possible ?. Il y a un moment où on ne comprend plus. Ian Kershaw l'explique par le pouvoir charismatique, Philippe Burrin par le ressentiment et l'apocalypse qui suintent de l'idéologie nazie , George Mosse par la brutalisation des masses et l'esprit "volkish"André François-Poncet par la volonté de puissance.

Cette figure n'est ni satanique, ni diabolique, ni démoniaque. Elle concentre en elle le principe pur de la bestialité humaine conjugué à un usage très habile de la force. Il incarne la force de la haine séductrice.

Le coût final est de l'ordre de 60 millions de morts, la destruction du continent européen, l'extermination d'un peuple entier massacré de façon obsessionnelle par des moyens pratiques issus d'un vrai savoir faire technique, la mise au pas d'une société régénérée par la Race et la mise à bas de tout ce que l'effort humaniste a tenté de réaliser.

La résurrection de l'Europe d'aujourd'hui relève d'un miracle, la vocation universaliste des USA qui permirent, à travers le Plan Marshall, une "réanimation" historique de l'Europe de l'Ouest tandis que le reste du Continent passait sous la Férule Soviétique. Peut-être aurait-on pu s'éviter cela....

André François-Poncet nous livrait, en 1946,une "Leçon d'Anatomie" politique remarquable, brillante, vive et acérée. Elle vaut toujours
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