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Le scénariste A. Gabella a puisé dans les croyances, convictions et les découvertes faites dans les domaines de la médecine, mécanique, optique et microcosme du 16e siècle, pour raconter une histoire fantastique foisonnante (et parfois une peu confuse).

Le récit de cet enquête -parce que c'en est bien une- met en scène quelques scientifiques de la Renaissance : Paré, Nostradamus, Vésale, Paracelse, auxquels se joint la fille de Fracastor... et plus tard "le Maître", jamais nommé mais dont on devine rapidement l'identité.
Des tapisseries (ressemblant à celles d'Aubusson) placent l'équipe sur la piste d'un complot d'envergure qui semblerait suinter de l'Eglise... l'église qui à cette époque cherchait toujours à museler la médecine et ses avancées afin de garder le contrôle sur l'homme, son corps et son âme.
Paré et Vésale notamment, avaient observé depuis quelques décennies déjà, une mutation de l'anatomie et les humeurs humaines. Ce changement dans le corps humain paraissait lié aux origines de l'homme. Or, à l'origine, l'Homme n'était pas la seule race qui peuplait la terre... Il y avait des êtres qui, s'ils étaient encore présents à la Renaissance, et accompagnent nos scientifiques dans leur voyage à travers la France, les Alpes, l'Italie jusqu'en Transylvanie... sont considérés aujourd'hui comme légendaires ou mythologiques...

Dans un admirable "abracadabrisme" fantasmagorique -récit qui pourtant se tient parfaitement-, Gabella nous raconte la prénotion d'une découverte dans l'histoire de la médecine qui allait changer le monde... et qui explique aussi pourquoi nous ne rencontrons aujourd'hui guère encore des créatures fantastiques des anciens temps...

J'ai toute de suite accroché avec celui qui restera à travers les quatre tomes de cet intégrale le personnage principal : Ambroise Paré, un homme sensé, parfois emporté par une colère justifiée, n'hésitant pas à contester les prédicats de la médecine antique et sachant rester proche de ceux qui l'entourent malgré les péripéties qui ne manquent pas !

Peut-être plus que le scénario (que j'ai moins apprécié dans le 4e tome, plus fantastique, mais un peu trop "Opera seria de la fin" pour mes goûts), c'est bien le graphisme qui m'a parlé ! Les dessins sont précis (même dans les coins sombres des laboratoires, on reconnaît les fioles, pipettes, documents...), les personnages, humains comme créatures, possèdent des silhouettes plutôt anguleuses, mais dans les rares portraits, Anthony Jean sait remarquablement exprimer les sentiments par des traits plus doux. le "bestiaire" légendaire, étonnant par l'inventivité du dessinateur nous est présenté tout en muscles carminés et ossatures apparentes.
C'est avec le même soin pour le détail que A. Jean expose son art graphique de l'architecture (extérieure et intérieure)... fan de M.C. Escher, j'ai (évidemment) admiré la vue plongeante dans la "chambre secrète" du mystérieux "Maître" (p. 74 de l'intégrale ou planche 24 du tome 2)... Conquise, je suis !
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« Mon seul désir », la seule des six tapisseries de la Dame à la Licorne qui porte une inscription. Et la plus mystérieuse. Les cinq autres seraient l'illustration des cinq sens.

Interprétations communément admises : elle serait la représentation d'un sixième sens, celui de l'âme et des mystères de l'esprit ou plus simplement l'allégorie de l'amour courtois - « Ma maistresse, mon seul désir » vers célèbre de Charles d'Orléans - .

Se pourrait-il qu'elle soit les deux à la fois ?

Partir de ces tapisseries, aussi belles que fascinantes, comme fil rouge (je sais, elle était facile, celle-là !) d'une intrigue fantastique (au sens propre comme au sens figuré) complexe et originale, c'est là l'idée géniale de Mathieu Gabella. Mais cela ne s'arrête pas là !

Vous allez y découvrir un seizième siècle fascinant :
- les médecins, chirurgiens et barbiers qui se vouent une haine féroce, les uns engoncer dans un savoir académique, tout droit hérité de l'Antiquité, les autres, « apprentis sorciers », passionnés et animés d'une sorte d'euphorie née de la transgression des lois de la nature.
- le monde tel que le voit les scientifiques, astronomes et alchimistes, et ce sentiment de toute puissance de l'esprit humain, que va tenter de récupérer et étouffer à son avantage, l'Église, prête à tout pour asservir la multitude et posséder un pouvoir absolu sur l'espèce humaine.

Je ne veux pas trop en dévoiler, car j'aurai trop peur de vous gâcher la découverte de cette BD et j'aurai presque envie de vous dire que très vite, vous serez tellement happé par le coup de crayon d'Anthony Jean, que même l'histoire ne prendra pas le dessus… Alors, pas trop de développements sur le scénario, mais l'expression d'une grande claque : celle que je me suis prise à la découverte des dessins, des détails à foison et de la colorisation soignée qui évolue au gré du récit. Et ce déluge ! Une sacrée clef dans l'histoire et une satanée idée de génie de la part de Gabella !

Seul bémol : je pense qu'il aurait fallu quelques planches de plus pour permettre aux auteurs de poser le dénouement, sans déballer trop vite la fin.

Je m'aperçois que je ne vous ai même pas parler de la Licorne. Peur de trop en dire. Ou pas assez. Alors, laissons-là ! Car c'est ce qui fait aussi partie de ce sentiment général de tenir en mains « un petit bijou » : cette re-visitation de grands mythes, que nous prenons, pauvres fous qui gobons tout ce qu'on veut bien nous faire croire, comme ritournelles de troubadours ou paraboles de livres saints, alors qu'au bout du compte, il y a derrière tout cela, une autre réalité !

N'a t-il pas fallu tuer le Moyen Âge pour faire vivre la Re-Naissance, ce grand renouveau du monde occidental, surgi des décombres de cet âge qu'on voudrait nous faire croire arriéré et miséreux, sorte de néant insipide ?
Gabella et Jean nous en donnent la clef. La leur…

Et pourquoi pas ?!

Je remercie Tatooa et le club imaginaire, pour cette belle découverte. La lecture du mois prochain n'est pas encore fixée, vous pouvez toujours vous inscrire et venir découvrir d'autres belles pépites avec nous, si le coeur vous en dit ! ;-)
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Merci aux camarades du Club Imaginaire de m’avoir accueilli en avril 2016 !

Allemagne 1565. Une cabale masquée s’apprête à exécuter par le bûcher le grand savant Conrad Gessner pour sorcellerie… Sortant de l’ombre, une créature de la nuit s’élance pour tenter vainement de sauver son maître avant de s’enfuir... Qu’importe, les assassins ont obtenu ce qu’il voulait : une reproduction d’un des six parties de la célèbre tapisserie intitulée "La Dame à la Licorne" envoyée par un mystérieux expéditeur italien, ainsi qu’une précieuse liste de noms à rayer du monde des vivants… La localisation de leur prochaine victime ? Paris ! Lancez le générique !!!
Le ton est donné ! Mathieu Gabella, fils prodigue des genres de l’imaginaire, mais pas seulement, a voulu marier à parts égale Histoire, Sciences et Surnaturel… Grand bien lui en a pris car on offre un cycle férocement fun quoi qu’assez dense sans parler d’un intrigue tout autant touffue que velue : plusieurs lectures ne seront pas de trop pour tout repérer et tout comprendre !
Nous entrons dans le récit par les yeux d’Ambroise Paré, chirurgien royal considéré comme le père de la chirurgie moderne, qui en officiant comme médecin légiste sur une série de meurtre va passer de l’autre côté du miroir pour découvrir un autre monde, entre plus violent et plus sombre que la réalité… Nombre de ses collègues ne sont pas morts mais bel et bien vivants, et si certains le sont restés c’est parce qu’ils ont été assassinés… Si les savoirs antiques ne correspondent plus aux observations du présent ce n’est pas que les Anciens avaient tort mais parce que la biologie humain est en train d’évoluer sous ses yeux ébahis, car quelqu’un a trouvé le moyen de s’accaparer les pouvoirs divins pour remodeler l’Homme à sa convenances et à ses intérêts… Et c’est ainsi que nous faisons connaissances avec les Primordiaux, incarnations vivantes des mythes et légendes, de la Vermine, agents microscopiques destinés à apporter malheur et destruction à ceux qui ne qui ne seront pas dans les petits papiers du Nouvel Ordre Mondial, et l’âme damnée de celui-ci à savoir l’Homme-Zodiacal !


Il y a un côté fantastique très intéressant :


Car oui, il y a aussi un côté comics / mangas assez plaisants.


Car oui, il y a aussi un côté clockpunk (Renaissance rétrofuturiste) associé à un côté biopunk (le rétrofuturisme appliqué aux biotechnologies).



Le récit est mine de rien particulièrement bien construit :
Dans le tome 1, le héros découvre ses alliés
Dans le tome 2, le héros découvre ses ennemis
Dans le tome 3, au bord du gouffre le héros déjoue le master plan de l’ennemi (enfin, c’est ce qu’il croit…)
Dans le tome 4, les cartes sont redistribuées et on affronte un boss à tiroir en suivant le cahier des charges du blockbuster jamesbondien avec injection massive de tension et de suspens, bref d’epicness to the max !
ATTENTION SPOILERS

Nous sommes également dans le vachement bien : les personnages font évoluer l’univers et l’univers fait évoluer les personnages :
- Vésale passe du cynisme à l’héroïsme
- Paré le bourru devient Paré au cœur d’or
- Nostradamus passe d’homme de réflexion à homme d’action
- le maestro qui a acquis l’immortalité se sacrifie pour le bien de l’humanité
- Marie passe de femme obéissante et fille soumise à strong independant woman badass
- Paracelse qui ne cesse de se geindre retrouve la jeunesse et les espoirs d’un monde meilleur qui vont avec…
La team Paré est largement composé de membres d’âge voire carrément de trompe-la-mort, ce qui donne à l’ensemble un côté tontons flingueurs très appréciable : oui qu’on se dise, les dialogues de Michel Audiard se marrie parfaitement bien à la prose de François Rabelais ! ^^

Quand on lit entre les lignes, tout n’est qu’allégories entremêlées : les sens, les vertus, les sciences, les croyances, les Anciens et les Modernes, l’eucharistie et le baiser du christ, le choix entre peste et choléra qui fait tomber de Charybde en Scylla (dictature, théocratie ou totalitarisme ? bravo le choix offert à nos héros !), la Quête du Graal, la rébellion de Lucifer/Satan, Lilith et Adam, l’Âge d’Or et le Jardin d’Eden, le Déluge et le Courroux Divin… Tout cela se croise, s’entrecroise, les éléments s’imbriquant les uns dans les autres pour former un puzzle très élaboré, brillant certes mais complexe il faut bien l’avouer (il faudra qu’on en reparle de ce fameux tome 4 ^^).
Mais au final quel est l’ultime message ? Science sans conscience n’est que ruine de l’âme bien sûr ! ^^
ATTENTION SPOILERS



Comme vous avez dû vous en rendre compte en me lisant, difficile de dissocier le travail du dessinateur et coloriste Anthony Jean (qu’on voit trop peu et dont je conseille le passage sur "Communardes !" de Wilfrid Lupano ainsi que les illustrations pour "L’Odyssée" d’Homère) de celui du scénariste Mathieu Gabella. Les deux compères semblent ici s’entendre comme larrons en foires : on voit dans les appendices qu’ils ont travaillé en duo voire en synergie. L’inventivité et l’innovation ont été rendez-vous, avec un travaille graphique soigné à tous les niveaux : dessins, découpage, encrage, colorisation… avec comme résultat des scènes d’action qui roxent du poney, un charadesign expressif (donc je ne suis pas toujours fan, mais c’est vraiment personnel et intermittent comme sentiment), mais surtout cette superbe ambiance sombre, crasseuse et poisseuse dans laquelle nos héros évoluent du début à la fin, eux qui sont partis de Paris et qui ont traversé les Alpes pour rejoindre Milan et Venise avant de rencontrer leur destin dans les Carpates… C’est presque une invitation au dreadful punk tout ça ! ^^ (le rétrofuturisme appliqué à l’horreur gothique)
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Rares sont les ouvrages qui cumulent autant de qualités propre à me satisfaire.

D'abord le temps où l'action prend place. Nous sommes en Europe pendant cette époque secouée par des soubresauts de nouveautés qu'est la Renaissance. Les guerres de Religion commencent leurs ravages. L'Église Catholique sent son pouvoir menacé, et l'on peut voir l'action qu'elle mène dans le cadre de ce récit comme une réponse possible pour ramener dans son sein les brebis égarées. Une réponse d'un extrémisme… extrême, mais que je n'ai – hélas – aucun mal à imaginer de la part de fondamentalistes de n'importe quelle religion.

Ensuite l'approche scientifique utilisée dans ce récit de littérature imaginaire. L'un des thèmes fondamentaux est ici l'anatomie humaine. Nombre de protagonistes sont de célèbres médecins, chirurgiens ou chimistes du temps. Des hommes qui, refusant de s'en tenir aux canons de leur époque, vont proposer de nouvelles idées et souvent être voués aux gémonies pour cela. le plus surprenant – et donc jouissif – ici est l'idée que cette approche scientifique a toujours existé ; que les théories anatomiques du passé n'étaient pas farfelues mais cohérentes avec leur sujet (le corps humain) en ce temps-là. Mais un changement a lieu, et ce récit va nous expliquer le pourquoi et le comment. Sur ce créneau, j'ai ressenti les même guilis de plaisir descendant le long de la colonne vertébrale qu'à la lecture du cycle de l'Âge de Déraison de Greg Keyes.

Et puis il y a l'intégration de la mythologie, ou plutôt du bestiaire mythologique dont une nouvelle interprétation nous est offerte ici. Ces êtres, ce que les auteurs en ont fait, ont une importance capitale dans l'histoire.

Ce que j'ai raconté pourrait laisser penser qu'on a affaire à un ouvrage complexe et érudit. Taratata ! Ces éléments sont parfaitement intégrés dans une histoire dont l'action est à perdre haleine, où le sang gicle, où gentils et méchants sont incroyablement bien travaillés, où les plans et les tactiques de chaque camp – orchestrés de manière napoléonienne – s'entrechoquent avec brio (parfois ça m'a fait penser à Naruto). le scénario manie le suspense à la perfection et fait usage de méthodes cinématographiques pour synchroniser ses coups de théâtre.

Pourtant, parfois, on est obligé de sortir de l'histoire pour rester bouche bée à contempler un dessin fabuleux qu'il soit un décor ou une bête mythologique. du clair-obscur à la lumière, Anthony Jean fait évoluer son trait avec les révélations successives. Son travail sur ses personnage m'a fait penser à Andreas (Rork) ou Kevin O'Neil (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires). C'est vivant, percutant, et parfois simplement beau.

Tant d'éléments que j'oublie pour ne pas surcharger ce billet. Je remercie Tatooa et le club de l'Imaginaire pour cette découverte. Et à ceux qui ne connaissent pas et qui aiment l'Imaginaire, je ne peux que leur conseiller s'arrêter cinq minutes, de prendre une grande bouffée d'air, et de plonger en apnée dans ce récit hors normes.
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Pour tout avouer j'ai eu un peu de mal avec le "tome 1". Je l'ai trouvé confus et j'ai eu peine à m'y retrouver (j'ai lu les 4 tomes indépendamment et non l'intégrale mais puisque la lecture commune est sur l'intégrale je poste donc ici). Ce qui a vite été dissipé avec la suite. Cette BD gagne en dynamisme et en intensité tout au long des pages.

J'ai réellement apprécié cette histoire qui tourne autour de la science et du fantastique dans un contexte historique.
J'ai eu un gros coup de coeur pour Ambroise Paré qui est un homme de science direct et franc.
J'ai trouvé l'histoire ingénieuse en mélant découverte de la médecine à la Renaissance avec des monstres légendaires ou mythologiques, tout en parlant également de génétique et d'immunité (chose inconnue à l'époque).. le côté scientifique de cette Bd m'a particulièrement séduit.
Bref, même s'il m'a fallu un peu de patience pour complètement adhérer à cette Bd je suis maintenant complètement conquise.

Quand aux graphismes ils sont purement magnifiques : pleins de finesses et de détails. rien que le dessin d'un muscle (et il y en a beaucoup) parle de lui même.

Je ne peux que conseiller cette BD : ma note 4.5/5
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Une intégrale qui ne mérite certainement pas la note minable qu'elle a ici. Edit : qu'elle avait ici, un grand merci aux participants du Club Imaginaire qui m'aident à la remonter !
BD qui devrait être lue par des amateurs du genre "fantasy historique", non mais...
Je vais remédier à cela incessamment, et déjà je lui mets les 5 étoiles qu'elle mérite...

Après relecture pour le club imaginaire d'Avril 2016, le 22 Avril :

Les dessins sont fabuleux. Bourrés de détails, on peut s'y attarder des heures. Ils sont très sombres au début, pour s'éclaircir peu à peu.

L'histoire est fabuleuse aussi. J'admire l'imagination des auteurs, et je persiste à dire que c'est une des meilleurs BDs que j'ai jamais lues, tant par le fond que par le traitement pictural.

La culture des auteurs sur la période ne fait aucun doute, et l'agencement de l'ensemble, mythes et leur bestiaire, légendes vampiresques, maladies, implication de l'église, est incroyablement génial et "logique", c'en est hallucinant.

Cette relecture ne fait que confirmer (avec un plaisir renouvelé et une meilleure appréciation des images) la très haute estime que j'avais pour cette série, qui, de plus, est courte, ô merci les auteurs !

Coups de coeur répétés, crac...
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Ma première participation au club de lecture "imaginaire" m'a amenée à lire "la licorne", une série de bande dessinée scénarisée par Mathieu Gabella et illustrée par Anthony Jean. Cette première participation m'a permis de faire une belle découverte.

"La licorne" est une très bonne série, une oeuvre très réussie tant du point de vue narratif que visuel.
L'intrigue est très touffue, très dense. Presque trop, j'ai parfois eu un peu de mal à suivre. "La licorne" est le type d'ouvrage qui mérite sans doute plusieurs lectures pour en appréhender toutes les subtilités. le récit mêle habilement personnages historiques et éléments fantastiques dans un décor Renaissance parfaitement rendu.
L'intrigue est bourrée d'action et offre au lecteur moult péripéties. le tout n'est pas dénué d'une dose d'humour fort agréable. le seul bémol que j'objecterais est le côté parfois un peu bavard de l'ouvrage, il y a énormément de texte (surtout dans le dernier tome). Mais ce petit détail ne vient pas gâcher la lecture.

Le récit, en plus d'être trépidant et habité par des personnages attachants et bien campés, sort vraiment des sentiers battus. L'histoire est très originale, notamment dans l'utilisation des grandes figures mythologiques. le traitement de ces créatures est audacieux à la fois narrativement, l'auteur recréé toute une cosmogonie, et visuellement. La représentation des primordiaux, à la façon de planches anatomiques, tout en muscles et os apparents, est à la fois belle et macabre.

Poésie sombre que l'on retrouve dans tout le travail d'illustration d'Anthony Jean. le dessin est très beau, à la fois très fouillé, les cases fourmillent de détails qui invitent à la contemplation (à ce titre la représentation de l'atelier du "maître" est exemplaire), et très sobres. Les dessins sont toujours lisibles.
Le découpage est à l'avenant, dynamique, clair.

En général, je n'aime pas qu'un illustrateur ait recours à l'assistance des nouvelles technologies dans son travail. J'ai un petit côté old-school, j'aime le côté artisanal, peut-être un peu moins parfait mais plus humain. Je dois avouer que j'ai été surprise d'apprendre que Jean avait travaillé la colorisation sur ordinateur. Cela ne se voit absolument pas. A aucun moment, je n'ai ressenti un aspect artificiel qui aurait pu me gêner. On jurerait du "fait main". Les couleurs sont d'ailleurs très réussies, nuancées et profondes, notamment dans les scènes nocturnes.

Je remercie donc le club imaginaire, en particulier Tatooa, pour cette jolie découverte.

Challenge Petits plaisirs 2016 - 15
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De prime abord, j'ai eu un peu de mal avec le premier tome, confusion avec la profusion des personnages, des grosses bébêtes toutes d'os et de muscles, puis je me suis sentie en terrain connu, quand sont apparus Ambroise Paré, Michel de Nostredame mais aussi l'Inquisition. le fil est un peu picaresque dans les répartis pleines d'humour.
Puis au fil et à mesure que défilaient les pages, je me suis sentie captivée par ce mélange de fantastique et de médecine. Il fallait y penser fabriquer ou améliorer des humanoïdes à partir d'os et de muscles d'autrui. Penser à la transformation du corps humain à travers les mikrobios, comme la nanotechnologie de notre époque.
Il faut s'accrocher dans le déroulement de l'action, car ça va vite, très vite, et dans les dialogues et dans les planches.
Les trames se distinguent bien dans chaque tome mais j'ai eu une préférence pour les deux derniers.
Ce que je peux dire c'est que les auteurs réussissent à nous accrocher, nous lecteurs par la montée en puissance de l'histoire. Un savant mélange de l'époque de la Renaissance, siècle des découvertes importantes niveau voyages de part le monde, mais aussi voyage à l'intérieur du corps humain, élément infime mais si complexe.
Des allusions très appuyées sur la mythologie antique avec l'apparition des titans, du bestiaire mythologique, des premières créatures d'avant le déluge.
Et puis quel panel de savants, médecins, scientifiques. de quoi se plonger à nouveau dans cette époque si riche de découvertes.
Un plus pour moi, qui suis fan de broderie, la mise en évidence de ces magnifiques tapisseries murales de « La dame à la Licorne » qui sert de trame importante dans le déroulement de l'histoire.
Une lecture à la foi touffue mais passionnante, à se dire qu'une première lecture ne suffit pas. Une deuxième s'impose à tête reposée et en s'attardant sur les planches. Ce que je ferai prochainement. Je préfère laisser un peu de temps pour mieux le reprendre pour mieux le déguster...comme un bon plat, c'est meilleur réchauffé.







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Les auteurs de cette histoire ont su très bien mêler le fond et la forme. Pour le fond, une partie des ingrédients ne sont pas inédits : en pleine Renaissance, la lutte entre l'église et la science et la porosité entre la science et l'occultisme. Là où Mathieu Gabella et Anthony Jean font un choix intéressant, c'est que plutôt que de jouer sur les oppositions entre ces différents éléments, ils ont opté pour un scénario qui les unifie, les relie tous. La période historique choisie est, de plus, propice à un autre rapprochement : celui entre des penseurs / scientifiques européens et l'antiquité. Ajoutez à cela à une dose de fantastique et nous voilà à croiser Minotaure, Chimère, Sphynx et bien d'autres créatures mythiques, empruntées aux différentes cultures qui se sont succédées sur un territoire allant des colonnes d'Hercule à l'Asie mineure (le reste de l'Asie, l'Amérique ou l'Afrique ne sont pas intégrés ; cela aurait sans doute fait trop, mais le destin du monde vu seulement d'Europe, c'est toujours un peu caricatural...). le groupe de médecins (Ambroise Paré, Andreas Vésale, Paracelse...), mené par Nostradamus, doit résoudre l'énigme de la tapisserie de la dame à la Licorne, qui permettra de déjouer un complot visant l'asservissement de l'humanité. Il n'est pas forcément utile d'en dire plus car le scénario se dévoile progressivement et reste cohérent jusqu'à la fin. Et la forme alors ? Et bien un des enjeux de la médecine de la Renaissance est de comprendre comment le corps fonctionne, des muscles au système nerveux. Les personnages sont d'ailleurs plusieurs fois amenés à échanger sur ces questions. Pour retranscrire cela, le dessin est nerveux, faisant ressortir les muscles des corps, les traits anguleux des visages. Cet aspect est particulièrement marqué pour les corps des primordiaux, noms donnés aux créatures mythiques, leur conférant un aspect un peu étrange de prime abord (ils ressemblent tous à des écorchés) mais finalement servant à la fois l'histoire et l'ambiance. Les décors sont fouillés, montrant une multitude de détails dans certaines scènes, chacun ayant son importance. Une réussite de bout en bout alors ? Pas totalement. Il y a une certaine linéarité du scénario, basé sur un schéma un peu répétitif (mystère, découverte, retournement de situation, scènes d'actions toujours plus grandes, jusqu'à la révélation finale). Ce n'est pas désagréable mais on peut supposer que le découpage de l'histoire en différents tomes de 48 pages amène trop à standardiser le déroulement de chaque étape de l'histoire. Il reste tout de même un mystère pour moi à l'issue de cette lecture
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Y'a les supers héros de chez Marvel et ceux de Gabella & Jean, ils s'appellent Nostradamus, Paracelse, Leonard de Vinci ou Ambroise. Comme c'est pratique les intégrales ! Ici les animaux mythiques comme le léviathan ou le sphinx sont des écorchés. En 2009, l'exposition anatomique « our body, à corps ouvert » avait défrayé la chronique considérée comme une atteinte illicite aux droits humains. J'avoue que les premières pages avec pour protagonistes les primordiaux sont un peu rudes à l'oeil. Ici médecins et scientifiques émérites se confrontent bien entendu à l' Église comme au vampire. C' est un combat pour sauver l' humanité qui vous fera voyager de Paris à Venise dans une belle ambiance médiévale pop ! Les planches sont magnifiques. La gondole vénitienne file sur l'eau comme pilotée par le surfeur d'argent. Ambroise est magnifique doté de ses ailes. le duo a accordé une belle place dans cette intrigue à l'ensemble d'exception de la tapisserie médiévale : la dame à la licorne. Quelques pages additionnelles abordent les thèmes évoqués dans cette saga : courtes biographies, opérations chirurgicales de l'époque, du dogme à la science …Une référence de la bande-dessinée à inclure dans les boutiques de musée comme …Cluny, je suis enthousiaste assurément.
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