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Critique de hellrick


Le cinéaste William Friedkin nous livre ses mémoires et revisite sa riche filmographie dans un épais bouquin qui se lit comme un roman. de ses débuts indépendants, influencés par la Nouvelle Vague, à son statut de looser magnifique en passant par ses grands succès des 70's, Friedkin n'a pas sa langue dans sa poche. Il évoque ses passions pour l'opéra, le cinéma européen, les peintres (Magritte en particulier) et ses désillusions sur Hollywood, regrettant même l'époque des « studios tout puissants » qui permettait aux cinéastes de tourner six films par an. Si Friedkin avait donné un coup de pied au cinéma hollywoodien avec le quasi documentaire « French Connection » puis la réussite artistique et commerciale de « L'exorciste », il se sent à son tour largué par les transformations du cinéma à la fin des 70's. Alors qu'il a grandement contribué à l'explosion du phénomène, le réalisateur ne se retrouve plus dans les blockbusters comme « Star Wars » ou « Rencontre du 3ème type ». A la même époque, il se fait dézinguer par la critique pour « le convoi de la peur » (remake halluciné du « Salaire de la peur ») et son thriller « Cruising ». Ce-dernier suscite de vives réactions dans la communauté gay et Al Pacino finit par s'en désolidariser devant les huées de la foule, sans oublier qu'il ne pardonne pas au cinéaste de lui avoir caché que son personnage était peut-être (la fin reste fort ambigüe) le tueur sado maso.
Ces quatre long-métrages occupent, évidemment, la plus grande partie du bouquin, deux énormes succès et deux films malades, vilipendés en leur temps, réévalués ensuite et considéré depuis peu comme des classiques « cultes » du cinéma de la fin des 70's.
Autre échec commercial devenu polar culte « Police Fédérale Los Angeles » se voit également longuement évoqué mais la suite de sa carrière est, hélas, expédiée. Pas un mot sur le pourtant très sympathique « La Nurse », à peine quelques lignes sur le sexy thriller « Jade », quelques mots sur « L'enfer du devoir » (surtout sur les polémiques suscitées par son côté soi-disant raciste et réactionnaire), de brefs passages sur « le sang du châtiment » et quelques lignes sur « Traqué ». Bien que ce ne soient pas toujours de grandes réussites il est dommage que Friedkin ne s'épanche pas davantage sur cette période difficile (du milieu des 80's au milieu des années 2000, une semi traversée du désert artistique et surtout commerciale). le cinéaste se montre heureusement plus dissert sur ses deux derniers films, d'excellentes petites productions sans compromis : « Bug » et « Killer Joe » accueillies froidement et dans le collimateur de la censure. A laquelle Friedkin répond finalement un gros « fuck off » après avoir compris qu'il ne pouvait lutter contre la politique de censure s'en prenant plus volontiers aux petits films qu'aux blockbusters.
Cette biographie propose donc un véritable historique de l'industrie cinématographique américaine depuis les sixties jusqu'à nos jours. On y croise Coppola, Lucas, Spielberg, le dramaturge Harold Pinter, le romancier William Peter Blatty, Al Pacino et bien d'autres. Il y a des anecdotes amusantes (l'engagement sur un malentendu de Fernando Rey pour « french connection », l'audition de Linda Blair pour « l'Exorciste », le tableau d'un Basquiat admiratif jeté à la poubelle, etc.) et quoique Friedkin ne paraisse pas être le personnage le plus sympathique du monde on passe un bon moment à lire ses souvenirs. Une biographie agréable qui évite, en outre, de nous raconter son enfance et sa scolarité pendant 200 pages pour se concentrer sur l'essentiel : les films.
Vivement conseillé pour les amateurs du bonhomme.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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