AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de KrisPy


Merci à l'opération Masses Critques de Babelio, et aux Enrick B. Editions pour l'envoi du livre : Si fraîches : les nouvelles femmes âgées du XXIème siècle. D'Anna Freixas Farré.
J'ai coché ce livre lors du dernier M.C. auquel j'ai participé, car je suis arrivée à l'âge respectable du demi siècle, et un essai-témoignage sur les femmes dites âgées du 21ème siècle m'attirait.
Je me plonge pleine de bonne volonté dans cet ouvrage relativement volumineux (314 pages), prête à découvrir comment l'avancée en âge se vit dorénavant par « Les nouvelles séniors du 21ème siècle (qui) sont les filles du rock'n'roll et du féminisme, et qui, du haut de leurs soixante, soixante-dix ou quatre-vingts ans, font voler en éclats une multitude de modèles dépassés. Elles sont indépendantes, actives, exigeantes, rompant ainsi l'image de la femme sage et fragile. »
Au début, je remarque les nombreuses références sur des travaux et écrits divers de nombreuses femmes du monde entier sur l'avancée en âge, il y a même un glossaire à la fin. Bien. Et puis Farré est une féministe de la première heure. Bien.
Mais déjà, je note des erreurs de traduction, des boulettes énervantes. du coup je me dis que si on déconne déjà avec des petits mots comme « pour » et « par », on peut aussi bien déconner sur la traduction d'autres mots plus importants. Ça me gêne.
Bon, je continue ma lecture, et je m'aperçois d'un coup (je suis longue à la détente) que Anna Freixas Farré est espagnole, et qu'elle me parle des femmes vieillissantes madrilènes ou sévillanes, et bon, la culture ibérique, que j'apprécie, n'est pas vraiment la même que la française. Et tout particulièrement au niveau des femmes : on n'a pas eu le franquisme en France, on a eu deux guerres qui ont fait que les femmes ont été au travail vite fait, bien avant que les espagnoles s'émancipent, elles qui étaient retranchées à la maison, pratiquement emprisonnées par les hommes de la famille.
Non, la culture n'est pas la même, et l'écart se creuse plus on remonte dans les générations… Quand Farré me parlent de ces femmes de 60 ans qui se réveillent après le franquisme, ça ne me parle pas… C'est intéressant, mais je le savais déjà.
Et puis au fil de ma lecture, je suis assommée par la redondance du propos : oui, les vieilles ont changées, oui, les femmes se sont réveillées, oui, les femmes veulent du temps libre pour elles, oui, les femmes veulent pouvoir vivre en paix leur vieillesse comme elles l'entendent. Bien. Mais quand on le répète à chaque chapitre sur plusieurs pages, c'est redondant. Et chiant.
Alors, elles sont où les mamies rock'n'roll ? Elles sont où ces femmes qui dépotent, qui brisent les codes de la vieille vieillesse ? Hein ?
Pour Anna Farré, les vieilles dames rock'n'roll vivent parfois ensembles, aiment la liberté, font attention à leur santé, font des sorties natures, lisent, écoutent de la musique, se retrouvent pour rigoler et manger et font encore parfois l'amour en attendant sereinement la mort… D'accord. Mais qu'est-ce qu'il y a de nouveau là-dedans ?!
De plus, ce livre est frustrant, les infos fourmillent, mais sous forme de références, et les rares fois où l'on pourrait profiter de l'expérience d'autres intervenants, le texte correspondant est simplement manquant. Faute de translation encore ?
En même temps, j'aurais du m'en douter, que ce livre serait ennuyeux et d'un ton professorale un peu trop répétitif, comme si il fallait bien intégrer que vieillir, c'est chouette. Il est écrit par une ancienne prof. Et j'ai bien senti le prof qui m'assène sa leçon.
J'ai aussi l'impression qu'Anna Farré aime s'entendre parler. Elle expose longuement sa vision d'une vieillesse idyllique, revient sur le phénomène de l'âgisme et de la médecine anti-vieillissement, puis revient sur la vieillesse idyllique, passe par la beauté, la médecine, la liberté, les liens, la sexualité, tout ça en disant que chacune devrait appréhender les choses de façon sereine, mais qu'il y a toujours des cas pour qui ça ne sera pas si facile, alors que pour d'autres, comme elle et ses copines, c'est tranquille, tout roule, elles sont ensembles, elles sont fortes et passent au-dessus de tout. En gros, tu viens d'un milieu socio-culturel élevé et aisé, tu t'en sortiras mieux que si tu viens d'un milieu prolo. Non ? c'est pas vrai ?
Bref, ce livre m'a paru lourd, redondant, indigeste, plein de portes ouvertes à enfoncer, d'images d'Epinal, de clichés. le propos était intéressant à la base, mais l'état des lieux se révèle pauvre et facile. J'ai eu tout du long l'impression de relire de choses que j'avais déjà lu précédemment, dites différemment.
Bref, redondant et ennuyeux. Onanisme intellectuel. (je croyais que ça n'existait que chez les hommes… ;)
Les seules choses positives sont les nombreuses références qui aiguillent, elles, vers des ouvrages de poids, et qui donnent même des pistes artistiques.
(Avec le lien ci-dessous, vous pouvez lire une citation qui étaye ma critique un peu dure, vous pourrez ainsi vous faire un début d'avis.)

Ah, encore un truc positif au final : après avoir lu ce que sont censées être les nouvelles femmes âgées, fraîches et tout et tout, je constate que JE suis une vieille rock'n'roll, une vraie, une bad'ass, et pas une vieille de pacotille comme Anna Farré et ses copines, parce que moi, à 50 ans, toute cassée par le travail manuel (aide à domicile pendant des années, venant d'un milieu prolo), je suis artiste peintre et je me reconvertis dans le tatouage. ça c'est rock'n'roll bébé...)

Lien : http://www.babelio.com/livre..
Commenter  J’apprécie          96



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}