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Critique de kuroineko


Livre lu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je remercie vivement Babelio de m'avoir sélectionnée et les Éditions des Deux Terres pour leur envoi. Bonus supplémentaire : le plaisir de lire un roman avant sa date de parution officielle.

Je ne connaissais Alexandra Fuller que de nom, pour ses récits sur sa vie, qui se déroulent largement au Zimbabwe, l'ancienne Rhodésie.
Point d'autobiographie dans En attendant le printemps. L'auteure place son histoire parmi une réserve - dite de manière péjorative la Réz par ses Rézidents - d'une tribu de Sioux Lakota.
Le texte démarre en début d'année 1944, lors d'un hiver mémorable, pendant lequel naissent deux cousins abandonnés à leur grand-mère. Élevés comme des jumeaux par une mamie tout sauf gâteaux, l'un est taiseux, l'autre l'ouvre trop; l'un suit la ligne, l'autre déborde. Ces manières antagonistes de vivre ne font que s'accroître avec les années, l'un optant pour un retour vers la voie de la sagesse et des origines, l'autre pour les vices et la violence.

Le texte débute certes en 1944 mais l'auteure fait plusieurs fois référence aux croyances indiennes concernant le temps, circulaire. de plus, si Alexandra Fuller se focalise ici sur deux personnages principaux et quelques autres protagonistes, sa démarche porte une visée plus ample puisque partout aux États-Unis, comme au Canada, les Amérindiens se retrouvent généralement confinés dans des réserves, coupés de leurs modes de vie originels depuis des décennies. Quant à l'intégration au monde de l'Homme Blanc, ils sont confrontés aux préjugés, à toutes formes de racisme, du plus crasse au plus insidieux.

Comme dans Taqawan d'Éric Plamondon ou Jeu blanc de Martin Wagamese, Alexandra Fuller évoque les enlèvements gouvernementaux des enfants pour les élevés dans des pensionnats qui sont autant de prisons et de centre d'acculturation violente. le cours de son récit raconte également les réactions indiennes aux injustices et exactions des Blancs. Certains recherchent et remettent à jour, par une voie pacifique, les traditions et les savoirs d'antan. D'autres choisissent des réactions plus musclées. Tandis que dans la réserve, bon nombre sombrent dans l'alcoolisme et/ou la délinquance. Pour oublier. Pour s'oublier.

Le ton du roman reste neutre sans être froid. Alexandra Fuller permet par son histoire d'aborder la culture des Amérindiens, leurs conceptions du monde, de la vie, du temps. Elle montre en parallèle le salmigondis des agents des réserves, distribuant par exemple les certificats de pourcentage de sang indien.

En attendant le printemps est un livre très intéressant et instructif à lire. Les très courts chapitres suivent en général la trame du récit qui parfois dévie vers d'autres vies, d'autres souvenirs ou vers des propos plus existentiels propres aux Indiens. Mais qui, à y regarder de plus près, offrent une portée plus universelle. En tout cas, une très belle découverte tant pour le style que pour l'histoire elle-même.
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