AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de FredericSoulier


Mon retour sur Laisse tomber, du rondouillard et talentueux Nick Gardel.

C'est la troisième, ou quatrième, je ne sais plus, perle noire du gazier que je m'enfile. C'est ce que j'appelle une valeur sûre. Il y a des auteurs comme ça dont on est certain qu'ils ne vont pas vous décevoir, autant qu'on est sûr que certains autres ne vont pas vous enthousiasmer.
S'il y a une chose que je peux lui reprocher, à part son attirance pour les jeux de mots - qui sont, je vous le rappelle, des pets de l'esprit - à laquelle il peut rien, le pauvre... s'il y a bien quelque chose que je peux lui reprocher, c'est un certain mal à s'affranchir de ses maîtres et à sortir de ses petites habitudes d'écriture.
Le style truculent à la Audiard, c'est bon, on sait qu'il le maîtrise, il fait ça parfaitement, mais qu'est-ce qu'il y a d'autre sous le capot de cette DS qu'est Gardel ?
La réponse est peut-être dans ce nouveau roman. Gardel prend un virage, non pas à 180 degrés comme tu t'attendais à ce que j'écrive, gorgé de poncifs que tu es, mais à 51. Degrés.
Comme le pastaga.
La truculence est toujours là, mais elle se dote d'un fond plus rugueux, avec davantage de relief. La nostalgie est toujours là, mais au service de ses (vieux personnages), et pas pour flatter celle de l'auteur. Gardel a des choses à dire, sur la vieillesse qu'est un naufrage et qui lui pend au nez, comme je l'ai fait sur Epilogue, comme l'a fait un auteur indépendant que je m'apprête à lire. La vieillesse, un thème à la mode, je trouve, en tout cas en littérature. Les antihéros que Gardel met en scène sont criants de vérité, et le côté polar de cet ouvrage est anecdotique. le meurtre n'en est même pas un, mais ça suffira à ceux qui aiment bien ranger les livres dans des cases...
C'est une fois de plus à une petite leçon d'écriture à laquelle nous convie donc Gardel, dont le mot est toujours juste, et qui fait paraître facile le boulot abattu. Par exemple, les réflexions du gros bonhomme par qui tout arrive sont aussi hilarantes que pleines de bon sens. Dommage que ses états d'âmes ne prennent pas plus de place dans le bouquin, j'aurais bien fait un bout de chemin plus long avec ce type aussi lymphatique que lucide.
Oui, il a encore progressé, ce bougre de Gardel. Il m'a fait rire plus qu'il m'a ému, à cause de sa fichue verve qui fauche un peu au pied les émotions. J'ai fortement pensé à Daniel Pennac en lisant ce roman. Y a pire comme référence.
J'attends encore que, comme Pierre Lemaître qui délaissa pour le meilleur son terrain de prédilection (le polar noir) pour de la "blanche", Gardel hausse encore ses ambitions d'un cran et offre le chef d'oeuvre qu'on est en droit d'attendre d'un type aussi doué avec son clavier.
Une dernière chose : j'ai été assez déçu par la fin. Je ne sais pas ce qu'il se passe, en ce moment, avec les livres que je lis, mais c'est comme des massages thaïlandais sans la finition.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}