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Critique de Arakasi


Dans un petit château délabré au fin fond de la Gascogne, le baron de Sigognac s'ennuie à mourir. Elevé depuis sa plus tendre enfance dans la misère et le dénuement, il voit sa jeunesse se flétrir entre les quatre murs pourrissants de la demeure familiale et s'est résigné depuis longtemps à être le dernier descendant de la noble – mais fauchée – lignée des Sigognac. Jusqu'au soir où un événement inattendu vient rompre ce morne train-train : portée par la tempête, une troupe de comédiens vient chercher refuge au château. le coeur et les yeux de Sigognac sont immédiatement attirés par la plus jeune des actrices de la troupe, la charmante Isabelle abonnée aux rôles d'ingénues, et, poussé à la fois par l'ennui et l'amour naissant, il prend la décision de partir aux côtés des comédiens quand ceux-ci quittent la Gascogne. Pour plaire à la belle, il pousse même le vice jusqu'à se faire acteur et endosse sur scène l'extravagant habit du Capitaine Fracasse, matamore et faux brave de comédie ! Voici le dernier descendant des Sigognac sur les routes et les planches, prêt à affronter amours, aventures et périls également, car un jeune et orgueilleux noble, le duc de Vallombreuse, poursuit l'innocente Isabelle de ses assiduités et, pour arriver à ses fins, il ne reculera devant aucune vilénie, rapt, assassinat et viol inclus…

Cela doit faire une douzaine d'année que je n'avais pas relu ce grand classique de Théophile Gautier et, si je me rappelais clairement les grandes lignes de son intrigue, j'avais tout oublié en revanche de ses particularités stylistiques. Il faut avouer que celui-ci a de quoi un peu rebuter au premier abord : grands envolées lyriques parfois un peu pompeuses, interminables descriptions, personnages à la limite du caricatural, héros bourré de vertus jusqu'à la nausée… Les cent premières pages ont été, je l'avoue, un peu difficile à passer, mais, une fois cet obstacle surmonté, je suis à nouveau tombée sous le charme de ce chef d'oeuvre ardu mais plein de séduction de la littérature française. Certes, la langue est un peu lourde et difficile d'accès pour un lecteur du XXIe siècle, mais elle séduit également par sa richesse et son éloquence. Lire « le Capitaine Fracasse », c'est éprouver le plaisir du beau mot, de la phrase joliment tournée, du calembour habilement trouvé – plaisir peut-être un peu superficiel, mais non négligeable pour autant !

D'autant plus que l'intrigue est beaucoup moins classique et artificielle que l'on pourrait le croire. Pour l'apprécier à sa juste valeur, il suffit de comprendre que la thématique principale du « Capitaine Fracasse » n'est ni l'amour, ni la vengeance, ni l'aventure, mais le théâtre. le style est grandiloquent, les dialogues manquent de naturel, les personnages de réalisme ? Quelle importance puisque ce ne sont pas ces qualités-là que l'on recherche dans une pièce de théâtre comique ! Dans « le Capitaine Fracasse », scène et vie réelle se mêlent et se confondent ; Scapins, Leandres, Tyrans et Soubrettes se mêlent au commun des mortels pour égailler de leur joyeuse fantaisie la trop morne réalité. On s'aime et on se hait avec la même folie et la même démesure que sur les planches de la scène. Qu'importe alors si tout ceci sonne un peu toc, un peu creux, un peu factice, puisque ce n'est pas pour leurs vrais visages que l'on aime les comédiens, mais bien pour leurs masques ?

Un fort réjouissant roman que ce « Capitaine Fracasse » : à lire avec un brin de second degré mais à lire tout de même !
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