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Critique de Bibliozonard


Gondemar de Rossal suivi de ses fidèles compagnons Pernelle et Ugolin, quitte le pays cathare, pour joindre le Nord. À Gisors plus précisément. Là où, non seulement, se trouve la seconde partie de la vérité, mais aussi, la clique dont les blasons sont associés aux couleurs des croisés. D'une manière inattendue, le trio rencontre Alain de Pierrepont, le garde du corps du fils de Simon de Montfort, Guy. Un fils rejeté dont les goûts artistiques et sexuels déshonorent la virilité combative d'un père guerrier légendaire. À la suite de ce comité respecté et craint, en plus des marchands et des catins qui sont présents pour vider les bourses, marche un régiment de croisés de retour de quarantaine… Tous progressaient dans la même direction. Pourquoi le fils Montfort était-il chargé de se rendre là-bas en même temps que Gondemar et les siens ? Étranges coïncidences ! Gondemar prendra les devants en s'infiltrant chez l'ennemi. Il deviendra le protecteur de Guy de Montfort afin de lui soustraire toutes informations nécessaires qui l'amèneraient à découvrir, le cas échéant à subtiliser, la seconde partie de la vérité.
Un périple douloureux attend Gondemar, le Lucifer, porteur de la lumière. Il dut s'éloigner de l'amour rencontré à Toulouse, Cécile de Foix et sa famille. Il doit composer avec les remords, la fraternité, la fidélité indéfectible à l'ordre des 9. Il est bringuebalé entre l'espoir et le découragement, entre le désir viscéral d'aboutir et celui de mourir épuisé par le dégoût. Obtiendra-t-il son salut à l'issue de cette lourde tâche ? Comment ne pas sombrer quand il passe par son village d'enfance, où tout commença ? À Rossal, le poids de sa conscience s'alourdit, les cauchemars s'amplifient. L'heure de rouvrir les plaies suintantes du passé sonne.
« Que je le veuille ou non, ma vie ne m'était que prêtée et elle était ma prison. La seule chose qui restait à déterminer était de savoir si je passerais l'éternité en enfer ou au paradis. Dans un cas comme dans l'autre, le bonheur terrestre n'était pas pour moi » (P14).
Tout se maintient, le sens du détail, l'époque rude, hostile. le temps où les individus doivent être constamment sur leurs gardes, jamais à l'abri de brigands ou de croisés assoiffés de vices, se soumettre à la maladie. Il en ira de même pour les « héros » de l'histoire qui doivent avancer sous le sceau du secret, se cacher, surveiller leurs dires. Les aléas favorisent le temps du récit et l'action est beaucoup plus mouvante. le risque de se languir dans un long pèlerinage inconsistant est supprimé.
Un doute est survenu pendant la lecture. Jusqu'au 2/3 du moins. Gondemar semble aveugle, trop sûr de lui, et ne s'en tient qu'à une seule possibilité pour retrouver la vérité. Il prend des risques énormes, c'est vrai. Mais naïvement, il reste campé sur un point de vue qui aurait pu ne rien avoir avec ce qu'il croyait, et, faire fausse route complètement. Il s'est détourné de son objectif avec ses suspicions et ses convictions. En gros comment peut-il être convaincu qu'une seule voie est la bonne sans s'imaginer qu'il est peut-être manipulé ?
Un doute qui n'a pas subsisté. D'abord, il ne faut pas oublier que l'histoire est racontée par Gondemar lui-même. C'est sa propre vérité, sa réalité. Donc il montre qu'il n'est pas aidé par des forces divines, qu'il n'a pas de pouvoir magique non plus, qu'il est intelligent, mais égaré parfois et donc imparfait.
Pour finir, un retournement de situation astucieux aura balayé mes diversions et répondu à mes questions.

Ce que j'espérais à l'issue du tome 1 :
« Une intervention dont, à la fin de l'héritage des cathares, j'espère retrouver le même maintien de l'ambiance, de rebondissements, de surprises, affrontements physiques et idéologiques, de guerre abattoir, le peu de place offert à la joie dans la misère du siècle, la dureté, la légèreté de l'écriture, la force de conviction en bien ou en mal qui insuffle le courage dans une atmosphère d'insécurité… »
Je le retrouvai dans ce troisième opus. Haut en suspens, à l'intrigue cohérente. Et donc, ma crainte de la redondance que j'eusse précisé au départ s'estompa. Je fus pris par le tout.
Je trouvai un contre-pied à ma réticence devant les pertes de connaissances trop présentes dans le tome 2. Cette fois, et c'est ce que j'ai trouvé plus à propos, c'était le rêve et les cauchemars qui prirent le relais. Un choix judicieux qui se glissa aisément (pour le regard du lecteur) dans la triste aventure. Voilà comment entre autres vient l'apparition de Métatron à Gondemar, qui est là pour lui rappeler sa tâche d'origine… Je me réjouis de retrouver des combats épiques et je rencontrai un périple moins sanglant. Mais très tendu. À point sur la tension. La fin fût étonnante, le coup de théâtre de 3e partie fonctionna aisément.
Le lecteur voudra absolument savoir comment les détenteurs de la vérité s'y prendront pour la trouver. Et après, évidence, qu'en feront-ils ? Qui règnera, le catholicisme ou le catharisme (même si l'histoire nous l'a déjà appris, l'espérance que la fiction dépasse la réalité est grande) ?
Là, l'auteur sort son atout, surprise inattendue. Un final applaudi, le public réclame un retour sur les planches.
Je fus séduit par ce troisième tome réussi. Je trépigne d'impatience à l'idée de feuilleter l'ultime ouvrage de cette belle saga qu'est « Damné ». Car au train où vont les choses, je sens que ça va chauffer… Je suis très curieux de connaître le dénouement, Sainte mère de Dieu ! La vérité dévoilée ? le salut de Gondemar ? Pernelle et Ugolin ?
On s'attache, on s'attache, que voulez-vous.
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