AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


Merci aux camarades du Club Imaginaire de m’avoir accueilli en avril 2016 !

Allemagne 1565. Une cabale masquée s’apprête à exécuter par le bûcher le grand savant Conrad Gessner pour sorcellerie… Sortant de l’ombre, une créature de la nuit s’élance pour tenter vainement de sauver son maître avant de s’enfuir... Qu’importe, les assassins ont obtenu ce qu’il voulait : une reproduction d’un des six parties de la célèbre tapisserie intitulée "La Dame à la Licorne" envoyée par un mystérieux expéditeur italien, ainsi qu’une précieuse liste de noms à rayer du monde des vivants… La localisation de leur prochaine victime ? Paris ! Lancez le générique !!!
Le ton est donné ! Mathieu Gabella, fils prodigue des genres de l’imaginaire, mais pas seulement, a voulu marier à parts égale Histoire, Sciences et Surnaturel… Grand bien lui en a pris car on offre un cycle férocement fun quoi qu’assez dense sans parler d’un intrigue tout autant touffue que velue : plusieurs lectures ne seront pas de trop pour tout repérer et tout comprendre !
Nous entrons dans le récit par les yeux d’Ambroise Paré, chirurgien royal considéré comme le père de la chirurgie moderne, qui en officiant comme médecin légiste sur une série de meurtre va passer de l’autre côté du miroir pour découvrir un autre monde, entre plus violent et plus sombre que la réalité… Nombre de ses collègues ne sont pas morts mais bel et bien vivants, et si certains le sont restés c’est parce qu’ils ont été assassinés… Si les savoirs antiques ne correspondent plus aux observations du présent ce n’est pas que les Anciens avaient tort mais parce que la biologie humain est en train d’évoluer sous ses yeux ébahis, car quelqu’un a trouvé le moyen de s’accaparer les pouvoirs divins pour remodeler l’Homme à sa convenances et à ses intérêts… Et c’est ainsi que nous faisons connaissances avec les Primordiaux, incarnations vivantes des mythes et légendes, de la Vermine, agents microscopiques destinés à apporter malheur et destruction à ceux qui ne qui ne seront pas dans les petits papiers du Nouvel Ordre Mondial, et l’âme damnée de celui-ci à savoir l’Homme-Zodiacal !


Il y a un côté fantastique très intéressant :


Car oui, il y a aussi un côté comics / mangas assez plaisants.


Car oui, il y a aussi un côté clockpunk (Renaissance rétrofuturiste) associé à un côté biopunk (le rétrofuturisme appliqué aux biotechnologies).



Le récit est mine de rien particulièrement bien construit :
Dans le tome 1, le héros découvre ses alliés
Dans le tome 2, le héros découvre ses ennemis
Dans le tome 3, au bord du gouffre le héros déjoue le master plan de l’ennemi (enfin, c’est ce qu’il croit…)
Dans le tome 4, les cartes sont redistribuées et on affronte un boss à tiroir en suivant le cahier des charges du blockbuster jamesbondien avec injection massive de tension et de suspens, bref d’epicness to the max !
ATTENTION SPOILERS

Nous sommes également dans le vachement bien : les personnages font évoluer l’univers et l’univers fait évoluer les personnages :
- Vésale passe du cynisme à l’héroïsme
- Paré le bourru devient Paré au cœur d’or
- Nostradamus passe d’homme de réflexion à homme d’action
- le maestro qui a acquis l’immortalité se sacrifie pour le bien de l’humanité
- Marie passe de femme obéissante et fille soumise à strong independant woman badass
- Paracelse qui ne cesse de se geindre retrouve la jeunesse et les espoirs d’un monde meilleur qui vont avec…
La team Paré est largement composé de membres d’âge voire carrément de trompe-la-mort, ce qui donne à l’ensemble un côté tontons flingueurs très appréciable : oui qu’on se dise, les dialogues de Michel Audiard se marrie parfaitement bien à la prose de François Rabelais ! ^^

Quand on lit entre les lignes, tout n’est qu’allégories entremêlées : les sens, les vertus, les sciences, les croyances, les Anciens et les Modernes, l’eucharistie et le baiser du christ, le choix entre peste et choléra qui fait tomber de Charybde en Scylla (dictature, théocratie ou totalitarisme ? bravo le choix offert à nos héros !), la Quête du Graal, la rébellion de Lucifer/Satan, Lilith et Adam, l’Âge d’Or et le Jardin d’Eden, le Déluge et le Courroux Divin… Tout cela se croise, s’entrecroise, les éléments s’imbriquant les uns dans les autres pour former un puzzle très élaboré, brillant certes mais complexe il faut bien l’avouer (il faudra qu’on en reparle de ce fameux tome 4 ^^).
Mais au final quel est l’ultime message ? Science sans conscience n’est que ruine de l’âme bien sûr ! ^^
ATTENTION SPOILERS



Comme vous avez dû vous en rendre compte en me lisant, difficile de dissocier le travail du dessinateur et coloriste Anthony Jean (qu’on voit trop peu et dont je conseille le passage sur "Communardes !" de Wilfrid Lupano ainsi que les illustrations pour "L’Odyssée" d’Homère) de celui du scénariste Mathieu Gabella. Les deux compères semblent ici s’entendre comme larrons en foires : on voit dans les appendices qu’ils ont travaillé en duo voire en synergie. L’inventivité et l’innovation ont été rendez-vous, avec un travaille graphique soigné à tous les niveaux : dessins, découpage, encrage, colorisation… avec comme résultat des scènes d’action qui roxent du poney, un charadesign expressif (donc je ne suis pas toujours fan, mais c’est vraiment personnel et intermittent comme sentiment), mais surtout cette superbe ambiance sombre, crasseuse et poisseuse dans laquelle nos héros évoluent du début à la fin, eux qui sont partis de Paris et qui ont traversé les Alpes pour rejoindre Milan et Venise avant de rencontrer leur destin dans les Carpates… C’est presque une invitation au dreadful punk tout ça ! ^^ (le rétrofuturisme appliqué à l’horreur gothique)
Commenter  J’apprécie          3811



Ont apprécié cette critique (36)voir plus




{* *}