AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de florigny


Agnès Dempster a grandi dans la riche ferme familiale dans le Vermont. En cette fin de XIXème siècle où l'on méprise leur esprit, la vie des femmes est toute tracée : elles doivent accomplir leur destin biologique. Pour s'affranchir de cette malédiction féminine qu'ont subie avant elle sa grand-mère et sa mère, - Agnès ne veut pas d'enfant - et pour ne pas s'engluer dans cette toile d'araignée domestico-maternelle, elle décide de tisser la propre étoffe de son existence. A 16 ans elle part vivre à Montpelier.


Logée dans une pension de bonne réputation et engagée comme couturière-brodeuse, Agnès attire les hommes par sa beauté. Un tailleur de pierre gentil garçon, d'une grande force physique, protecteur, bien intentionné la courtise, mais elle n'a d'yeux que pour Frank Holt, beau et volage. Agnès est prise au piège d'un amour entier, exclusif, dévorant, qui la prive rapidement de son libre-arbitre avant de sombrer dans l'obsession maladive. Son exaltation délirante, la toute-puissance de sa passion aveugle la conduit à commettre un irréparable geste. C'est Agnès elle-même qui raconte son histoire, sous la forme d'une courrier-confession.


Ces quelques lignes ne peuvent évidemment pas résumer le roman foisonnant de Susan Fromberg Schaeffer, paru en 1983 et réédité en 2011 par Belfond. Etiqueté racoleusement par l'éditeur « roman culte qui a marqué des générations de lectrices », il serait dommage que Folie d'une femme séduite ne soit réduit qu'à un roman féminin-à-l'eau-de-rose. Car il s'agit d'un très grand roman d'une portée classique, à la thématique universelle, dont le style, l'ampleur, la puissance rivalisent avec ceux d'auteurs encensés. L'auteure a créé une héroïne attachante et poignante, dont le lecteur partage les souffrances, plongé dans son esprit perturbé. S. Fromberg Schaeffer raconte avec minutie la condition des femmes à la fin du XIXème siècle, insiste sur le poids de l'histoire familiale, décrit les prémices de la psychiatrie. Faute d'identifier chez Agnès aucune des formes de maladie mentale répertoriées dans les années 1900 - folie émotionnelle, impulsive ou compulsive – une catégorie est spécialement créée pour elle : la folie de la femme séduite, inconnue jusqu'alors, qui donne son très beau titre au roman. Après cette lecture, l'expression : « Je suis folle de lui », prend un sens cruel. Je laisse le dernier mot à Agnès : « Ne condamne pas les filles malades d'amour, car c'est à force d'aimer qu'elles sont malades ».
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}