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L'art d'aimer". Un titre pareil, il faut oser ! Se montrer à la hauteur.
Fromm s'en tire très honorablement. Il expose très clairement sa vision de ce qu'est l'amour. Il dépasse les idées freudiennes, les critique ; opte pour une vision eckhartienne, spinoziste de "dieu" ; prône une foi non-irrationnelle qui doit pousser à une "objectivité" et en un amour qui ne se confond pas à un égoïsme, un égotisme, ou un égoïsme-à-deux, sclérosants.
Il réemploie et réattribue dans leur sens les mots bibliques fortement dévoyés : "aime ton prochain comme toi-même."
Fromm refuse le nihilisme, le cynisme, critique également la société capitaliste et son incompatibilité avec l'amour tel qu'il le conçoit. Mais il ne s'arrête pas à un triste constat (qu'il fait déjà il y a plus de 50 ans), il fait de vraies propositions pour développer ses conceptions dans la vie réelle. Il y a de l'espoir dans ses propos.
Bien construit, solide sans être lourd, fin sans être amphigourique, un peu d'espoir car l'amour est (dans l')éveil, (l')activité, (le) travail, partout et potentiellement pour tous ceux qui osent la peine.
(Tiens, une fin de critique paradoxale.)