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Critique de Sarindar


On préférera, de loin, le portrait de Robespierre signé Max Gallo à la biographie qu'écrivit Laurent Dingli, et qui, elle, fut moins bien inspirée : Max Gallo voit justement de la solitude dans l'histoire, le parcours, la pensée et l'inspiration de cet homme, mais ne va pas plus loin, et, en cela, il a raison ; Laurent Dingli va jusqu'à ranger Maximilien de Robespierre parmi les plus dangereux des paranoïaques, du genre de ceux qui se trouvent tellement d'ennemis qu'ils font radicalement le ménage autour d'eux (et c'est là une erreur historique et une mauvaise analyse psychologique, car c'est excessif ; si Robespierre eut bien quelques tendances de cette nature, on ne peut le cataloguer dans les cas cliniques extrêmes comme l'a fait de manière excessive Laurent Dingli).
Le vrai problème de cet homme est celui de la sincérité, sans doute trahie à l'épreuve du pouvoir : il était un adversaire de la peine de mort, mais il y eut finalement recours, et souvent fort mal ; il n'aimait pas le tour que prit à un moment la Révolution lorsqu'elle devint belliqueuse au point de déclarer la guerre à plusieurs pays européens ("nul n'aime les missionnaires armés"), et pourtant il n'y mit pas fin, la soutint tout au contraire lorsqu'il entra au Comité de Salut Public.

Incorruptible, il était avant d'accéder au pouvoir, et incorruptible il resta lorsqu'il y parvint, reconnaissons-lui ce trait.

Mais c'est bien un homme solitaire, qui refuse de transiger sur certains points, ce qui est parfois à son honneur : la perception qu'il a de l'hypocrisie De La Fayette, de l'esprit intéressé et corrompu de Danton, de la dangerosité de vouloir éradiquer toute référence à un Absolu nommé Être Suprême (ce en quoi il s'opposait aux Voltairiens, bien trop radicaux sur cette question et qui voulaient évacuer Dieu au profit d'une "propriété privée inviolable et sacrée" inscrite parmi les droits listés dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen), et son désir de fixer au moins des prix maximums pour que tout un chacun puisse par exemple acheter son pain et pour empêcher les spéculateurs de faire des profits sur le dos du commun des mortels) attirent notre sympathie ; mais nous ne l'approuvons pas d'avoir envoyé tant de gens, plus ou moins innocents, plus ou moins coupables, à la guillotine.
Il tomba non parce qu'il était un tyran (ce qu'il était en partie, il est vrai, bien qu'il s'en défendît), il chuta surtout parce qu'il menaçait des intérêts.
Voulant demander des comptes à de vrais bouchers : Fouché (ce qui était s'en prendre à Collot d'Herbois) et à d'autres, qui avaient commis des crimes de masse (à Lyon, à Nantes et ailleurs), il vit ces gens-là manoeuvrer des députés de la Convention qui se crurent menacés par Robesbierre parce que Fouché avait fait circuler de fausses listes de futurs suspects sur lesquelles leurs noms apparaissaient, et cela au moment où l'Incorruptible commit l'erreur de dire publiquement que des têtes allaient tomber, mais sans préciser lesquelles.
Le "régime" de Robespierre fut renversé par une coalition d'assassins (qui ne valaient pas mieux que lui sous ce rapport), de fripons, de poltrons et de financiers qui eurent intérêt à mettre fin ensemble au règne de la Terreur pour "terminer la Révolution". Ce fut Thermidor.

Max Gallo a bien montré comment Robespierre fut un solitaire, même s'il eut des soutiens, il demeura le même, du début à la fin, de sa jeunesse à sa mort. Cela fait de lui un être singulier dans notre Histoire, parfois admiré, et parfois haï. le livre de Max Gallo nous donne de cet homme l'un des portraits les plus équilibrés.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)
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