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Critique de Marti94


Très belle découverte d'un auteur que j'ai envie de qualifiée de féministe. Léon Frapié est un réaliste qui décrit parfaitement la situation professionnelle des femmes à la fin du 19ème siècle dans une école maternelle.
"La maternelle", qui a obtenu le prix Goncourt en 1904, est présenté comme un journal, un récit de l'année scolaire d'une femme de service. Il utilise les souvenirs de son épouse Léonie Mouillefert pour raconter à la première personne du singulier l'expérience de déclassement de Rose une jeune femme de vingt-trois ans. Parce qu'il s'agit d'abord de cela, de l'immersion involontaire dans un milieu social qui n'est pas le sien.
La jeune femme est diplômée, issue d'un milieu bourgeois et fiancée mais à la mort accidentelle de ses parents, elle se retrouve seule sans dot et doit trouver un travail pour subvenir à ses besoins. Elle trouve donc un emploi dans le quartier pauvre des plâtriers à Ménilmontant où elle doit s'occuper du ménage, de l'hygiène des petits et toutes tâches subalternes avec sa collègue Mme Paulin.
Elle se familiarise avec l'école et son observation "d'abord superficielle et chercheuse d'ensemble s'habilite aux individus". Car si elle s'interroge sur le rôle de l'école pour aider ces enfants à sortir de la pauvreté, elle s'attache à eux et connait les deux cent petits des trois classes, la grande classe de la normalienne, la classe des moyens de Mme Galant et la classe des tout-petits de Mademoiselle, la directrice.
Il n'y aura pas sur la photo de fin d'année les enfants miséreux morts de leurs conditions ou d'avoir été trop souvent battus mais resterons Adam, Bonvalot, Berthe ou encore Irma Guépin à qui Rose met des rubans dans les cheveux. Elle les aime ces petits qui s'accrochent à ses jupons et ne veut plus les quitter.
Ce qui est intéressant ce sont ses réflexions sur la pédagogie de l'époque et l'importance de la centrer sur l'intérêt des enfants. Sur ce point, elle semble être d'accord avec le timide délégué cantonal Monsieur Libois qui la regarde souvent.
J'ai trouvé les idées, les inquiétudes et interrogations de Rose très modernes (la relation avec les parents par exemple). D'ailleurs, ce livre m'a fait penser à celui de Florence Aubenas "Le quai de Ouistreham" où l'autrice devient témoin du dévouement de certaines personnes malgré des conditions de travail difficiles en se plongeant dans un milieu professionnel qui n'est pas le sien.


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