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Critique de Wyoming


René Frégni a obtenu le prix des lecteurs du Var en 2022 pour ce livre qui le mérite vraiment. Il en était tout étonné lui-même, le jour même de l'attribution, nous avions eu l'occasion d'en parler ensemble à la fête du livre de Toulon en novembre.

Et c'est encore un livre que j'ai souhaité attendre pour le savourer ces jours-ci quand la Provence a déjà pris les couleurs de l'été et attend elle aussi les premiers crissements des cigales qui ne vont pas tarder.

Cette attente est très largement récompensée tellement cette lecture est belle. René y raconte essentiellement ses jeunes années, sa découverte de la lecture, avec Balzac, puis tant d'autres qui suivirent au fil des journées de prison militaire dont il écopait car n'acceptant aucune forme d'autorité. Il cite ainsi de nombreux auteurs classiques pour arriver à Giono, le plus grand en Provence dont il respecta l'intimité manosquine, s'approchant simplement des abords de sa maison sans oser tenter la rencontre avec celui dont il avait suivi le hussard sur les tuiles brûlées de la cité.

Les déboires militaires de René l'amènent à fuir Verdun dont il ne pouvait supporter les frimas, mais c'était surtout son immense désir de liberté qui le poussa vers le sud, particulièrement vers la Corse où il égrène ses journées dans la haute ville de Bastia. Là, entre lecture et admiration de beautés de la nature, il chemine dans le ciel à "l'âge du hasard" qui l'y a conduit et livre à ses lecteurs peut-être les plus belles pages de son livre.

Jeunesse, insouciance, amour croqué avidement, tendresse pour sa mère éloignée par cette fuite, René explore tous les sentiments mêlés de la jeunesse en continuant de dévorer les livres. Nous avons tous des lectures partagées avec lui et nous pouvons frémir avec lui lorsqu'il livre ses découvertes, son attirance pour Hemingway, Sartre, Vian, Camus, Céline, tous ces grands écrivains dont les idées, contestables ou admirables, ont été exprimées avec un talent qui génère le même enthousiasme que celui ressenti par René Frégni.

Il évoque bien sûr aussi Marseille, Manosque, Valensole, tous ces villages de la haute Provence, il se réjouit d'avoir eu la chance de naître dans cette terre exceptionnelle et, lorsqu'on la connaît, on partage à cent pour cent son ressenti.

Dans la dernière partie, adulte, il raconte ses premiers pas dans l'écriture et, surtout ses tentatives malheureuses pour être publié. Il m'avait d'ailleurs confié ces difficultés le jour de l'attribution de son prix.

René aime les gens, les prisonniers auprès desquels il a animé un club de lecture aux Baumettes, les "fous" qu'il a soignés quand il était infirmier, leur faisant aussi la lecture qui apaisait leurs tourments, les infirmières qui dévoilaient pour lui leurs poitrines pleines de générosité, le peuple des bars, des cinémas, des placettes, celui rencontré sur les chemins, noirs ou éblouissants de la lumière de la Provence.

A minuit, on ne lâche pas cette ville des songes et on avance jusqu'au matin pour atteindre les ultimes pages, synthèses d'une vie mêlant liberté, lecture, poésie, écriture et on n'a même plus besoin de sommeil pour vivre le jour qui vient.


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