Un livre, un jour : émission du 7 juin 2004
Au
café "Le Rostand", à Paris, et à l'occasion des soixante ans du
débarquement en Normandie,
Olivier BARROT reçoit l'historien
Jean Pierre AZÉMA pour la sortie de son ouvrage "6 juin 44", co-écrit avec
Robert PAXTON et
Philippe BURRIN. Est également évoqué "Le jour J" de
René PONTHUS et Jean Marc PAU, livre destiné à la
jeunesse. le sujet est illustré par des
photographies et...
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Les juifs, femmes et enfants compris, étaient censés constituer un danger de nature militaire. L'argument ne mérite pas discussion ; il a néanmoins valeur significative. Même pour des SS, il fallait une justification à l'assassinat de femmes et d'enfants ; celle qui était donnée se référait à la sécurité militaire ; avant le début de la campagne, les responsables nazis auraient été bien en peine de la fournir, persuadés qu'ils étaient d'une victoire facile et rapide.
Des millions d'Européens avaient dû s'expatrier dans le passé ; il [Hitler] ne voyait aucune inhumanité à obliger à présent les juifs à émigrer, et comme voyageurs de deuxième classe.
L’ensemble cohérent de l’idéologie fasciste : le culte du Chef incarnant autocratiquement la direction du destin collectif, la communauté nationale militarisée, hiérarchisée selon les services rendus au parti, confondue sous l’uniforme dans la disponibilité enthousiaste et aveugle à l’obéissance et au sacrifice, avec toutes les valeurs d’un militarisme qui n’a pas d’autre ressort et ne connaît pas d’autres limites que l’exécution joyeuse de la volonté du Chef.
L'effort de destruction systématique de populations entières
dit l'inhumanité foncière du nazisme.
Une myriade d'autres mesures criminelles l'atteste également,
dont aucune n'eut droit de cité sous le régime stalinien
et qui renvoient toutes au fondement raciste de son idéologie :
la stérilisation de masse, effective dans le cas de plusieurs centaines de milliers d'Allemands, et restée à l'état de projet pour les peuples slaves d'Europe orientale ;
l'avortement imposé à des milliers de travailleuses polonaises et russes
déportées en Allemagne pendant la guerre ;
le meurtre des handicapés et des malades mentaux qui fit au moins 70.000 victimes allemandes jusqu'en 1941 et des milliers de victimes dans les territoires polonais et soviétiques occupés ;
enfin, les expériences scientifiques, la plupart mortelles,
conduites dans les camps sur des centaines de détenus.
L'horreur du système stalinien n'en est pas diminué,
et il est un fait que le communisme a causé la mort de dizaines de millions de personnes à travers le monde, de l'URSS à la Chine en passant par le Cambodge.
Mais pour le meurtre de masse, le nazisme n'a assurément rien à lui remontrer, et,
pour le déni d'humanité, il demeure hors catégorie.
Les Lumières avaient également des côtés moins lumineux. Dans certains secteurs (pensons à Voltaire) la judéophobie trouva une nouvelle vigueur. Utilisée pour combattre le christianisme, elle s'enrichit de nouveaux motifs.
L'horreur du système stalinien n'en est pas diminué,
et il est un fait que le communisme a causé la mort de dizaines de millions de personnes à travers le monde, de l'URSS à la Chine en passant par le Cambodge.
Mais pour le meurtre de masse, le nazisme n'a assurément rien à lui remontrer, et,
pour le déni d'humanité, il demeure hors catégorie.
Ces trois itinéraires, on l'a vu, ne furent pas hors de toute série, ils participèrent de l'évolution d'une partie de la gauche française des années 30.
Ainsi s'éclaire le paradoxe : populaire et plébiscitaire, le fascisme s'installait sur le terrain de son ennemi démocratique pour mettre en scène un peuple renonçant solennellement à son pouvoir d'institution parce que tel était le seul moyen de créer une société qui anéantirait la démocratie en rendant l'idée même d'une altérité sociale proprement impensable. (p.71)
Hitler ne trébuchera pas dans l'extermination par accident ; il n'opta pas non plus pour elle en désespoir de cause, parce que les autres solutions avaient échoué. Mais il n'extermina pas davantage les Juifs pour accomplir un programme qu'il s'était juré de réaliser dans tout les cas.