Toulouse-Lautrec : Les lumières de la nuit

Au début des années 90, l'estampe originale, aussi, contrairement à la gravure de reproduction mise à mal par la concurrence de la photographie, devient une forme d'art qui intéresse de plus en plus les amateurs cultivés et avertis.

il s'agit de la première affiche moderne, véritable oeuvre d'art que les collectionneurs, très vite, recherchent, allant les faire jusqu'à décoller des murs où elles sont apposées.

Devenu célèbre à partir des années 1890, en pleine possession de son art, Toulouse Lautrec exécute ses plus belles peintures et ses plus célèbres affiches. il se lance dans la lithographie dont il devient l'un des plus brillants créateurs.

les femmes auront toujours beaucoup comptée dans sa vie et son oeuvre. Elle sont tantôt la muse, l'égérie, parfois la maitresse, mais avant tout ses modèles. il en dépeint le caractère en une économie de moyens, en quelques traits qui témoignent d'un grand sens psychologique doublé d'une haute virtuosité technique.

Forain porte un regard pénétrant sur las bas fond de la société. il est l'un de ceux qui pousse Henri vers le dessin humoristique, ce genre au travers duquel Daumier, déjà, a montré comment la satire peut sublimer tout ce qui est grotesque et tragique dans une comédie humaine.

La découverte de Montmartre transforme Toulouse-Lautrec. désormais, il consacrera tout son talent à la peinture de ce microcosme si particulier, dont les lieux de prédilection sont le Moulin Rouge, le Moulin de la Galette et autres Mirliton, mélange de canaillerie et d'aristocratie. il en devient à la fois l'un des acteurs et l'un des principaux témoins.

cette humilité ou lucidité désabusée est la caractéristique essentielle de la démarche de Lautrec qui, à l'inverse de Picasso, ne cherche pas s'inscrire dans une perspective historique, mais plus simplement à représenter "au premier degré" la réalité telle qu'il l'appréhende.

déjà Lautrec se montre tel qu'il est: capable de prendre le meilleur de la tradition picturale, mais en l'assortissant d'un humour ravageur qui accroit la distanciation entre l'original et son "adaptation".

Entre les matins passés à l'atelier Cormont, et les après midi où il court les salons et les expositions, il appréhende peu à peu le fossé qui sépare l'art officiel, celui de Bonnat, Cormont, Laurens et Carolus-Duran, de l'art en mouvement tel que les impressionnistes, déjà, le revendiquent et le pratiquent.

les années 1882-1885 correspondent donc à la maturation du style et à la découverte des techniques picturales d'avant garde vers lesquelles il se tourne délibérément.