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EAN : 9791095772873
224 pages
Anamosa (05/03/2020)
4.12/5   76 notes
Résumé :
Les seins des femmes sont-ils le siège visible, désigné, ressenti du féminin ? Ils sont en tous cas au cœur de tensions à la fois intimes et sociales, voire politiques, enjeu de l'assignation des femmes à des normes immémoriales et lieu d'une émancipation revendiquée. Cet essai en dévoile les mille et un signaux à travers une enquête où les femmes livrent leur expérience vécue.

Ronds, fermes et hauts, ni trop petits ni trop gros, à la fois sexy et nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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"Que t'aies des seins genre omelette ou ballons de rugby
Ils méritent un petit pouët-pouët
C'est tout bête, ca sauve des vies..."

Je ne vais pas vous faire un dessin, mais je parle à dessein de dépistage de cancer des seins.
Et quand on en parle, voilà Tartuffe qui crie:
"Cachez ce sein que je ne saurai voir."

C'est avec Sissi qu'on abandonna le corset pour les femmes. Et en 1990, avec Eva Herzigova: "Regardez moi dans les yeux...j'ai dit les yeux!" Wonder bra entra dans la légende et le livre des records, avec le soutien gorge pigeonnant.. "Mais, les femmes n'ont pas toujours porté de soutien-gorges."

"Je leur voue tout mon amour, ils sont mes amis
Chérie, emmène les faire un tour
"Une petite pression et ça suffira
Une petite palpation et ça suffira
Trêve de discours
Allez, t'attends quoi?"

Il y 6 chapitres et beaucoup de photos de seins, dans le livre. "Que ce soit les seins nourriciers, les seins étendards, et les seins préliminaires, c'est l'injonction millénaire adressée aux femmes: devenir et demeurer un corps sexuel et maternel, à disposition."

Je parle de soutien (oui, de soutien, George!) à Octobre rose.
"Ton docteur, ouais
C'est pas George Clooney
Mais le meilleur en tous cas
Pour te palper, sans s'exciter
Sois rassurée, sur ça"

"Tu en as une paire, mon vieux
Donc tu te feras palper, aussi
Ils sont poilus et pas lourds
Mais, ils valent le détour"
Le cancer peut toucher aussi les riquiqui... seins des hommes. Mais, c'est mieux que de se les peloter seul, sous la douche...

"Tout le monde se touche
Y a rien de louche
Choisis juste le bon endroit"
Charlie et Styl'O, Octobre rose.
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Quand j'ai vu l'annonce de la publication de ce livre, je me suis dit "enfin, ce sujet est abordé !", j'ai immédiatement su qu'il faudrait que je le lise. Et en effet, c'était une lecture nécessaire. Comme le dit l'autrice, si les différentes vagues de féminisme ont travaillé à se réapproprier le corps féminin, à rappeler l'existence de certains organes "oubliés" (il n'y a qu'à voir le nombre d'ouvrages parus ces dernières années sur le clitoris et le vagin), les seins sont resté les grands oubliés de ce mouvement. Alors que pourtant, ils sont ce qui se voit en premier chez une femme, ce qui, dès le début de la puberté, distingue visuellement les filles des garçons. Camille Froidevaux-Metterie a donc investi avec beaucoup de sérieux ce sujet oublié. Elle mêle ses analyses sociologiques et philosophiques à des témoignages qu'elle a recueillies auprès de quarante femmes, ayant toutes un rapport différent à leur poitrine. Il y a dans son panel des femmes jeunes, des filles, des femmes âgées, des mères, des femmes dont les seins ont subi une transformation, des femmes handicapées... Ces discussions, dont on ressent bien le caractère intime, lui ont permis de mettre à jour tout ce qu'il y avait à dire sur ces deux oubliés des réflexions sur le féminin.

Je lis assez rarement des essais, aussi c'est une registre littéraire qui ne m'est pas forcément facile. J'ai eu tendance, parfois, à buter sur certaines phrases qui relèvent clairement du langage philosophique. Mais globalement, cet essai se lit assez facilement même pour des novices. le propos est clair, et globalement, cela va droit au but. J'ai trouvé que certains chapitres ressemblaient plus à une énumération de témoignages et de vécus qu'à une véritable analyse, et qu'ils avaient donc un peu moins d'intérêt, mais malgré tout, cela fait du bien de retrouver toutes ces réflexions recensées au même endroit.

Ces mots m'ont fait un bien fou, parce que c'est exactement ainsi que j'ai vécu le rapport à ma poitrine. A 12 ans, parce que j'ai très vite eu une forte poitrine, j'ai été considérée comme une salope, alors même que j'avais refusé à certains garçons qu'ils puissent toucher mes seins. Cela m'a valu trois années de harcèlement. Alors lire ces mots, que j'aurais pu moi-même prononcer si j'avais été interrogée sur le sujet, ça m'a permis de me rendre compte que ce que j'ai vécu au collège n'était pas fictif. C'est réel, d'autres l'ont vécu, et ça n'est pas moi qui me suis monté le chou. Ce livre, j'ai eu l'impression qu'il était écrit pour moi, pour ce moment précis où j'en suis de ma vie de femme. Il y a des livres, comme ça, qui sont de vraies révélations, et celui-ci en est une, pour moi.
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Cette autrice française, philosophe et professeure de science politique, propose un féminisme phénoménologique, basé sur l'expérience du corps comme être au monde.
Quoi de mieux que de s'intéresser aux seins, une partie du corps fortement objectivée, et considérée comme un incontournable dans le féminin ?
"Ainsi, au moment où les seins apparaissent, les filles entrent dans une conscience d'elles-mêmes qui ne cessera plus d'être incarnée. C'est en ce sens qu'elles deviennent des sujets féminins : tout dans leur existence sera désormais placé sous le signe de ce corps sexué qui les destine à la maternité et à la sexualité afférente." (p. 203)
L'apport théorique de la philosophe s'appuie sur des témoignages, accompagnés de photos de seins des interviewées pour montrer leur diversité et pour mettre en lumière le rapport qu'entretiennent les femmes avec eux. Ces entretiens font ressortir les 2 dimensions du corps, comme lieu de domination et d'infériorisation, mais aussi comme vecteur d'affirmation, et même comme condition d'émancipation.
Chaque chapitre explore une facette différente des seins :
- leur apparition, avec l'intériorisation des normes de beauté, le vécu d'un objet avant même de se sentir sujet,
- le plaisir,
- l'allaitement, avec ses injonctions sociales, ses impacts sur le corps
- la transformation des seins,
- et la mutilation, l'expérience du cancer et du médecin qui s'empare d'un corps objet pour le soigner mais aussi lui rappeler les normes... avec par exemple l'expérience d'une femme ayant du lutter après une mastectomie pour éviter une reconstruction du sein (et en lisant son témoignage, on la comprend parfaitement).
Bref, les seins sont le siège d'une aliénation mais aussi d'une libération possible, à laquelle aspire l'autrice et toutes les femmes rencontrées.
Le témoignage de femmes cisgenres ayant souhaité une réduction ou augmentation mammaire, et d'une femme trans ayant choisi les hormones sans opération, permet de rappeler que les choix opérés sur notre corps (qu'ils concernent un ornement, ou une transformation pérenne) visent à rapprocher le vécu intérieur de la surface visible du corps : c'est une démarche ontologique à l'oeuvre. Chacune cherche à être elle-même.
L'ouvrage aurait pu réunir encore + de diversité parmi les personnes interrogées, mais à part ça c'est un très bon ouvrage et j'ai adoré lire tous ces extraits d'entretiens. L'autrice propose une analyse fine des assignations genrées, des normes esthétiques, invitant à une réappropriation des corps.
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En six grands chapitres étayés par les formidables et très touchants témoignages d'une quarantaine de femmes, elle interroge le vol, l'objectification et aussi la douce réappropriation de nos seins, cette partie du corps qui n'est jamais anodine. Il y a l'apparition des seins qui force toute femme à entrer dans le domaine d'une sexualisation publique, mais aussi dans le monde merveilleux des complexes. Parce qu'ils seront toujours trop petits et qu'ils vous excluront d'un monde adulte fantasmé, de la séduction, trop gros et alors c'est porte ouverte aux remarques non sollicitées, à la compétition entre femmes, aux agressions et à la honte internalisée dès le plus jeune âge. Les "seins parfaits" n'existent pas, pourtant c'est eux qu'on nous vend et le processus d'acceptation de son propre corps est long, très long et trouve différentes issues.

Camille Froidevaux-Metterie explore aussi tous les choix que les femmes devraient faire librement autour de leur poitrine mais qui restent des sujets de débats, de justifications : porter ou non un soutien-gorge, allaiter son enfant ou pas, modifier en pleine conscience l'aspect de sa poitrine, accepter ou refuser les représentations sexuelles, maternelles projetées sur ses seins, vivre comme on le peut et on comme on le veut un traumatisme, une maladie...

Cet essai est très complet, le plus inclusif possible (LGBT) et surtout étayé par des témoignages de femmes de tous les âges et de tous les horizons qui m'ont beaucoup parlés. Chacune d'elle a accepté de poser seins nus et on retrouve tous ces portraits au fil des pages. Quel bonheur de voir son propre oeil "désensibilisé" au fur et à mesure, et quand je dis "désensibilisé", c'est dans le sens où je travaille sur ma propre vision qui a été biberonnée aux stéréotypes comme beaucoup d'autres. Au tiers de ce livre je ne voyais déjà plus que des corps et des histoires qui étaient tou.te.s incroyablement différent.e.s, mais en me dépouillant totalement de cette foutue échelle de valeurs calquée sur des critères auxquels on avait réfléchi pour moi.

Un merveilleux coup de coeur de la bibliothèque féministe.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Aah, les seins ou plutôt les cerises ou les melons [version 2020]. Cette partie du corps si souvent regardée et jugée, cette partie qu'on aime ou qu'on déteste, cette partie qui est bien trop souvent prise pour un jugement de personnalité.

Libération : thème principal.

Avec ou sans soutien-gorge / brassière, des seins restent des seins. Nous avons le droit de les libérer, nous avons le droit de ne pas les aimer, nous avons le droit de les aimer et de les montrer.
Nous avons tous les droits sur notre corps !

Les seins, souvent signent de complexe qui lui aussi souvent apparut à cause des remarques et du regard des autres. Soit ils seront trop petits et ils ne feront pas assez "sexy" ou bien ils seront trop gros et ils auront des remarques non acceptables et inappropriées. Vous voulez la vérité ? Les seins parfaits n'existent pas c'est la société qui arrive à nous faire croire que. Et, vous savez quoi ? le corps parfait n'existe pas non, nous sommes tous et toutes différent(e)s [heureusement] ! J'ai aussi envie de dire : tout le monde est beau, il n'y a pas de remarque à avoir et à recevoir [bref, je m'égare un peu quand même]..

Cet essai est complet et n'a besoin de rien d'autre.

Accepter poser seins nus n'est pas évident et cet ouvrage est magnifique.

Grâce à Babelio j'ai découvert une oeuvre que je ferai découvrir.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
[...] qui impose aux femmes un modèle unique de beauté. Elle est blanche, mince, ferme, musclée, jeune, grande, ses cheveux sont longs et lisses, ses traits sont symétriques, sa peau est rebondie, ses dents sont alignées, ses pores serrés, son teint sans défaut, son ventre plat, sa taille très fine, ses fesses hautes et ses seins ronds. Personne ne la connaît, elle n'existe sans doute pas dans la « vraie vie », mais elle est pourtant bien présente, envahissante même, dans la tête des femmes qui s'infligent la torture quotidienne de la comparaison. C'est l'un des paradoxes de notre temps que de nous offrir la liberté assez inédite de faire de nos corps ce que nous voulons tout en nous enjoignant de souscrire à un nombre très restreint de canons de beauté.
Nous sommes libres pourvu que nous correspondions le mieux possible aux critères du moment, libres de nous conformer donc et non libres de paraître celles que nous sommes.
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Car c'est la règle commune que de considérer qu'elles [les filles à forte poitrine] appartiennent dès lors à la catégorie des filles faciles, quand ce n'est pas des salopes. Tout puceaux qu'ils soient, leurs congénères masculins n'en adoptent pas moins des attitudes explicitement sexuelles et aggressives en leur rappelant quotidiennement qu'elles en ont de gros et qu'elles doivent les leur offrir puisqu'ils sont là pour ça. "Quant tu as 13 ans et que tu fais du 90D, c'est l'enfer (Yaël, 29 ans)". Tout se passe comme si ces adolescentes à la poitrine pleine devaient payer du prix du harcèlement leur entrée trop brutale dans la condition sexuelle.
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Les femmes n'ont pas toujours porté des soutiens-gorges. À l'échelle de l'histoire de l'humanité, elles ont même passé bien davantage de temps sans qu'avec. (Page 83)
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Cette omission étonne, les seins ne condensent-ils pas à eux seuls toutes les caractéristiques féminines qui ont justifié et perpétué la domination masculine ? Ils sont le symbole par excellence de la maternité (seins-nourriciers), le signe privilégié de la féminité (seins-étendards) et l'antichambre de la sexualité (seins-préliminaires), une triade qui synthétise l'injonction millénaire adressée aux femmes : devenir et demeurer des corps sexuels et maternels à disposition.
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Or, il a bien fallu le constater, cette promesse n'a été qu'à moitié tenue : les femmes ont pu aspirer à devenir des sujets sociaux comme les autres, elles n'ont en rien été affranchies de leur condition mineure et subordonnée en tant que sujets privés. La révolution promise dans le domaine intime de la sexualité n'a pas eu lieu, un paradoxe que le mouvement #metoo a mis au jour : si, en se débarrassant du « destin » maternel des femmes, le féminisme a ébranlé le système patriarcal dans ses fondements, il n'a en rien affecté les mécanismes ancestraux de la prise masculine sur les corps féminins.
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Videos de Camille Froidevaux-Metterie (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Camille Froidevaux-Metterie
Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et écrivaine, fait paraître "Un si gros ventre. Expériences vécues du corps enceint" (Philosophie magazine Éditeur/Stock), une enquête philosophique qui mêle témoignages et réflexion sur la grossesse.
Elle présente son ouvrage et répond aux questions d'Ariane Nicolas, journaliste à "Philosophie magazine".
Retrouvez le livre en librairie !
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