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Critique de vibrelivre


Pleine et douce
Camille Froidevaux-Metterie
roman
Sabine.Wespieser, 2023, 216p



L'enfant est née : elle s'appelle Eve, comme la première femme créée, et la première qui a chuté, selon la Bible. C'est une enfant née du désir pur d'être mère ; fini pour la femme d'être née d'une côte d'homme. Elle est née d'une procréation médicalement assistée, première originalité, en Espagne, première illégalité. L'autrice n'est pas pour le conventionnel ni le convenu.
A l'occasion de sa naissance, et en préparation de la fête en blanc à venir, blanc comme l'aube, comme les moments de grâce, un choeur de femmes, de l'âge de bébé à septuagénaire, vont parler de leur rapport à un corps féminin, le leur : le vieillissement et son amertume, le sentiment d'inexistence qu'elle provoque, le désir, les règles, la pénétration, l'orgasme qui ne la conclut pas toujours, les seins, le lesbianisme et le mariage entre personnes du même sexe qui n'est pas encore entré dans les usages, la procréation assistée, un sujet qui met mal à l'aise les personnes venues au collège parler de thèmes attendus, la relation mère/fille, la minceur, le féminisme, l'éducation des filles. La première à prendre la parole, c'est Eve qui veut qu'on la laisse libre, de ses mouvements et de son appétit, de flotter dans l'amour chaud de son père intime. Une image positive d'homme doux et aimant, mais il est gay.
Car ces femmes qui se veulent libres ont du mal à n'être pas désirées, ni aimées par des hommes. Ils sont lâches, soucieux de leur unique plaisir, ressemblent à des pingouins, sont eux aussi condamnés à la relégation en vieillissant. L'autrice prend parti sur le consentement, et en contrepoint, son personnage de dame qui éduque à la sexualité parle d'amour qui supprime les inquiétudes du corps et toute violence contre celui-ci.
L'autrice tacle également tous ces marchands d'illusions qui font croire à une beauté et une jeunesse retrouvées.
Elle reconnaît que la condition des femmes, au moins sur le plan pratique, a beaucoup évolué. Cependant elle ne montre aucune femme véritablement heureuse.
Elle a choisi un ton très naturel pour parler de la féminité dans tous ses états, Lola, la préado a son parler bien à elle, les femmes parlent seules et donc sans fioritures, sans ménagements, elles donnent libre cours à leur rage. le chapitre consacré à Nicole est particulièrement drôle.
C'est un livre alerte, qui doit davantage parler à des lectrices d'un âge certain. Ce n'est pas un essai, mais est-ce véritablement un roman ? le choeur féminin et un ton libre remplacent la présentation théorique de différents points de vue. C'est un livre qui parle de la condition féminine, mais qui parle surtout de bonheur. le bonheur peut-il se passer de l'autre sexe ? Si non, pourquoi avoir fait la part si peu belle et si peu large au sexe masculin ? Eve est l'incarnation de ce bonheur, à la fois fort et fragile. Il reste au bonheur, qui doit être plénitude et douceur, à trouver son corps et sa place à soi. Eve sera-t-elle une femme accomplie, qui ne regrettera rien ?
le dernier chapitre, qui s'intitule dimanche, le jour du repos, et qui voit la fille faire sortir sa mère acariâtre de la chambre du bébé, et qui constate que la chair de celui-ci est restée pleine et douce, tend à montrer que c'est possible.

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