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Critique de JIEMDE


Forcément, quand t'es un peu bronzé, barbu, en survet' et que tu te retrouves placé à côté d'un sac abandonné en plein RER B, t'hésites avant de le signaler. Car de témoin vigilant à suspect potentiel, il n'y a qu'un pas, que d'aucuns ont vite fait de franchir. Bon réflexe. Mais mauvais raisonnement. Et début du bad trip…

Petite cause, grands effets : cet incident va entraîner Hakim, auteur de BD talentueux mais en attente de succès, dans une fuite en avant psychotique à travers Paris et sa banlieue. Un prétexte à passage en revue de tous les maux qui touchent les Français dont les ascendants naquirent autrefois ailleurs, et de tous les mots qui caractérisent leur quotidien si éloigné de celui des fameux premiers de cordée qui en édictent pourtant les codes.

Les mots, parlons-en des mots : ceux de Diniz Galhos sont bruts, inventés, tranchants, pluriels ou même portnawak, au choix ; et un peu de tout ça à la fois. Ils surprennent, choquent, agacent parfois, mais interpellent souvent. Comme sa construction narrative, faite de fulgurances fracassant son histoire, d'apparitions inattendues de phylactères ou d'interjections partiellement graissées. Cela sera rédhibitoire pour certains, jubilatoire pour d'autres. Amusant puis anecdotique en ce qui me concerne.

Mais au-delà de la forme, il reste un fond puissant visant à dénoncer l'accumulation – pour ne pas dire l'insupportable trop plein – de préjugés, stéréotypes, vexations quotidiennes et mesures arbitraires dont sont victimes Hakim et tellement d'autres, dans une société française qui n'a évidemment pas évolué au rythme de sa population. Pour autant, et sans en juger la sincérité, ce long cri semble constamment osciller entre l'injustice réelle et la paranoïa, ce qui m'a fait parfois regretter l'excès de « trop », et l'absence de mesure.

Il reste à la fin une lecture forcément interpellante, surtout lorsqu'elle intervient quelques heures après la sauvagerie de Conflans…
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