AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nadael


28 juin 1995, Jacques Pierre, quarante-sept ans, tombe sur un article du journal Libération au titre accrocheur et provocateur : « La comtesse au cul nu », en écho au film où joua Ava Gardner « La comtesse aux pieds nus. » L'homme a toujours éprouvé une fascination pour la sublime et tumultueuse actrice américaine. Adolescent, il remplissait des cahiers entiers de ses photos découpées dans des magazines…

L'affaire, réalité ou légende, est saisissante. Août 1958, sur le tournage de « La Maja nue » à Rome, Ava Gardner traîne son ennui le jour et passe ses nuits dehors. L'intrigue du film – la rencontre et la relation entre le peintre Francisco de Goya et sa muse la duchesse d'Albe – la passionne guère, elle qui s'impatiente de recouvrer sa liberté… enfin… puisque ce film est le dernier qu'elle doit à la Metro-Goldwyn-Meyer. Heureusement, le chef opérateur – responsable des prises de vues – n'est autre que le grand Giuseppe Rotunno, qu'elle adore. Une nuit, Ava et Rotunno, tous deux enivrés, déambulent dans les rues de Rome joyeusement, coursés par ceux que l'on ne nomme pas encore ainsi, les paparazzi, avant de se retrouver dans l'appartement de l'actrice. Et là, entre deux éclats de rires, Ava pose pour Rotunno, dans le plus simple appareil. Une séance photo impromptue où la belle s'inspire des grandes peintures de la renaissance, des nues évidemment, dont L'origine du monde de Courbet.

Jacques Pierre, historien, ancien photographe et en retraite prématurée est subjugué par ses lignes retraçant cette folle nuit. Il décide de partir à la recherche de ces sulfureux clichés.

Ce roman, à l'image du regard d'Ava Gardner est captivant et magnétique. L'auteur transporte le lecteur à travers les époques et les continents – on découvre les coulisses de la MGM et les frasques de la plus belle actrice du monde, on entre dans l'atelier de Gustave Courbet, on voit défiler quarante années de la vie de Jacques Pierre des années 60 aux années 90. Au fil des pages s'invitent entre autres Sinatra, Marylin Monroe, Howard Hughes, – ah la rencontre au sommet entre le narrateur et Fidel Castro! -. Cela s'agite, cela remue autour du lecteur, qui ne sait pas toujours où il se trouve ; au milieu d'un rêve, d'un fantasme, d'une obsession, de la réalité. L'écriture est drôle brillante et enlevée. L'image photographique et picturale, les idoles, la célébrité, les faux-semblants, le quotidien d'un type ordinaire, une société en mouvement, des colères, des revendications, des souvenirs, des regrets… autant de propos et de réflexions. Beau et étourdissant.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
Commenter  J’apprécie          122



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}