Cinq récits mettant en scène les rapports des humains dit civilisés avec les animaux, ici "
les bêtes" car le titre ne tient en rien au hasard : il s'agit bien des ces pauvres bêtes, dans le sens péjoratif du terme, ces animaux objets de mépris ou au mieux d'indifférence, en tout cas de dénis de respectabilité, si ce n'est comme adversaires, comme Moby Dick suscite le respect horrifié du Capitaine Achab, ici vous découvrirez la fascination dégoûtée de ses traqueurs pour "Gaston"... Ce sont des récits impitoyables sur l'impitoyabilité des hommes vis-à-vis des bêtes, mais aussi - c'est ce qu'on ne peut s'empêcher de ressentir, particulièrement avec le premier récit autour des chevaux parqués dans une baraque de type concentrationnaire - vis-à-vis de leurs semblables, pour peu que ceux-ci se retrouvent en position de vulnérabilité ou d'infériorité. Cette cruauté humaine est mise à nu par une langue incroyablement ciselée, d'une élégance extraordinaire, à mettre au rang de
Julien Gracq,
Ernst Jünger. Au cas où vous douteriez de mon jugement, sachez que
Kenzaburô Oé, prix nobel de littérature en 1994, cite
Pierre Gascar comme ayant joué un rôle déterminant dans son cheminement. D'ailleurs il partage avec lui ce goût très japonais qui mêle cruauté et raffinement.
Bref,
Pierre Gascar, un auteur oublié de façon incompréhensible, à réhabiliter absolument !
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