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Critique de Sachenka


Un roman foisonnant, que La plus limpide région. Les critiques parlent d'un puzzle et je suis complètement en accord. Un roman déroutant, aussi. C'est que son auteur Carlos Fuentes propose une galerie de personnages impressionnante. J'ai déjà vu plus en termes de quantité mais le hic c'est que, même s'ils sont récurrents, ils n'ont pas tous la même importance ou présence, et la structure même du roman n'aide pas.

Mais je vais trop vite. Carlos Fuentes raconte la révolution mexicaine (celle du début du XXe siècle, pas celle contre l'Espagne). Une période troublée, coup d'état par-dessus coup d'état, mouvements populaires, contre une élite probablement corrompue, dans tous les cas incapable de faire face aux besoins ou aux revendications. Cette histoire est racontée du point de vue de plusieurs personnages, certains s'entrecroisant, d'autres pas. Il y a les riches propriétaires terriens (certains se réfugiant à l'étranger, rentrant pour tenter de récupérer leurs biens) (comme la famille de Ovando), d'autres, un peu moins riches, à la tête de petites haciendas (comme les Zamacona), des officiers, des bourgeois (comme Federico Robles, qui sert un peu de héros, du moins, celui qui peut le plus prétendre à ce rôle dans un roman), quelques étrangers venus tenter leur chance et plusieurs autres, qui représentent autant de points de vue différents. Certains sont des révolutionnaires convaincus, d'autres ne sont que des citoyens ordinaires qui ne savent pas de quel côté va pencher la balance et qui, de toute façon, doutent que leur situation s'améliore peu importe qui se trouve à la tête du pays. C'était très représentatif de la société de l'époque et des étrangers de toutes sortes qui venaient y tenter leur chance.

Dans l'édition Folio, il y a bien au début un tableau chronologique des événements évoqués, en deux colonnes, présentant les vrais, ceux s'étant réellement produits, puis ceux inventés concernant les personnages fictifs. Je croyais lire un squelette du roman. Eh bien, plus ou moins. Les événements entourant les personnages sont présentés chronologiquement mais le roman bouscule cet ordre. En effet, le tableau commence avec la naissance de Federico Robles mais le roman débute alors qu'il est adulte. Plusieurs des événements entre les deux sont présentés en flashback à différents moments (et pas dans l'ordre non plus). Pareillement pour d'autres personnages ou situation. Ainsi, certains des événement figurant dans le tableau ne sont qu'évoqués, peut-être au milieu du roman, peut-être vers la fin. Ça peut être mélangeant.

Conséquemment, se faire une tête de ce roman imposant peut s'avérer une expérience difficile. Chercher le fil conducteur… ouf. Tout un défi. Eh bien, justement, mettez ça de côté. La vraie vedette de ce roman, c'est la révolution mexicaine, le peuple, la ville.

La plus limpide région ne transforme pas la révolution en geste héroïque. Puisque des personnages récurrents évoluent dans un cercle intellectuel proche des socialistes, parfois, j'avais l'impression que l'auteur lui-même avait des affinités avec la gauche (je regrette de ne pas m'être informé là-dessus avant d'entamer ma lecture). Toutefois, c'était suffisamment honnête pour ne pas idéaliser ce mouvement et présenter les limites du socialisme et de ses représentants. Et des Mexicains en général. Bref, La plus limpide région alternaient constamment entre échanges philosophiques, peinture sociale, critique et condensé des grands événements touchant le pays au début du siècle dernier. Un grand roman intéressant mais que la forme peut rendre difficile d'accès. Heureusement, il y a suffisamment d'humour pour alléger le tout.
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