– C’est de la folie, on va se tuer ! J’arbore un sourire en banane en criant ça.
Tous les soixante-quinze mètres, une tour de guet bloque le passage. En tête, la Porsche conduite par Petrus fonce dessus. C’est alors que je vois une mini porte temporelle se dessiner sur la façade avant du fort. Petrus s’y engouffre et resurgit aussitôt de l’autre côté. Impressionnant pour les pilotes, mais une simple ligne de code pour les chrono-hackers. Rouler sur la Muraille s’avère un vrai plaisir, même si les lacets sont nombreux et si le pavage abrupt secoue l’habitacle au point que ma mâchoire en tremble. De chaque côté se dessinent des paysages grandioses. Montagnes boisées, falaises surplombant des lacs aux reflets verts. Après une dizaine de kilomètres de ce spectacle féérique, l’application affiche la fin de l’étape. Absorbée par l’enchaînement serré des lacets, je ne vois qu’au dernier moment la pluie de flèches nous tomber dessus. Elles se plantent sur les carrosseries et les transforment en hérissons. Hallen déporte sa moto pour éviter une volée de dards et bascule dans le vide. Je dérape sur les pavés et freine pour stopper à l’endroit où la Harley a franchi le parapet. Je me rue hors de l’Austin.
Extrait de « Soixante secondes chrono » de Xavier-Marc Fleury