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Critique de ATOS


Selon Laurent Gaudé nous sommes antiques. Quelle est donc cette matière d'Antiquité dont nous serions faits ? Car si la culture imprègne profondément les esprits qu'elle élève, a t elle gravé pour autant son empreinte dans leur âme ? Ou bien cette culture n'est elle que l'écho de notre nature première ? Tous ces mythes, toutes ces divines légendes, s'ils composent notre héritage, ont ils également forgé notre hérédité ? Dieux, déesses, demi dieux, d'eau ,de feu ,de terre , d'outres cieux, de vent, de chair, d'écails, de tous poils, de cornes, de fourches, de fleurs, de lyres, de printemps, ou venus des enfers, nos ancêtres avaient d'immortels appétits de géants. Déposons donc notre petite panoplie de gaulois au comptoir des loisirs…et regardons cet homme à la face d'un dieu, et puis ce dieu au visage de l'homme. Mi homme, mi dieu, voici la poire tranchée en deux. Onysos le furieux, se plante sur le quai du métro new-yorkais.
Onysos, celui qui naît, qui est égorgé, dépecé ,mangé, mais qui renaît de son coeur, Onysos qui n'en finit pas de se venger des hommes, l'immortel, douceur et cruauté, enfer et volupté.
Il a des milliers d'années ce vieux furieux..., mais le voilà qui parle et qui renaît. New york est pour lui, à sa taille, à sa démesure, tout est là, exactement à ses souhaits. Folies, plaisirs, misères, meurtres, orgies, esclaves, palais et princes, taudis, pauvres et sans logis, New York c'est la quintessence de notre demeure antique. Souffre, miels, plaintes, labyrinthes, candélabres, parkings, mouroirs, couloirs , lustres et flèches en miroir.
D'où vient cette créature ? du mouroir d'un ventre ? , de la mémoire du monde ? , Il a des milliers d'années et sa vie raconte l'humanité.
C'est parce que les dieux antiques sont les avatars de toutes nos émotions, de nos colères, de passions, de nos torsions, de nos angoisses, de nos tempêtes, de nos folies que nous sommes antiques.
Gaudé a raison nous sommes antiquement liés à nos émotions. Que Babylone se dévoile , qu'Ur ouvre ses portes, que le Mont Thabor se dresse, que New York s'allume, et Onysos revit. Car à travers l'immensité de notre histoire Onysos n'en finit pas de détruire et d'aimer.
Ce texte fut écrit pour pour être dit, prononcé, déclaré devant tous, au nom d'Onysos qui nous parle du fond de nos humanités.
Et puis dans les souvenirs des dieux se mettent en marche ceux que la mémoire des hommes acclamera en héros. Des cavaliers sur des chevaux de légende, qui construiront des ports, des palais, qui pourchasseront des rois, qui n'en finiront pas de construire, de détruire, de brûler, de bâtir, qui traverseront le monde à en faire inverser les pôles de la terre, nomades de leur propres destins, sans repos, sans peurs et à jamais sans terre, des chasseurs d'horizons, comme Alexandre le Grand, l'élu du Tigre Bleu, qui arrêtera sa course lorsque le coeur d'un homme lui rappellera le premier devoir des idoles.
Alexandre, qui mourra de n'être qu'un homme, lui qui parlait à la Mort avec l'arrogance d'un dieu.
Deux textes de jeunesse, écrits « pour la voix », qui invite «  le lecteur à se faire lui même théâtre ».
la poésie a ici trouvé place. Écoutez ce que contient l'idée puissante de toutes nos humanités !
Il n'y a de langues mortes que sous des palais effondrés.

Astrid Shriqui Garain

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