- Laissez-moi ! répétai-je.
- Bon, Comme tu veux.
Ugolin me tapota amicalement l'épaule. Pernelle m'adressa un regard rempli de tendresse et de compassion. Elle soupira profondément puis, de la tête, fit signe à Ugolin de la suivre. Ensemble, ils sortirent, me laissant seul avec ce que je ne pouvais voir que comme l'acharnement du mauvais sort.
Une main infirme m'apparaissait comme une iniquité de plus. Je ne saurais dire combien de fois je maudis Dieu de me rendre encore plus difficile la tâche déjà ingrate qu'il m'avait imposée, et, n'eût été que je l'avais déjà renié, je l'aurais fait sans le moindre remords.
Quitter Toulouse fut l'une des choses les plus difficiles que je fis de toute ma vile existence. Je devais laisser derrière moi le seul endroit où j'avais été un tant soit peu à ma place et abandonner plusieurs de ceux qui m'étaient devenus chers. J'avais le sentiment de m'exiler, pour autant qu'un damné destiné à errer seul parmi les hommes puisse prétendre s'enraciner quelque part. Sans que je m'en aperçoive, le Sud tout entier s'était insinué en moi. Mais je n'avais droit à rien de tout cela.
Un plan prenait forme dans ma cervelle.
- Tu as un rasoir dans ton coffre ?
- Euh... Oui, pourquoi ? (Pernelle)
- Je te l'expliquerai pendant que tu me rases le crâne.
- J'ai l'air d'un barbier ? s'insurgea-t-elle.
- Tous les chirurgiens ne le sont-ils pas ? la taquinai-je avec un sourire.
- L'homme est une bête cruelle. Il dévore sans remords ceux qu'ils considère comme plus faibles. (Gondemar)
- J'ai essayé, Gontier, de toutes mes forces. Si, pour une fois, j'avais pu me conduire comme mon père l'a toujours voulu... Être une bête semble pourtant si facile. Mais je n'ai pas pu. (Guy de Montfort)
- On ne fait pas un loup d'une brebis en lui offrant des canines, sire. Vous en auriez été incapable même si votre vie avait été en jeu. (Gondemar)
Depuis ma résurrection, la Vérité m'avait défini tout entier. Je n'avait existé que par et pour elle. Elle m'avait façonné, sculpté, créé, comme les artistes l'avaient fait pour ces fresques qui n'attendaient que moi.
L'épée est l'instrument par lequel le mensonge et le Mal seront détruits.Tirée des Ténèbres de son fourreau,elle est la Lumière qui émane du Dieu du bien et qui défend la vérité.Tu la chériras désormais non pas comme un instrument de mort , mais de justice , une compagne fidèle et obéissante avec laquelle tu n'hesiteras pas à te lancer dans le trépas pour la cause.