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Critique de Erveine


Beaucoup de plaisir pour cette immersion dans La campagne d'Amérique et la découverte de l'auteur, Carlos Fuentes.
En compagnie de Baltasar Bustos, le principal protagoniste et de ses amis Xavier Dorrego et Manuel Varela, Manuel Varela le narrateur, nous entrons dans une fresque historique et romanesque.
L'histoire se déroule en 1810 dans le fracas de la lutte pour l'indépendance où l'Argentine oeuvre pour sa libération du joug espagnol sous influence de guerres napoléoniennes et autres tentatives de récupérations, outre Manche.
Le déroulement de la conquête y est bien représentatif, d'ailleurs, nous avons de nombreux clins d'oeil et autres corrélations avec de véritables personnages historiques, cependant que, notre élan nous porte davantage vers l'accompagnement romanesque du récit et ce pour plusieurs raisons.
Tandis que Baltasar Bustos est rousseauiste, Xavier Dorrego voltairien et notre conteur Manuel Varela, un fervent admirateur de Diderot, nous pouvons désormais les suivre, la trame du récit étant ainsi posée, dans leurs aspirations qui n'empêchent nullement l'amitié de converger entre les trois. Chacun suivant indépendamment sa route et se retrouvant pour quelques instants dans une correspondance suivie, ou relatant, pour ce qui nous préoccupe et en particulier, l'épopée de Baltasar.
Fils de José Antonio Bustos père et bien qu'attaché à l'illustre paternel vieillissant, autant qu'au signifiant de l'homme pour sa terre, il choisira la lutte pour l'indépendance, et donc la fuite, au contrario de son amour qui l'eût porté encore à rester, pour réintégrer ses origines, l'estancia, les bêtes et la vie ancestrale de la pampa.
On a l'impression que les mots se liquéfient et fondent en des nuances colorées, s'édifiant en une composition picturale où la réalité nous parvient, mais surtout celle de l'intérieur, comme dans cette image, volontairement isolée, pour l'exemple, où Baltasar tue pour la première fois. Il sent ce corps contre lui, tandis qu'une chaleur pareille à la sienne l'envahit, qui insuffle la vie et rappelle des images saugrenues, en apparence, l'eau qui boue... les pommes de terre qui sont longues à cuire... des images qui s'imposent très justement de façon simultanée, soit de la vie qui s'échappe dans ce rappel au quotidien, soit de l'extinction de la vie. Il se veut tueur de l'indien et non du combattant, car il veut se pénétrer de l'acte et de sa portée, sur lui, en tant qu'homme qui tue l'homme ; et puis, cet instant sublime où il regarde l'indien sans parvenir à le voir autrement qu'en un second lui-même, qu'il dépouillera ensuite, un instant nu en son néant, pour lui revêtir ses propres frusques : « grotesquement trop larges... »
Et par ailleurs, l'image des ces prêtres dont l'engagement dépasse celui de l'enracinement au seul ciel, pour l'amour et la liberté des hommes. Et ce regard un peu mixte ou presque équivalent sur la beauté des hommes et donc des femmes.
Ainsi et à plusieurs reprises, c'est dans une joie extrême que nous pouvons lire à travers l'impulsion artistique et le tracé au pinceau de Carlos Fuentes, l'expression d'un humanisme transposé dans une action guerrière où les hommes se perdent et se trouvent en même temps.
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