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Il y a plusieurs bonnes raisons de lire ce livre.
Les mémoires de l'ambassadeur de France à Berlin (1931-1938) retracent avec avec justesse et clairvoyance la montée du nazisme pendant les deux dernières années de la république de Weimar, l'accession de Hitler au pouvoir et les relations diplomatiques entre la France, l'Angleterre et l'Allemagne dans ces années qui vont sceller le sort de l'Europe et du monde. L'auteur montre dès 1946 que le régime nazi ne repose pas sur la seule autorité du Führer et du Parti et que Hitler doit composer avec la Reichswehr (l'armée) qui a joué un rôle important dans l'élimination des SA en 1934. André-François Poncet consacre un long développement à la conférence de Munich (29 septembre 1938) à l'issue de laquelle Anglais et Français ont lâché la Tchécoslovaquie. Ici, l'ancien ambassadeur français reprend ses droits sur l'historien en imputant la majeure responsabilité de la politique d'apaisement à l'allié britannique !
Il minimise le rôle de Munich dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, refuse d'y voir un échec total, avançant que Français et Britanniques escomptaient un délai supplémentaire pour se préparer à une guerre qu'ils pensaient déjà inévitable. La suite a montré que l'armée française n'aura pas su profiter de ce répit...
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C'est en 1931 que Francois-Poncet prend son poste à l'ambassade en Allemagne . A l'époque, Laval est dirigeant du Conseil, et de l'autre coté du Rhin, Hitler,après avoir joué les bellicistes putschistes au cours de la décennie précédente, commence son ascension électorale.
L'ambassadeur va assister alors à l'agonie de la République de Weimar, coincée entre les jeux politiciens de pouvoir et la montée irrésistible des nazis dans les suffrages. Il chronique les calculs politiques (par désir de revanche pour von Papen)fatals qui vont amener Hitler à la Chancellerie. il met les mots sur cette rapidité avec laquelle les nazis vont renverser la table et faire fi des possibles opposants et contre pouvoirs qui auraient pu limiter l'action de leur chancelier.
Poncet offre un vaste panorama du 3eme Reich, de son idéologie, sa diplomatie, ses événements majeurs (la nuit des longs couteaux) . Des portraits fournis de Goebbels et Goering agrémentent ce récit . L'ambassadeur a une plume et sait dépeindre ces tristement célèbres personnages dans leur multiples facettes. Hitler n'est évidemment pas négligé. Poncet ne cache pas son aversion pour l'apparence vulgaire du personnage mais souligne aussi l'aspect lunatique du personnage, au regard vide ou blême à certains moments, et enflammé dans son éloquence à d'autres,et surtout son aptitude à saisir toute les opportunités sur le front diplomatique pour avancer ses pions.
Le livre se clôture sur les accords de Munich,ultime moment fort de la période en Allemagne de Poncet qui ensuite, demanda à être muté en Italie, persuadé de pouvoir à travers le Duce, avoir un intermédiaire pouvant influencer le Führer. L'ambassadeur ne se montre pas critique outre mesure sur la période diplomatique de septembre 38, lucide sur le lest lâché face au 3eme Reich, mais estimant que la France ayant pris du retard niveau armement sur son voisin n'avait pas d'autre option à l'époque.
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François-Poncet a été un fin observateur de la montée du nazisme, aux premières loges en tant qu'ambassadeur de France à Berlin. Cet ouvrage est une mine d'informations et de détails passionnants de la part d'un esprit fin qui sut voir avant d'autres l'abîme vers où le monde se précipitait.
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AUX PREMIERES LOGES

Les sept années berlinoises d'André François-Poncet projettent une lumière dure sur l'Allemagne en voie de nazification puis nazifiée.

L'agonie de la République de Weimar, l'incendie du Reichstag, le "hold-up" nazi de 1933 sur le Pouvoir et le défilé du 30 janvier annonciateur des Tenèbres, la cruciale année 1934 avec la liquidation de la S.A et l'avènement de l'ordre SS ( "La nuit des Longs Couteaux"l), les "années de pause" 1935 et 1936, la mise au pas de la Reichswer en 1937 et la lente marche à la Guerre pavée des annexions espérées, annoncées et répétées...Tout cela vécu directement...
Le chapitre consacré à Munich 1938 nous fait directement dans la salle de négociation. On assiste tel quel au renoncement. Un moment de honte et de dégoût devant un tel écrasement.

L'aveuglement de la Grande-Bretagne, les impuissances françaises issues de crises parlementaires répétées, de conflits politiques paralysants et d'un pacifisme dénervant rendent la Grande Allemagne, belliciste, prête à tout pour son espace vital et convaincue de la faiblesse méprisable es démocraties parlementaires, incontrôlable.

On note aussi l'erreur catastrophique d'analyse des nationaux- conservateurs regroupés autour des monarchistes donc Hindenburg. La palme de la complicité revient à Franz von Papen pour son rôle de "cheville ouvrière" dans l'accession d'Hitler.

Le début de la persécution antijuive, les liquidations d'opposants abattus ou déportés s'affichent au grand jour sans fard.
En 1932 le meurtre impuni d'un ouvrier par les S.A à Potempa annonce la mort du Droit régissant de façon pacifique les conflits issus de la vie sociale. Cette destruction aboutira au juge Roland Freisler, Fouquier-Tinville à la mode hitlérienne et à ses décisions de mort sans appel.

L'Allemagne se donne donc à un Parti terroriste et policier combinant pratiques de voyous et délire racial. Rien n'était pourtant inscrit, écrit ou gravé à l'avance.

Le portrait d'Hitler pose toujours la même question : comment cela été
possible ?. Il y a un moment où on ne comprend plus. Ian Kershaw l'explique par le pouvoir charismatique, Philippe Burrin par le ressentiment et l'apocalypse qui suintent de l'idéologie nazie , George Mosse par la brutalisation des masses et l'esprit "volkish"André François-Poncet par la volonté de puissance.

Cette figure n'est ni satanique, ni diabolique, ni démoniaque. Elle concentre en elle le principe pur de la bestialité humaine conjugué à un usage très habile de la force. Il incarne la force de la haine séductrice.

Le coût final est de l'ordre de 60 millions de morts, la destruction du continent européen, l'extermination d'un peuple entier massacré de façon obsessionnelle par des moyens pratiques issus d'un vrai savoir faire technique, la mise au pas d'une société régénérée par la Race et la mise à bas de tout ce que l'effort humaniste a tenté de réaliser.

La résurrection de l'Europe d'aujourd'hui relève d'un miracle, la vocation universaliste des USA qui permirent, à travers le Plan Marshall, une "réanimation" historique de l'Europe de l'Ouest tandis que le reste du Continent passait sous la Férule Soviétique. Peut-être aurait-on pu s'éviter cela....

André François-Poncet nous livrait, en 1946,une "Leçon d'Anatomie" politique remarquable, brillante, vive et acérée. Elle vaut toujours
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Il a tout compris. Au première loge, il a observé l'ascension d'Hitler. Il a parfaitement diagnostiqué la médiocrité et la vulgarité du personnage. Tout était dans les mémos qu'il adressait au Quai d'Orsay. Sa clairvoyance a été exemplaire. On en a pas tenu compte, le pouvoir faisant tout pour retarder un inévitable conflit. le déshonneur et la guerre.
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Publiés pour la première fois en 1946, les souvenirs de cet ambassadeur qui fut de 1931 à 1938 aux premières loges pour assister à l'éclosion du IIIe Reich constituent un témoignage essentiel sur cette période obscure. Présenté et annoté par Jean-Paul Bled, l'un des meilleurs spécialistes français de l'histoire de l'Allemagne, cet ouvrage est un document exceptionnel pour comprendre l'histoire de cette période et l'avènement de la doctrine Hitlérienne.
Virginie, toquée du doc
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Passionnant. L'auteur nous aide à comprendre la situation qui a permis l'avènement du nazisme en Allemagne. Son style est brillant. Ses portraits des dignitaires du régime souvent caustiques. Son ironie est toujours bienvenue. Enfin, le récit de ses conversations avec Hitler nous laisse entrevoir la folie de ce personnage.
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