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« La cour arrière de la maison donne sur le chenal. Le ruisseau vient d’un bras de la rivière qui rejoint le fleuve en formant le terrain qu’on a surnommé l’île Montesson. Une faible pente descend de la galerie jusqu’au rivage rocailleux par un sentier obstrué de broussailles et de racines. Tout au fond parmi les branches coule une eau brune dont le lit pierreux est recouvert de plantes aquatiques et infesté d’insectes aux noms de jeunes filles. Les amphibiens gluants, couleuvres et salamandres au contact glacial abondent. Les mammifères fuyant le bruit de l(autoroute s’y réfugient, survivants d’un univers qui n’est déjà plus le leur, plongeant leurs museaux tremblants dans l’eau sous le couvert de l’ombre des herbes hautes et des fougères.
Les fenêtres donnent à l’est. Les rayons du soleil s’engouffrent entre les troncs d’arbres aussitôt les premières heures passées. Le calme est absolu. Seule la ligne éphémère d’un bruant dans le ciel vient en déranger l’immobilité. »
Un hurlement éclate dans la noirceur de l'abîme où elle s'engouffre. Sa folie la tient sous sa nageoire, près de son cœur palpitant et moite. Le cri de la femme se répercute en un douloureux écho qui lui rappelle la disparition des êtres chers qui quittent votre vie comme des fantômes