Ce dernier prétendait que les Français, ce qui au reste était assez vrai pour Surcouf, ne se battaient jamais que pour de l’argent, tandis que les Anglais, disait-il, ne combattaient que pour l’honneur et pour la gloire !
— Eh bien ! Qu’est-ce que cela prouve, lui répondit le Malouin, sinon une chose, que nous combattons chacun pour acquérir ce qui nous manque ?
De temps en temps nous étions chassés par des croiseurs anglais de haut bord, et il nous fallait prendre chasse devant eux ; ce qui humiliait un peu notre amour-propre national : nous nous consolions en songeant que notre métier était de combattre pour la fortune, non pour la gloire.
Au reste, la Confiance marchait d’une façon tellement supérieure, que nous éprouvions même dans notre fuite un certain sentiment d’orgueil en nous voyant éviter aussi facilement les Anglais ; l’idée du désappointement et de la colère que devait leur faire éprouver l’inutilité de leurs efforts chatouillait agréablement la haine que nous leur portions.
Un hourra salue cette heureuse réussite , car à présent que le combat est un fait décidé , inévitable, nos hommes ne songent plus à leures rêves, à leurs projet; ils ne pensent qu'à se montrer dignes de l'Hermite et à se venger sur les Anglais des malheurs de notre croisière.
"Si ça avait été des honnêtes gens, ils auraient commencé par se cogner avec moi, et nous nous serions expliqués proprement ensuite..." p 192
Vingt fois des vagues énormes et irrésistibles nous rapprochèrent à une si petite distance de l'ennemi que nous crûmes à un abordage