Plus il était au pied du mur, plus un individu tendait à renoncer à penser par lui-même. Et une fois qu’il en était réduit à cette extrémité, il ne lui restait plus qu’à invoquer encore et encore le nom de l’ultime « autre » : « Mon Dieu ! »
C’était ça perdre la guerre. Hommes tués, femmes violées. Enfants enlevés ou massacrés. Les plus forts avaient droit de vie ou de mort sur les autres.
Plus un enfant est bête, et plus il est attachant.
On peut être grand homme et grand commandant militaire sans être grand buveur.
La vérité est très rarement belle.
A la prison, on avait commencé la rééducation des petits prisonniers du grand-duché de Grant. Ce processus consistait à changer la manière de penser des enfants des provinces conquises afin qu’ils épousent le point de vue Tudor. Ainsi les convertis étaient encore plus patriotes que les natifs de l’empire et comme contrairement à ces derniers, on pouvait les sacrifier, ils faisaient des recrues de choix.
Sur les pas de la fille, ils s’enfoncèrent dans la forêt. Le jeune garçon se demanda si elle l’emmenait dans l’Outre-Monde car, d’après la tradition nordique, des vierges guerrières venaient chercher ceux qui étaient morts en héros. Le moment était-il venu pour lui ? Seulement, sa situation n’avait rien d’héroïque et Bénédicte n’avait pas l’air d’une vierge guerrière.
C’était la réalité d’une défaite. Les perdants devenaient les choses des vainqueurs. Les mêmes scènes étaient sans doute en train de se dérouler partout dans le village. Massacres et viols, violences et pillages.
Les animaux, les arbres ou encore les esprits ne sont ni bons ni mauvais. Ils existent, tout simplement.
Un roi pouvait céder sa femme ou sa maîtresse à un vassal. Ce type de répudiation était le fait de ceux qui avaient plusieurs concubines et officiellement, servait à renforcer les liens entre le suzerain et le vassal. C’était souvent, en réalité, un moyen facile de se débarrasser d’une maîtresse encombrante… Les précédents ne manquaient point.