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Critique de larmordbm


Comment une famille dont le père est pasteur, se débrouille avec Dieu, son existence, sa présence, chacun en son for intérieur, avec sa conscience, sa psychologie et ses relations avec les autres.
L'histoire se passe dans les années 70, pendant la guerre du Vietnam, dans une banlieue aisée de Chicago. le père, Russ, est en conflit ouvert avec un jeune pasteur qui lui a ravi sa place à la tête d'une association de jeunes créée par ses soins. Il est, par ailleurs, très attirée par une jeune veuve qui s'implique dans les activités de la paroisse. Marion, son épouse est une mère au foyer s'occupant des quatre enfants, dont trois d'entre eux sont adolescents ou presque adultes. Insatisfaite, elle sent son mari s'éloigner, n'a pas confiance en elle, ayant consacré sa vie aux autres.
Pendant sept cent pages, nous allons suivre, dans une construction fort habile, les pérégrinations et partager les états d'âmes respectifs des membres de cette tribu, dont les fondations, malgré les apparences, paraissent bien fragiles. Nous découvrons progressivement, sans que rien ne nous soit donné à l'avance, l'histoire familiale de chacun des parents, assez tragique en ce qui concerne Marion et expliquant le mal-être longtemps caché sous ses kilos superflus, profondément religieuse pour Russ élevé dans une communauté mennonite peu ouverte ur le monde.
Dans une période marquée par la contestation, la montée du féminisme, l'apparition des drogues, l'équilibre précaire des Hildebrandt vacille. Ils traversent individuellement une crise, et s'éloignent les uns des autres, malgré les tentatives de rapprochement, crise conjugale, professionnelle, pour les parents, crise d'adolescence ou plus métaphysique pour les plus jeunes. Ils se questionnent et livrent souvent leur interrogation et leur culpabilité à Dieu, lui demandant de les aider à trouver un équilibre entre leur quête narcissique et leur besoin d'ouverture aux autres.
Chronique au scalpel des Etats-Unis de la fin du flower power, Crossroads, sous des dehors de comédie, nous livre une belle réflexion sur les ressorts et les enjeux d'une famille, sur les ambiguïtés et les ambivalences des relations que les protagonistes, en proie au doute, entretiennent.
Si le personnage du père ne s'en sort pas très bien, falot et égocentrique, qui passe à côté des siens, uniquement préoccupé par son conflit avec son collègue et par la conquête de la jeune paroissienne, celui de Marion, en revanche est magnifique. Malgré son surpoids, son passé douloureux, ses sacrifices, elle irradie et maintient à bout de bras l'équilibre précaire de l'édifice.
Ajoutons le fil rouge de la maladie psychiatrique qui fait son apparition au fil des générations et que l'auteur sait parfaitement décrire.
Un roman dense, intense, qui conjugue, comme savent le faire si bien les romanciers américains, la sociologie d'un pays et les destinées individuelles.

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