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EAN : 9781561633654
80 pages
NBM Publishing (05/01/2004)
5/5   1 notes
Résumé :
He was the world's first serial killer and he existed in the late 19th century, operating around the Chicago World's Fair, building a literal house of horrors, replete with chutes for dead bodies, gas chambers, surgical rooms. He methodically murdered up to 200 people, mostly young women. The infamous H. H. Holmes is the next subject of Geary's award-winning and increasingly popular series.
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Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, et indépendante de toute autre. Elle est parue pour la première fois en 2003. Elle est en noir & blanc, écrite et dessinée par Rick Geary. Elle s'intercale entre The mystery of Mary Rogers (2001) et The murder of Abraham Lincoln (2005). Dans le bref paragraphe d'introduction, Rick Geary explique qu'Herman Mudgett (1986-1896, surnommé en autres H.H. Holmes) est considéré comme le premier tueur en série américain, ou du moins le premier à avoir été arrêté et condamné par les autorités.

Comme les autres tomes de la série, celui-ci commence par quelques cartes sommaires : la ville de Chicago avec le quartier d'Englewood et la zone de l'exposition colombienne mondiale, l'itinéraire des incessants voyages d'Holmes avant son arrestation, le plan du deuxième étage du Château Holmes. Prologue : "This is Chicago" - Quelques pages pour un aperçu touristique de Chicago en 1893, menant aux chambres à louer dans l'hôtel tenu par Holmes. Chapitre I : "Dr. Holmes comes to town" - En juillet 1886, H.H. Holmes s'établit à Englewood, un quartier de Chicago où il trouve un emploi de pharmacien. Il est né en 1861, sous l'état civil d'Herman Webster Mudgett, dans une petite ville du New Hampshire. En 1878, il s'est marié avec Clara Lovering, avant de poursuivre ses études de médecin. Très vite, il a fait montre de capacités impressionnantes à mener à bien des arnaques (par exemple à base de polices d'assurance). En 1887, il épouse une deuxième femme prénommée Myrta.

Chapitre II : "The Castle" - Grâce à des méthodes de financement douteuses, Holmes fait construire face à la pharmacie où il travaille un bâtiment imposant dont il a lui-même dessiné les plans, et sur lequel se succèdent plusieurs équipes d'ouvriers ce qui fait qu'au final Holmes est le seul à connaître la disposition des pièces et leurs aménagements spécifiques. Les habitants du quartier sont un peu surpris en voyant passer les équipements qui sont installés dans l'édifice. Avec la tenue de l'exposition universelle, les affaires liées à la location de chambre sont florissantes, et Holmes développe et gère plusieurs autres entreprises de commerce en même temps.

Chapitre III : "The desperate journey" - En octobre 1893, Holmes quitte Chicago et entreprend un voyage aux multiples étapes, avec plusieurs groupes de personnes, sans que jamais ceux-ci ne se rencontrent. Chapitre IV : "The castle revealed" - H.H. Holmes a fini par être arrêté et malgré ses changements d'identité répétés, la police a fini par faire le lien avec le propriétaire du Château à Englewood qui fait l'objet d'une perquisition aux résultats dépassant l'entendement. Chapitre V : "The prisoner" - Les 3 femmes légales de Holmes apprennent la vérité, et le coupable effectue plusieurs aveux (contradictoires).

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Trop gros pour être vrai ! À la lecture des exploits macabres de l'individu se faisant appeler H.H. Holmes, il est difficile d'y croire. Pourtant une vérification dans une encyclopédie (ou sur wikipedia) permet de constater l'authenticité des faits. La lecture de la page wikipedia consacrée à H.H. Holmes rend bien compte des crimes hors norme commis par cet individu, et permet également d'apprécier tout ce qui fait le sel et la spécificité de cette adaptation en bandes dessinées de Rick Geary.

En lieu et place d'un texte factuel et concis, le lecteur découvre une époque et des lieux particuliers, rendus vivants. L'apparente simplicité inoffensive des dessins de Geary recouvre un art consommé de représentation des différents environnements : la vision des monuments de Chicago (et la magnifique ballade en gondole), l'intérieur de la pharmacie à l'ancienne avec son carrelage en damier noir et blanc et les superbes comptoirs, les étranges agencements des pièces du Château et les décrochements bizarres de ses couloirs, la belle façade de la demeure achetée pour l'une de ses femmes et enfants, etc. Grâce aux dessins, le lecteur s'immerge dans l'époque et dans des endroits uniques, chose qu'un simple texte encyclopédique ne permet pas.

La présentation très factuelle de Geary peut de prime abord rebuter : des vignettes accolés les unes aux autres, sans réelle action, sans description ou décomposition de mouvement, dans des décors à l'apparence naïve, surchargés en traits parallèles pour figurer les textures. Oui, mais page après page, ces décors, ces objets apportent une consistance et une familiarité inégalables au récit. Regardez ce banal escalier de bois aux chambres du premier étage du Château, cette trappe dans le plancher, la chaudière démesurée, cette pelle innocente, ce tuyau de gaz fixé à une malle de voyage fermée. Il s'agit d'autant détails banals et familiers que le texte rend déplacés, bizarres et inquiétants dans leur contexte.

Alors que l'oeil contemple une série d'images figées, la lecture du texte en fait autant d'éléments singuliers dans le contexte de la narration. Regardez ces personnages un peu falots comme surpris par le photographe dans une pose banale, avec leur tenue d'époque. Ils sont certes remarquables en tant que témoin d'une époque, mais il n'y a pas de mouvement, ou de jeu d'acteurs dans une mise en scène sophistiquée. On peut juste remarquer que les postures varient de position un peu empruntée, à un langage corporel évocateur... sauf que là encore la rédaction matoise de Geary leur confère une personnalité abrasive. Alors qu'une case représente Holmes de dos en ombre chinoise se découvrant au passage d'une dame, la case de texte indique qu'il portait une attention exagérée au sexe féminin, transformant ainsi la signification du dessin. Dans le contexte du récit, cet euphémisme prend une saveur macabre et railleuse dans la mesure où le lecteur sait déjà que la plupart des victimes d'Holmes sont des femmes. Regardez ce bras tendu devant un couloir sombre en haut de quelques marches : quelconque, sans rien à voir, et pourtant le texte permet de comprendre qu'il s'agit de l'escalier menant aux chambres à louer... "avec des équipements spéciaux pour ces dames" (bel exemple d'euphémisme second degré).

Rick Geary adopte un ton sec et pince-sans-rire pour évoquer ou faire une allusion oblique aux atrocités perpétrées par Holmes qui mérite pleinement son surnom de "Boucher". En soi la vie de ce monsieur est déjà une histoire ahurissante (sans même parler de ses meurtres). Mais Geary est un roublard qui a construit son récit de manière à ne révéler la nature exacte des meurtres que petit à petit, après avoir bien exposé le contexte historique et social, et l'environnement. le ton un peu goguenard qu'il adopte, légèrement moqueur évite au récit de sombrer dans le gore ou l'horreur pour le plaisir de choquer, mais il ne dissimule en rien l'abjection des crimes. Geary est un conteur exceptionnel qui au travers de la vie incroyable de ce tueur en série dépeint la société dans laquelle il évolue, son époque. Avec cette évocation, il fait apparaître à quel point l'entourage de cet ignoble individu n'avait aucune notion de ce que pouvait être sa véritable vie. Après avoir lu ce récit, le lecteur est pris de vertige à l'idée de ces 3 mariages relevant de la polygamie, de sa capacité à faire voyager 2 familles différentes dans le même train sans se compromettre.

Derrière ces tours de passe-passe, le lecteur est renvoyé à la question de que fait l'autre pendant que j'ai le dos tourné. Quelle est la vie réelle de mon voisin ? Finalement que font réellement mes proches quand je ne suis pas avec eux ? À quel point l'idée que je me fais de leur vie est éloignée de ce qui se passe réellement ? Comment la société peut-elle détecter ces individus dont le comportement est à ce point aberrant (= éloigné des normes sociales établies) ?

Rick Geary adapte la vie ahurissante de H.H. Holmes (qui a inspiré plusieurs auteurs dont Robert Bloch, avec le boucher de Chicago), avec son style narratif (tant visuel qu'écrit) inimitable qui fait des merveilles. Ce récit se lit d'une traite, aussi bien pour le suspense qui s'en dégage, que la montée en puissance des découvertes macabres, que pour l'évocation historique, que le démontage minutieux des arnaques d'Holmes, que le vertige existentiel provoqué par la possibilité de l'existence d'un tel individu. Indispensable.
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