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Erich Fromm est un psychologue humaniste ou positiviste, je ne sais plus, mais vous voyez le genre. En d'autres termes, il pense que la séparation de l'homme d'avec lui-même et d'avec les autres est la conséquence d'un péché qui s'appelle névrose, tout contingent donc, et que ce péché peut être surmonté avec un peu de bonne volonté tirée d'un manuel et de quelques paroles encourageantes. Ce type d'approche, toute humaniste qu'elle soit, conduit en réalité à se forger une humeur sombre et morose : toute la meilleure volonté du monde ne suffit pas en effet à atteindre l'idéal qu'elle décrit. Nous nous sentons abattu, et nos meilleures convictions ont chu, nous emportant dans leur sillon.

Erich Fromm avance quelques thèses sur l'amour qui ne sont pas inintéressantes. L'amour commence selon lui lorsque nous sommes capables d'aimer plutôt que d'être aimé. Il nous enjoint à ne pas croire que le déficit d'amour concerne l'objet mais il nous encourage plutôt à nous interroger sur notre capacité à aimer. Enfin, il estime que l'amour ne devrait pas être un besoin mais ce qui vient de surcroît, confirmant ainsi le fameux dicton : charité bien ordonnée commence par soi-même.

Pour aussi juteuses que soient ces injonctions, pleines d'un bon sens que personne ne saurait critiquer, il les fonde sur des arguments qui sont plus moraux que logiques. Nous ne sommes donc pas surpris de le voir s'égarer dans des considérations portant sur la difficulté de concilier amour et capitalisme, vantant au passage un matriarcat fantasmé, ou de faire l'éloge de l'amour porté à l'univers entier alors qu'il s'agit pourtant de la forme d'amour la plus illusoire et imaginaire qui soit, c'est-à-dire la moins réelle.

Joli petit ouvrage romantique qui nous parle de ce qui devrait être plutôt que de ce qui est, cet essai constitue un bon remontant pour toutes les périodes que nous traversons d'un coeur sombre, au risque de nous conduire à sombrer plus encore tant son propos échoppe contre le réel de ce qui peut parfois déterminer l'amour.
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Bien que je ne partage pas tout, j'ai trouvé cette essai fort intéressant.
Fromm nous parle de l'amour dans tout et partout (surtout de son absence, de fait), dans la société, dans la religion, ce que nous en avons fait.
Il est clair que sur le fond, je suis plutôt d'accord avec lui, on vit dans une société qui tente de faire de nous des automates, moi je dis des esclaves, ce qui revient au même...
Après, je trouve qu'il est trop exigeant. Je m'explique. Justement, dans une société qui a plus ou moins éradiqué l'amour de sa base, de ses fondations, il est déjà ultra-difficile de le trouver.
Qualifier l'amour de couple d'égotisme à deux, c'est aller un peu loin dans la critique. Quand un couple tient sur la durée dans notre culture de "kleenex", c'est déjà énorme. Critiquer ça dans un livre sur l'amour, c'est quand même un brin se foutre de la gueule du monde et ne faire que rabâcher. de nos jours, un couple qui tient sur la durée est plus ou moins obligé d'évoluer, on ne tient pas sur la durée sans cela. Bon après le livre date un peu, déjà, et c'est vrai qu'il y a 50 ans, nos grands-parents se sclérosaient à deux...
Mais il aurait pu, au lieu de s'inspirer du déjà-dit, déjà-lu, déjà-vu dans les philosophies bouddhiste et zen, proposer quelque chose de plus à la portée du "péquin de base" dont j'estime faire partie, et quelque chose de plus applicable dans le quotidien... La "Foi" c'est bien joli, mais ça n'a rien d'évident.
Dans ce livre, si l'étude est intéressante, les "solutions" sont totalement illusoires, faut pas rêver, je ne suis pas une "sage", personne ou pas grand monde ayant grandi ici ne l'est, et c'est pas en nous disant qu'il faudrait "le devenir" qu'on va faire avancer le schmilblick. Cela reste bien trop théorique, comme toujours. Essayez un peu de n'avoir "que des conversations authentiques" avec les gens autour de vous, qu'on rigole. Je le sais, vu que j'ai un peu de mal avec la superficialité et que je n'apprécie guère les relations que je qualifie de "mensongères" et volontairement "aveuglées sur elle-mêmes", même avec des très proches, du coup je suis plus ou moins paria dans ma propre famille... On ne change pas les gens ni le monde avec des théories...
Bref, c'est un peu décevant pour moi, mais j'en ai peut-être déjà trop lu sur le sujet.
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"L'art d'aimer". Un titre pareil, il faut oser ! Se montrer à la hauteur.

Fromm s'en tire très honorablement. Il expose très clairement sa vision de ce qu'est l'amour. Il dépasse les idées freudiennes, les critique ; opte pour une vision eckhartienne, spinoziste de "dieu" ; prône une foi non-irrationnelle qui doit pousser à une "objectivité" et en un amour qui ne se confond pas à un égoïsme, un égotisme, ou un égoïsme-à-deux, sclérosants.
Il réemploie et réattribue dans leur sens les mots bibliques fortement dévoyés : "aime ton prochain comme toi-même."
Fromm refuse le nihilisme, le cynisme, critique également la société capitaliste et son incompatibilité avec l'amour tel qu'il le conçoit. Mais il ne s'arrête pas à un triste constat (qu'il fait déjà il y a plus de 50 ans), il fait de vraies propositions pour développer ses conceptions dans la vie réelle. Il y a de l'espoir dans ses propos.

Bien construit, solide sans être lourd, fin sans être amphigourique, un peu d'espoir car l'amour est (dans l')éveil, (l')activité, (le) travail, partout et potentiellement pour tous ceux qui osent la peine.
(Tiens, une fin de critique paradoxale.)
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Un essai sérieux: pas de recettes, une vue large, sans imposer 500 pages.
Seul reproche (mais c'est certainement le prix de la concision) : certaines affirmations sont peu étayées.

La thèse centrale est que le bonheur se construit, de même qu'une oeuvre artistique n'est pas le résultat d'une illumination soudaine, le fruit du hasard, mais le résultat d'un véritable travail nécessitant implication, persévérance, à l'opposé de l'expression “tomber amoureux(se)”.
Incidemment, cela permet à Erich Fromm de ramener le coup de foudre à … quasiment un épiphénomène fugace et qui ne saurait en rien être l'amour…

J'ai eu un peu peur au début du livre, quand l'auteur prend une définition de l'amour très large, de part le risque peut être d'éparpiller le raisonnement.
Mais en fait malgré cette définition large, et au delà du message principal, cela permet à l'auteur de proposer des points de vue qui méritent de s'y attarder.

Notamment, une thèse centrale est le besoin de chaque être humain de découvrir l'autre ou les autres toujours plus en détail afin d'échapper à une solitude insupportable: “si notre expérience de l'autre personne atteignait plus de profondeur, si nous étions capables de nous ouvrir à son infinité, elle ne nous serait jamais aussi familière- et le miracle consistant à surmonter les barrières pourrait chaque jour se renouveler”.
Ce postulat et ses conséquences peuvent d'ailleurs amener logiquement que l'amour n'est en fait en rien spécifique, presque de le banaliser: finalement il n'est qu'un des moyens , aux côtés de la création artistique, de la recherche des relations que crée le conformisme, des états “orgiastiques”, à échapper à la solitude (Erich Fromm ne mentionne pas les aspects reconnaissance, étonnamment).
Incidemment le raisonnement amène à une séparation très de l'amour nette du désir sexuel (Freud est égratigné à plusieurs reprises!), séparation qu'il tente in extremis de relativiser tant elle paraît trop radicale à l'auteur lui même.

Certains passages m'ont paru moins convaincants comme l'amour de Dieu et la foi, ou comme l' incompatibilité entre système économique et amour. Mais ils ne doivent en aucun cas dissuader un(e) babelionaute intéressé par la thématique de lire cet ouvrage.
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Il est saisissant de se souvenir que "The art of loving" date de 1956 !
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Ce livre court et dense, philosophique et même spirituel, dépasse de loin ce que son titre peut donner à penser. Il s'agit un traité d'amour universel, d'amour de la vie, de quête de notre chemin et de notre place. Il nous invite à dépasser la prison de l'angoisse pour trouver la vraie liberté d'action, loin des compulsions frénétiques de la société de consommation et d'agitation permanente. Un livre ancien et plus actuel que jamais. Chaque paragraphe se savoure et invite à des heures de réflexion concrète sur notre façon de vivre.
Lien : Https://latetelibre.com
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Ce livre est assez multiple. de par son exploration dans les diverses façons d'aimer, mais aussi dans les repères utilisés. L'auteur expose globalement sa théorie de l'amour qui doit se pratiquer comme un art. On y trouve des références de plusieurs philosophes pour accompagner la philosophie de Fromm, même si l'on comprend vite que la religion lui sert de base. le bémol est qu'il fait du bon fonctionnement d'une métaphore souvent un argument de démonstration.
De plus, les parents contemporains devraient tous lire, pour commencer, l'analyse sur l'amour de l'enfant et l'éducation. Il ne semble pas que la bien-pensance fasse aujourd'hui souvent référence à l'auteur...
Et magnifique dernière partie où, en bon philosophe, il termine par la mise en pratique...
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Ma pensée en terminant le livre :
"Un ouvrage philosophique intéressant..."
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Bonne lecture... 🌻
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M'a été offert il y a quarante ans par une chère amie. Ouvrage qui a changé définitivement ma vie : passage de la rêverie attentiste vers l'âge adulte.
Offert à plusieurs reprises, mais la plupart (euphémisme...) n'ont pas su y comprendre la DIFFÉRENCE ENTRE UN ÉTAT ET UNE PRATIQUE !
Pas la peine de le lire donc vous y attendez des réponses toutes faites, alors que la philosophie est un art de vivre.
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une argumentation audacieuse et talentueuse qui s'attaque au consumérisme et au capitalisme sans passer par les cases 'socialisme', 'égalité', 'lutte des classes', 'domination de l'homme par l'homme'.
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L'homme et l'amour ! Un sentiment universel, mais si compliqué ! Une belle réflexion, analyse, à lire et relire
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