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Quelle claque!
Récompensé par le Prix Goncourt 1904 ce roman de Léon Frapié s'inscrit dans la veine naturaliste de Zola mais en diffère profondément par sa critique acerbe du monde de l'enseignement et de ses valeurs qu'il qualifie de résignation, obéissance et servilité...
Rose est une jeune fille de bonne famille instruite et diplômée, une rareté pour les femmes de l'époque, que la mort de son père a laissée sans ressources, dont le fiancé a disparu faute de dot . Recueillie par un oncle grincheux et misogyne elle préfère accepter un poste de femme de service dans une école pour gagner de quoi survivre!
Après de nombreuses recherches elle atterrit dans une maternelle rue des Plâtriers à Montmartre, commune rattachée depuis peu à Paris ... le monde qui s'offre à elle est celui d'une misère noire .
Inspiré par les souvenirs d'enseignante de son épouse Léon Frapié brosse un portrait vivant et réaliste de ce petit peuple. Une page d'histoire à découvrir
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Parmi les premiers Goncourt il y en a peu qui sortent du lot et qui restent lisibles de nos jours. Celui-ci en fait partie. L'écriture est assez datée dans ses tournures, mais en même temps il y a quelque chose de très moderne dans la forme : le roman se présente comme le journal que tient une jeune femme employée comme femme de ménage et Atsem dans une école maternelle à Ménilmontant. du coup l'écriture est assez, nature, directe et pleine des expressions d'époque des enfants du quartier et de leurs parents (assez proche du langage des Pieds-Nickelés). C'est très sombre, un univers proche de Zola. L'éducation nationale est l'objet d'une critique acerbe, que ne tempère que l'idée que cette charge vient un peu de l'intérieur, puisque la source de documentation de l'auteur n'est autre que sa femme, institutrice. L'histoire dure le temps d'une année scolaire. Rose, bardée de diplômes mais devenue pauvre ne trouve que cet emploi (elle n'a pas le brevet qui lui aurait permis de viser un poste d'institutrice). Elle doit faire des efforts pour cacher son origine sociale ce qui l'amène à se montrer très observatrice. Dans cette maternelle, il y a trois classes. La classe des petits a tout des salles d'asile du XIXème siècle. Dans la classe des plus grands le contenu de l'enseignement passe largement au-dessus des têtes des enfants. « Une mère est une grande étendue d'eau salée » devient « Ma grand-mère est étendue dans l'eau salée » et « Les Normands ont pillé la vallée de la Garonne » se mue en « Les Normands ont pigé et avalé la Garonne » Au fil de l'année Rose mesure à quel point cet enseignement est inadapté, en particulier avec ses préceptes de morale : ordre, propreté, obéissance et respect des parents. Alors qu'ils vivent dans des taudis surpeuplés, parfois sans vêtements adaptés, parfois sans eau, battus par leurs parents, .... le décalage est incommensurable : leurs vies, c'est vraiment du Zola, c'est à cracher le sang. Rose sent que l'enseignement, en plus d'être à côté de la plaque parce que pas du tout centré sur les élèves (mais comment pourrait-il l'être avec plus de 60 enfants par classe!) ne fait que maintenir les miséreux dans leur misère en les incitant à prendre toujours modèle sur leurs parents, leur transmettant des valeurs de résignation, d'obéissance et de servilité. Un autre thème non moins important traverse le roman en filigrane, c'est celui du statut des femmes à cette époque, toujours dépendantes de leur situation familiale, selon le cas dotée et mariée ou ouvrière, entre pauvreté et prostitution.
Je suis enchantée d'avoir fait la découverte de cet auteur oublié malgré un Goncourt bien mérité.
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N'eut été le challenge de A TOUT PRIX, je n'aurais certainement pas lu ce livre, La Maternelle, le titre est vraiment repoussant...mais quelle merveille une fois qu'on ait entamé la première page, d'entre de jeu, on voit une Marie Antoinette, à qui on demande de se faire passer pour une marchande ambulance, quel exercice énorme. Il est facile de grimper un échelon mais descendre d'échelon, c'est de la mer à boire. En effet, Rosa, la narratrice, après la mort de son père, se voit contrainte de foutre ses diplômes de Baccalauréat et de licence en lettres au fond de sa malle afin se faire embaucher comme femme de service dans une école de la maternelle, à défaut de ne pouvoir devenir institutrice parce qu'elle n'a pas de certificat. C'est une nouvelle école qui commence pour Rose, c'est comme si elle aussi, comme les mômes de la maternelle, repartait à l'école maternelle de la vie. C'est cet univers des mômes, dans lequel Rose va se faire plus petite, que nous découvrons dans un récit captivant...
Une belle découverte!!!
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Retour à la maternelle avec ce Goncourt 1904. Notre héroïne se destinait à être au moins institutrice, mais faute de places et surtout de relations, elle est embauchée comme aide ménagère dans une école maternelle. Dans un premier temps, l'histoire est gentillette, moyennement intéressante sauf si vous avez un faible pour les tout-petits ; quelques réflexions intéressantes sur le fonctionnement éducatif. La seconde partie est bien meilleure, quand enfin notre héroïne sort de sa léthargie ambiante. Roman qui a certainement servi à critiquer les "normaliennes", ces institutrices qu'on abreuvait de savoir, mais pas de savoir-faire. Elles avaient les connaissances mais ne savaient pas gérer l'humain - à croire que la question redevient contemporaine. Qui aussi, a pour objectif de dire que l'éducation scolaire est un croupissement des plus pauvres et l'apprentissage de l'obéissance dès le plus jeune age. Une vraie photographie réussie des bas quartiers. Seul vrai intérêt : un vocabulaire varié d'une époque où l'on savait écrire. D'où peut-être le Prix littéraire.
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La Maternelle

Prix Goncourt 1904, ce petit roman décrit la vie d'une jeune fille de bonne famille, mais réduite par les circonstances à exercer une profession, dans les locaux d'une école maternelle parisienne en qualité de ce que nous appellerions aujourd'hui ... ma foi, je ne sais pas trop mais disons, pour que tout le monde comprenne, femme de service. A elle de faire le ménage, d'allumer les poêles, de veiller à ce que les petits, voire les tout petits, livrés à eux-mêmes dès que leur mère a tourné les talons - enfin, quand leur mère se déplace pour les mener à l'école, bien sûr - soient propres et ne fassent pas trop de bêtises, à ce qu'ils ne se retrouvent pas, non plus, en but aux méchancetés et aux abus des plus âges, voire à ce qu'on n'appelait pas encore le racket pur et simple.

Frapié est certainement allé sur place pour étudier la question. Il décrit des scènes bourrées de détails authentiques, dans la ligne stricte de ce qu'on appelait à l'époque la littérature populiste sans que cet adjectif revêtît cette connotation péjorative que certains pseudo-intellos de notre époque, si sinistre sur tant de plans, ont cru bon de lui associer . Entremêlant à tout cela, pour les bienfaits de la vente, une romance entre la femme de service (qui est jeune et jolie, bien entendu ) et un inspecteur scolaire (qui est jeune, élégant et ne manque pas de déceler immédiatement en elle une nature d'élite ), Frapié nous décrit une école qui, sous l'énorme et bienveillant parapluie de la IIIème République, s'acharne à vouloir faire de ses citoyens les plus jeunes et les moins intéressés par la chose "de bons Français."

Le rêve des Hussards Noirs mais replacé dans le contexte parisien, avec des élèves qui sont encore des "titis" et qui, malgré leur jeune âge, manifestent tous plus ou moins une personnalité appelée à évoluer en bien pour certains, en pire pour les autres - quand ce n'est pas pour s'achever dans la Seine comme nous le montre le désolant final.

Est-ce un grand roman et méritait-il le Prix Goncourt ? Ma foi, pas plus que certaines publications bien plus modernes mais tout autant, sinon plus dans certains cas - non, je ne dénoncerai personne, inutile d'insister . C'est en tous cas un roman simple, sans prétention, un tantinet moralisateur mais "à la laïque", quand ce mot avait encore tout son sens et quand les gouvernants français croyaient, dur comme fer, à cette laïcité. Un excellent exemple de la vertu éducative, sur le plan social et bien sûr (je n'aurai garde d'oublier ici de saluer M. Valls, Mme Belkacem & C° ), sur les effets hautement bénéfiques qu'elle peut avoir concernant la grave question du "vivre-ensemble", de l'école laïque et républicaine, bien comprise et menée d'une main d'acier dans un gant de velours afin de former UNE nation et non une société COMMUNAUTARISTE - synonyme parfait de ce que tant de gens ont nommé et nomment encore, sans comprendre que ses disparités trop grandes le vouent à l'échec, le multiculturalisme .

Un petit roman, je le répète. Mais qu'on découvre non sans attendrissement et qui, au-delà du contexte, nous incite à réfléchir et à croire aux vertus de l'évolution et non à celles, que nous tonitruent chaque jour les medias, de la régression la plus écoeurante. Un roman aussi qui prouve, s'il en était encore besoin, que l'école, ce peut être bien plus que les programmes honteusement traficotés par les Trissotin de l'Education nationale actuelle et qu'elle a une place primordiale dans le façonnement du citoyen responsable, sous réserve cependant que les gouvernants se réveillent et passent enfin aux actes. ;o)
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Je n'ai longtemps connu de ce livre, que son titre . Je me leurrais donc sur son contenu, avant que je n'en entame la lecture!
Quelle beigne!
Le titre ne révèle pas la noirceur de cette description d'une école enfantine des quartiers pauvres de Paris, au début du vingtième siècle.
L' écriture est moderne, directe, et le propos ne s' embarasse pas d'enjolivures ni d'eau de rose (sans jeu de mot)
Un prix Goncourt amplement mérité, pour un livre somme toute assez méconnu.
A lire, pour ceux qui ne l'ont pas lu.
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Très belle découverte d'un auteur que j'ai envie de qualifiée de féministe. Léon Frapié est un réaliste qui décrit parfaitement la situation professionnelle des femmes à la fin du 19ème siècle dans une école maternelle.
"La maternelle", qui a obtenu le prix Goncourt en 1904, est présenté comme un journal, un récit de l'année scolaire d'une femme de service. Il utilise les souvenirs de son épouse Léonie Mouillefert pour raconter à la première personne du singulier l'expérience de déclassement de Rose une jeune femme de vingt-trois ans. Parce qu'il s'agit d'abord de cela, de l'immersion involontaire dans un milieu social qui n'est pas le sien.
La jeune femme est diplômée, issue d'un milieu bourgeois et fiancée mais à la mort accidentelle de ses parents, elle se retrouve seule sans dot et doit trouver un travail pour subvenir à ses besoins. Elle trouve donc un emploi dans le quartier pauvre des plâtriers à Ménilmontant où elle doit s'occuper du ménage, de l'hygiène des petits et toutes tâches subalternes avec sa collègue Mme Paulin.
Elle se familiarise avec l'école et son observation "d'abord superficielle et chercheuse d'ensemble s'habilite aux individus". Car si elle s'interroge sur le rôle de l'école pour aider ces enfants à sortir de la pauvreté, elle s'attache à eux et connait les deux cent petits des trois classes, la grande classe de la normalienne, la classe des moyens de Mme Galant et la classe des tout-petits de Mademoiselle, la directrice.
Il n'y aura pas sur la photo de fin d'année les enfants miséreux morts de leurs conditions ou d'avoir été trop souvent battus mais resterons Adam, Bonvalot, Berthe ou encore Irma Guépin à qui Rose met des rubans dans les cheveux. Elle les aime ces petits qui s'accrochent à ses jupons et ne veut plus les quitter.
Ce qui est intéressant ce sont ses réflexions sur la pédagogie de l'époque et l'importance de la centrer sur l'intérêt des enfants. Sur ce point, elle semble être d'accord avec le timide délégué cantonal Monsieur Libois qui la regarde souvent.
J'ai trouvé les idées, les inquiétudes et interrogations de Rose très modernes (la relation avec les parents par exemple). D'ailleurs, ce livre m'a fait penser à celui de Florence Aubenas "Le quai de Ouistreham" où l'autrice devient témoin du dévouement de certaines personnes malgré des conditions de travail difficiles en se plongeant dans un milieu professionnel qui n'est pas le sien.


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Ce livre est un plaidoyer pour une école maternelle juste. L'enseignement dispensé dans cette école du miséreux 20ème arrondissement n'est pas adapté. Des enseignantes essaient d'inculquer des préceptes de morale, d'ordre, de propreté, d'obéissance, de respect des parents alors que les enfants s'endorment assomés par l'absinthe plus efficace et moins onéreuse que le lait, que leurs parents les battent régulièrement, qu'ils vivent dans des taudis surpeuplés. Léon Frapié a écrit ce livre à partir des notes de son épouse. Ce livre est une plongée dans le monde scolaire de 1900. Très intéressant, se lit d'une traite. Goncourt 1904.
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Au début du 20ème siècle, avant la Grande Guerre, à Paris, une jeune fille ruinée se débat contre la misère en devenant femme de service dans une maternelle d'un quartier misérable (on dirait aujourd'hui: défavorisé, ou on dirait juste: un quartier…)Cet ouvrage, écrit par un homme du sérail (Instruction publique), est surprenant à plus d'un titre. D'abord, sa modernité (nous sommes tout de même au début des années 1900!) car il traite de la misère ordinaire à Ménilmontant, la faim, l'alcoolisme, la maltraitance telle qu'elle peut être occultée pour ne pas dire ignorée par le personnage idéal de "la Maîtresse". Cette dernière, sûrement bonne pédagogue, semble négliger le fait qu'elle donne des cours de morale sur l'hygiène et la propreté à des enfants sans mère et qui ne mangent qu'un jour sur deux… le décalage entre les idéaux de l'Ecole IIIème république et la misère ambiante n'est pas sans rappeler certaines impasses contemporaines.
Surprenante aussi la sensibilité féminine manifestée par cet inspecteur de l'instruction publique décrivant les affres et les espoirs de Rose , la demoiselle de bonne famille qui a eu des malheurs. Ne serait-ce l'espèce de fatuité bien masculine de la fin elliptique et romantique,( Rose est sauvée parce qu'un homme a été séduit par sa personne) on pourrait se demander si ce n'est pas une main féminine et féministe qui a guidé la plume de Léon Frapié. Un peu à l'eau de rose (c'est le cas de le dire), ce roman est à la fois sympathique et touchant et parfois il prend une ampleur de dénonciation . Il souligne la position des femmes de l'époque, complêtement dépendantes de leur situation familiale (fille fortunée, dotée, mariée, ou ouvrière se débattant dans la pauvreté ou la prostitution),éternelles mineures dont la problématique est très comparable à celle des enfants auxquels Rose va, de par sa sensibilité personnelle et sa propre condition, complêtement s'identifier, au point de s'excuser de les trahir lorsqu'elle répond aux avances de son beau médecin- inspecteur. Une fin en partie heureuse qui satisfait les esprits fleur bleue, mais pas les féministes qui préfèrent peut-être la sèche "Mademoiselle", les études à l'Ecole Normale constituant une relative émancipation pour les femmes de l'époque. Au détriment, souvent, de leur vie affective et familiale.
Or je trouve le personnage central bien plus consistant que la bluette romanesque le laissait craindre au départ. Une sorte de Claudine qui ne serait pas égocentrique, qui aurait lu Vallès et écouté les discours deJaurès.En témoigne le discours de la mère Gras, qui clôt le livre,chef d'oeuvre d'éloquence populaire (et non populiste) et dont les accents sont proches du Forgeron de Rimbaud.Un livre à plusieurs entrées, donc, avec une authenticité et un désir de donner la parole aux faibles et aux oubliés, sans se contenter de les "victimiser"en quelque sorte.L'évocation du sort des enfants entraînés dans le désespoir de leur mère est dans sa pudeur une illustration de l'injustice sociale.Rappel d'une époque antérieure à la mise en place d'un maillage d'aides sociales et de filets de sauvetage pour l'enfance.

Les personnes (ATSEM , AVS) qui gravitent aujourd'hui dans cet univers de l'école, trouveront peut-être dans cette pépite littéraire à peine surannée des éléments de leur expérience vécue.
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Paris, au début du XIX-ième siècle.
Ayant perdu ses parents, à vingt-trois ans à peine, Rose se trouve à devoir trouver un travail pour subvenir.
Elle se fait engager comme fille de salle dans l'Ecole maternelle de Ménilmontant, quartier de Paris très pauvre en ces temps là.
Dans ce roman, elle nous raconte tous les soir ce qui s'est passé durant sa journée.
On en apprend sur la grande misère de cette époque, les enfants pauvres, mal vêtus, mal élevés, affamés, souvent issus de familles nombreuses, de parents alcooliques, belliqueux.
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