J'ai roulé au cœur de paysages aux langueurs acides .
Des champs de coton gavés de pesticides ,
des étendues de maïs aux sillons stériles
et des horizons d'épis de blé au garde-à-vous ,
pas une tête qui dépasse ,
dans lesquels on traquait le coquelicot soyeux ,
le bleuet des poètes
et les pensées égarées à grand coup d'herbicide .
Le ciel monochrome s'ennuyait ferme .
Des nuages couleur cendre ,
[...]
paysage sous chimio .
Je n'aime pas les carrefours. Ces routes qui se croisent et se ressemblent tant. Leur antagonisme m'oppresse. Je préfère les longues lignes droites. J'aime quand le temps passe sans faire de vagues.
Une lune pâle s'est installée haut dans le ciel. Près de la berge, mon regard a été attiré par des bruits d'eau. Des loutres flottaient sur le dos en croquant un poisson. Elles étaient nombreuses, peut-être une dizaine, drapées de varech. Des petits dormaient sur le ventre de leur mère, insouciants. J'ai fermé les yeux. Ce monde est vraiment étrange. Il cache sa violence derrière des scènes attendrissantes, des animaux à l'allure débonnaire et un calme apparent. C'est ce qui fait sa force.
Le visage que montre la nature diffère selon l’angle sous lequel on l’appréhende
-Des fois, les mots, ça venge.
La mer avait mauvaise mine. Elle psalmodiait un vague requiem.
Il est des heures infiniment plus longues que d’autres.
« Un soleil rouge embrasait les sommets enneigés qui se miraient dans les eaux de la baie . La forêt n’était plus qu’une masse noire informe. Cette immensité rougeoyante ne faisait qu’attiser mon désarroi » .
« Il est difficile de savoir combien un homme s’est simple ou compliqué . Quand on devient trop sûr , généralement on se trompe .
« Il y a ceux qui dévorent et ceux qui sont dévorés. C’est un bon principe de départ . Et ceux qui dévorent sont - ils plus immoraux que ceux qui sont dévorés ? » ….
JOHN STEINBECK .
- La vie a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.
- Pas la vie, Clarissa, les hommes. Ce sont eux qui nous construisent ou nous démolissent. Les meilleurs côtoient les pires, c'est ainsi.
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