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Critique de Mouche307


Est-ce Paul Pavlowitch qui se prend pour Emile Ajar ou Emile Ajar qui se prend pour Romain Gary ? Virtuose mascarade.
Pour le lecteur de 1976, Pseudo est peut-être un moyen de lever le voile et de confirmer qu'Emile Ajar est bien le nom de plume de Paul Pavlowitch. Mais pour le lecteur d'après 1981, c'est plutôt Romain Gary qui prend la plume pour se disculper d'être Emile Ajar, et ce faisant, contribue à légitimer l'existence controversée du même Emile Ajar. Schizophrénie totale.
Dans cette spirale infernale, on ne sait plus qui est qui, qui est créateur, qui est créature, les miroirs ne renvoyant que reflets masqués et non conformes. Tout se mêle, les liens familiaux, les liens littéraires, les parentés et les inimitiés, le père qu'on voudrait tuer, le double qu'on voudrait renier, le lecteur qu'on voudrait semer. Avec ce talent qui est le sien (mais de qui, au juste ?), l'auteur donne à chaque phrase ou presque une double lecture possible, à chaque signe, une correspondance, dans une mise en abyme de l'écriture où les personnages eux-mêmes se livrent à l'activité de "pseudo-pseudo" dont on ne sait pas très bien en quoi elle consiste : faire semblant qu'on est un autre ? Ne pas révéler qu'on n'est qu'un seul ?
Emile Ajar, qui signe ce livre, reconnaît qu'il n'est qu'un pseudo. Pourtant, il essaie de vivre et de montrer sa réalité, ou comment il s'est emparé de l'âme de Paul Pavlowitch. C'est donc Romain Gary se faisant appeler Emile Ajar, qui serait le pseudo de Paul Pavlowitch, qu'il aurait choisi pour mieux renier son oncle auteur, Romain Gary. Un vertige me prend pour ne plus me quitter. La folie guette. J'aime beaucoup.
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