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Critique de le_Bison


Snowdrift, un village indien perdu au sein des immensités glacées du Nord canadien. A l'autre bout de la planète, Grenoble et ses industries papetières. Max Gilles, la quarantaine n'est plus à sa place dans le giron familial et petit bourgeois de la ville du Grésivaudan. Ce héros de guerre que la R.A.F. a libéré, garde en lui les traces de sang de ce conflit. L'humeur n'est plus à la vie. Il a besoin de fuir. Sa vallée, sa famille, lui-même. Pour se reconstruire et c'est par conséquent à Snowdrift qu'il va poser son petit avion au coeur du vide enneigé parsemé par quelques cabanes de trappeurs, au milieu des indiens, des loups et des bisons.

Là, il découvrira l'amour. Celui qui se construit avec un grand A. Rosa cette indienne, si généreuse, si belle, si indépendante, si indienne. Elle lui apprendra à vivre et à jouir de cette liberté retrouvée. Et n'y-a-t-il pas plus belle liberté que de faire l'amour nu sur une peau de bison, dans le silence assourdissant du vide entouré de neige. Par -40°C, aller couper du bois, pisser contre un sapin, chasser des loups ou survoler un troupeau de bisons. Une nouvelle vie, un miracle de la nature, prend soin tous les jours de cet être si solitaire au début et qui s'ouvrira tant avec la découverte de l'amour, et de Rosa.

Mais comme je suis plus roman à eau-de-feu que roman à l'eau de rose, il faut un mais pour contrarier tant de bonheur. Faire l'amour sur une peau de bête, même de bison, ne suffit plus à nos deux héros. Et Rosa s'en va chasser, seule avec son frère dans un canoë de fortune. le blizzard, la neige, le vent, le froid, tabarnak, le temps nord-canadien. le drame, le deuil, la perte, la reconstruction. Rester sur ces terres sauvages ou retourner à Grenoble.

Combien d'années n'ai-je pas pris le temps d'ouvrir un vieux bouquin de Frison-Roche, presque un parchemin, les feuilles jaunies par le temps, les pages gondolées par la fonte des neiges, l'encre parfumée aux senteurs de milles plantes que les moines utilisent pour élaborer la Chartreuse ? En ai-je déjà ouvert un ? Certainement… Dans ma jeunesse, le bison du Grésivaudan que j'étais a du se « forcer » à ouvrir son premier de cordée ou d'autres épisodes d'alpinisme littéraire. Des années plus tard, je continue à goûter à la Chartreuse, je découvre la Mandrin, mais n'en oublie pas l'essentiel l'herbe à bison aromatisée à la vodka. Et pour causer essentiel, ce roman m'a enchanté, si bien que je n'en espérais pas autant avant de me laisser submerger par ses grands espaces, son histoire d'amour et ses histoires de solitudes.

« La Peau de Bison », du nature-writing bien avant l'heure qui donne envie de chausser ses raquettes et de crapahuter dans le froid tabarnakien juste pour pouvoir se réchauffer ensuite sur une peau de bison. Nu bien entendu.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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