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Critique de danslabibliothequedanne


Un conservateur de cimetière n'est ni un guide, ni un garde, en tout cas pas comme on pense.
Il est le garant juridique, après avoir fait des études de droit, des concessions, des archives, car oui,il y a un service juridique des cimetières. Il a la charge de trouver les rares emplacements vides de corps et de construction, et est le coordinateur des divers agents travaillant en ces lieux. Entre autres !

C'est ce que nous raconte, entre autres choses, Benoît Gallot conservateur du Cimetière du Père-Lachaise.

J'ai trouvé ce livre qui, attention, n'est pas un livre de photos même s'il y a quelques illustrations, absolument passionnant !

Ceci dit vous pouvez retrouver ses photos sur son compte Instagram La vie au cimetière, @la_vie_au_cimetiere et j'espère qu'un jour nous aurons la chance d'avoir un livre de ses photos entre les mains.

Cet homme jeune nous raconte sa vie de fils et petit-fils de gérants de pompes funèbres, et comment il s'est retrouvé finalement par hasard au Père Lachaise, lui qui n'avait pas désiré reprendre l'affaire familiale.

Il nous raconte aussi rapidement la vie des cimetières parisiens et comment celui-ci a été construit sur l'ancien parc d'un domaine de jésuites, sa toponymie accidentée pour partie, sa flore et sa faune, avec bien sûr la mise en avant des petits renardeaux qu'il avait rencontrés au moment du Covid, et qui j'espère pour eux, pour la plupart, sont devenus des adultes en âge de procréer.

Même s'il rappelle évidemment que la fonction du cimetière est d'être un lieu pour le recueillement, les morts et les gens endeuillés, certainement pas un parc à touristes (3 millions de visiteurs par an...) j'ai adoré qu'il soit mon guide dans le livre à travers les allées, et à travers plein d'anecdotes, et légendes.

Il a à coeur de faire en sorte que les différents publics puissent cohabiter sans déranger les endeuillés, minoritaires, mais prioritaires.

Tout le monde ne peut d'ailleurs pas être enterré au Père-Lachaise, Benoît doit régulièrement l'expliquer à des familles désemparées de ne pas pouvoir accéder au désir du défunt.

Avant tout j'ai retenu que pour lui le Père Lachaise doit être un lieu où on doit se perdre. La meilleure expérience est d'aller se balader sans plan, qui d'ailleurs, ne sont pas utiles pour tout le monde puisque des gens s'y perdent même avec un plan ! 😉 On ne peut pas tout voir le même jour et je suis d'accord avec lui que c'est en ne cherchant rien, qu'on doit tomber sur les plus belles choses, arbres centenaires, architecture ou statuaire originales.
Sachez tout de même qu'un plan est inséré dans le livre.

Je crois que le Père-Lachaise nous fascine tous parce que notre rapport à la mort aujourd'hui est biaisé, on ne voit plus les morts, on ne les veille plus, 40 % des gens se font incinérer, et les cimetières ne sont plus que des lotissements de tombes faites en Chine ou en Inde. 😐
Sauf quand les municipalités décident de leur redonner de la verdure et des arbres, grâce à l'interdiction maintenant bien ancrée des produits phytosanitaires, et auquel cas, cela peut redevenir des lieux de méditation et au sens premier, des jardins du souvenir.

J'ai aimé lire que tous les gens que Benoît Gallot connaît et qui travaillent comme professionnels du funéraire, sont des gens heureux de se lever chaque matin et de donner sens à leur quotidien, jour après jour.
Dans le petit milieu des personnels de cimetière, l'expérience se compte en Toussaints et non pas en années !

Il faut rappeler aux joggeurs et aux cyclistes qu'il est interdit de faire du sport dans le parc, il faut régulièrement rappeler aux gens de ne pas oublier les endeuillés, et si la majorité des gens adoptent une attitude respectueuse dès l'entrée, il y a régulièrement des originaux qui se promènent dans le cimetière et qui parfois même essaient de s'y faire enfermer le soir...

En parlant de se laisser enfermer dans le cimetière, Benoît et sa famille habitent un logement de fonction, ce qui est régulièrement questionné par leur entourage. Il y a toujours des moments amusants quand les enfants invitent leurs petits camarades à un goûter d'anniversaire dans l'appartement, pour donner l'adresse aux parents et leur faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'une blague...!

Pour terminer, je me permets de reproduire quelques lignes, pour savoir si les enfants, justement, peuvent se rendre au cimetière, moment que j'ai toujours adoré depuis que je suis toute petite. J'ai trouvé sa réponse très belle :

[...] Vous allez aussi les aider dans leurs apprentissages. Vos enfants pourront développer leur sens de l'orientation, apprendre à lire un plan, s'exercer à la lecture en déchiffrant les épitaphes ou les chiffres romains, faire des soustractions de tête pour calculer l'âge de décès des défunts, s'intéresser aux oiseaux, aux arbres et ramasser des marrons. Quand ils tombe-
ront nez à nez avec la tombe d'un enfant, ils comprendront que la mort ne concerne pas seulement papy et mamie, et pourquoi
papa et maman insistent autant sur la nécessité de regarder à gauche, puis à droite avant de traverser la route. Parler de la
mort avec eux les aidera à mieux profiter de la vie. Emmenez- les au Père-Lachaise, ils vous remercieront plus tard."
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