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EAN : 9782246827184
162 pages
Grasset (20/01/2021)
3.62/5   47 notes
Résumé :
« Parfois je me demande ce qui est du domaine de la fiction et ce qui est du domaine de la réalité. Qu’est-ce que j’ai inventé pour mes personnages et qu’est-ce que j’ai vraiment vécu ? Est-ce que moi je les ai passés, mes diplômes ? J’ai des montées d’angoisse. Qu’est-ce qui prouve, là, maintenant, que je suis réellement médecin ? On pourrait essayer de trouver des gens qui voudraient témoigner pour moi. On pourrait essayer de retrouver un exemplaire de ma thèse, m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis maintenant près de quinze ans, le réalisateur et médecin Thomas Lilti n'en finit plus d'aborder dans tous les sens ce milieu médical qu'il connait si bien dans toutes les oeuvres qu'il réalise, de Hippocrate le long métrage à "Hippocrate" la série ( une saison 2 est dans les tuyaux pour une diffusion sur canal plus dans les prochains mois) .

Thomas Lilti a la particularité d'être à la fois médecin / metteur-en-scène, et surtout de réaliser des films qui abordent de manière frontale la thématique de la médecine sous tous les angles et avec un succès public toujours constant.

Seul metteur en scène médecin en activité à ce jour, Thomas Lilti semble toujours porter en lui cette culpabilité d'avoir abandonné ce milieu professionnel qu'il avait choisi un peu malgré lui (son père est médecin) pour la voie du 7e art, plus précaire. "Faire des films, c'est une façon comme une autre de me racheter envers les patients que je ne soigne pas «. nous avait t- il confié en 2014 lors d'un échange avec la presse lyonnaise en 2014 pour son film Médecin de campagne .
C'est en partie mu par cette culpabilité qu'il a choisi de remettre la blouse en mars dernier, dans les premiers jours du premier confinement, lorsque les services de réanimation prenaient l'eau de toute part et que les appels pour les soignants volontaires et bénévoles se multipliaient. Et par un joli hasard, c'est dans l'hopital même où il filmait encore quelques jours plus tôt..

Ce retour atypique à la pratique médicale après 15 ans d'inactivité, qui n'aura pas duré tres longtemps à cause d'un problème administratif dévoilé dans son livre, Thomas Lilitu la raconte joliment, avec ses mots à lui dans le Serment, son premier livre.

Un livre dans lequel il livre un retour d'expérience sincère et modeste- il reconnait très vite ses limites en matière de connaissance et de pratique et le peu d'enthousiasme du personnel médecin à l'accueillir- accompagné de réflexions sur la médecine, son évolution depuis ces quinze années, et le lien qu'il peut tirer entre son parcours de cinéaste et sa formation de médecin.


Lui qui n'a eu de cesse dans ces fictions d'ausculter avec acuité , mais aussi reconnaissons le , un coté parfois un peu trop démonstratif le milieu hospitalier et ses dysfonctionnements, le fait ici avec un recul et une humilité qui emporte largement l'adhésion.

On sent à travers cette confession courte et passionnante que Lilti, qui s'est toujours posé la question de sa propre légitimité, celle de médecin puis celle de cinéaste, profite de ce passage à l'écrit pour remettre en question pas mal de choses établies.

Il n'aura de cesse de chercher ce qui fondamentalement fait de lui un cinéaste à part, car un metteur en scene qui n'aura jamais réussi à couper totalement le cordon avec le monde hospitalier et qui semble toujours lui être redevable de quelque chose.

On comprend aussi que lui, qui a toujours douté de lui ne pouvait se mettre dans la peau de ces médecins dont la confiance en eux confine parfois à de l'arrogance et de la condescendance et que le cinéma se mariait mieux à son art de la remise en question, tout en admettant diriger ses acteurs parfois comme un médecin ( un reproche adressé par Géraldine Naccache sur le tournage d'Hippocrate) .

Une chose est sure: en quittant la médecine , Thomas Lilti n'aura certes pas soigné des corps comme il était amené à le faire, mais il aura réparé des âmes grâce à ses films et maintenant ses livres.





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Je ne reviens pas sur le contenu synthétique de ce livre repris dans les précédentes critiques. Je tiens surtout à dire merci a Thomas Lilti de prendre la plume (et aussi la caméra!) pour défendre les conditions catastrophiques des hôpitaux périphériques et le courage des soignants qui y travaillent.
Je me retrouve parfaitement dans cette précarité et perte de sens actuelle de la pratique médicale à l'hôpital ,après quatre décennies d'expérience maintenant.
J'apprécie particulièrement la limpidité,la franchise et la transparence des questionnements que l'auteur nous confie quant à sa formation médicale et les remises en question qu'il aborde . Tout le monde n'a pas le même parcours par la diversité des stages hospitaliers proposés,mais je me retrouve dans la violence des situations auxquelles il faut pouvoir faire face en étant jeune étudiant ,surtout quand la séniorisation est "distante" et ce ,quelque soit la génération d'étudiants.Je partage l'opinion que les infirmiers expérimentés participent grandement dans les hôpitaux, à la formation de terrain et à la réassurance des jeunes médecins par leur intuition,leur savoir experimental,leur relation au patient,leur solidarité dans le soin. J'ai été touchée par l'engagement de ces médecins étrangers auxquels il rend hommage et auxquels il a pu grandement s'identifier.
Enfin, on comprend tout au long du livre le fil rouge de la transmission familiale de la médecine qui a pris pour l'auteur une trajectoire si singulière mais combien intéressante.
Ce livre m'a fait préciser comme Thomas Lilti que malgré les conditions dantesques dans lesquelles nous travaillons,et c'est bien le paradoxe, j'aime mon métier à l'hôpital .
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/ MÉDECIN MALGRÉ LUI ? //On peut avoir envie de prendre ses jambes à son cou au moment de franchir les portes d'un hôpital ou au moment d'arriver dans une salle d'attente de médecin (suivez mon regard) mais ne louper aucun épisode d'Hippocrate (même si cela me mettait dans un état de stress indéniable) et lire quasi d'une traite, le livre de Thomas Lilti, réalisateur de la dite série.

Ce médecin-cinéaste 🎬 dans le Serment met en lumière l'engagement et le travail du personnel soignant, la dégradation de l'état de l'hôpital public ces 15 dernières années mais aussi les inégalités médicales d'un territoire à un autre.

À travers ses souvenirs d'interne, il signe et persiste comme avant dans ses films : la transmission du savoir dans les études médicales se fait dans la violence de génération en génération (je me suis demandée si cela avait un lien avec la froideur et parfois la malveillance de certains médecins).

Très introspectif, peu tendre avec lui même quant à ses erreurs, Thomas Lilti s'interroge sur ses motivations à devenir médecin (plaire à son père ?) et sur celles qui l'ont éloigné de ce chemin mais pas tant que ça, tant il est au coeur de son travail de cinéaste. A lire pour mettre au tapis l'image cliché du médecin et quelques idées reçues avec ! 🚑.
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On ne connaît bien que ce que l'on pratique depuis longtemps et pour longtemps. Je ne doute pas du sentiment magnanime pour la profession des soignants; mais L'auteur avec ses souvenirs d'interne en médecine vieux de quinze ans en arrière, me laisse un peu perplexe! Faut-il aller se refaire un statut de médecin éphémère durant la pandémie du covid19 dans un hôpital de banlieue pour asseoir la légitimé de ses convictions personnelles? sans que le sensationnel des informations ressortent et soient utilisées à des fins mercantiles à une large audience des séries télévisées: du genre Urgence avec Geoges Clooney créant le buzz! Pourtant Il y a beaucoup de regrets assez légitimes dans les questionnements intimes, ou l'amertume transpire dans la lecture de ce livre, celle de n'avoir pas su décider seul à un moment de sa vie, refoulant la puissance de ses envies et de ses frustrations en tenant compte du scandale provoqué chez les notables, du père médecin, affilié à la conduite à tenir pour le fils, afin d'endosser définitivement le métier compliqué de médecin, et par ce biais, de certaines critiques énoncées, accentuant son soutien à quelques personnes fréquentées dans le sanctuaire médical qui lui aussi possède le mérite d'être édité et mis en lumière dans des séries télévisées, surtout ne plus souffrir d'un manque de reconnaissance de ses paires! une façon détournée de reconnaître ses failles pour n'avoir su assumer complètement un rôle qui au final ne lui convenait pas. Cela demande un certain courage car, on apprend beaucoup de ses erreurs passées en mettant en lumière les mérites des autres. Quand aux nombreux mérites, il reviennent essentiellement aux personnels soignants ceux qui restent en place pour soigner les malades, et quand bien même le navire frôle le naufrage avec son capitaine et ses fidèles compagnons d'infortune, ils font sans la fortune escomptée des séries fictionnelles télévisées estampillées, qu'elles soient étrangères ou françaises dont le but est de frapper l'imaginaire, et pour certains se traduisant par une empathie naturelle, visant une large montée d'audience pour le réalisateur et la chaîne télé exploitant les scénarios, se traduisant par un manque à gagner.
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Dès les premières pages, j'ai eu un coup de mou, croyant que je me plongeais dans un « témoignage COVID », comme je les appelle, et que je fuis comme la peste. Si cela avait été le cas, autant dire que je me serais fourvoyée dans mon choix de lecture et que le plaisir n'aurait pas du tout été au rendez-vous.

Mais non, ouf ! Et je remercie Thomas ! Alors, oui il s'agit d'un ancien médecin devenu réalisateur reprenant son stéthoscope pour aider ses collègues durant le confinement. Mais pas que !

Thomas à la quarantaine. Il était médecin généraliste jusqu'à ses 35 ans, avant de raccrocher sa blouse pour devenir réalisateur et scénariste. « Hippocrate« , ça vous parle ? Eh bien, c'est lui ! Il baigne toujours dans le milieu médical, puisqu'il continue à raconter la médecine, me^me si c'est sous l'oeil attentif d'une caméra.

Mais voilà, le Covid arrivant, le tournage s'arrête, et Thomas, au départ, se confine, comme tout le monde. Puis il décide bien vite d'aller aider ses collègues aux urgences de l'hôpital Robert Ballanger, en Seine Saint Denis, précisément où a lieu le tournage d' »Hippocrate ».

Ce livre ausculte avec acuité le milieu hospitalier et ses pathologies. le manque cruel de moyens, l'informatisation à outrance chronophage, la médecine devenue technocratique, les brimades et la violence durant les études, Thomas ne fait aucun cadeau. Il nous donne sa vision du métier de soignant, côté pile et côté face. Car si certaines choses font froid dans le dos, il subsiste une face lumineuse de ce métier, impressionnant et beau, malgré ses déviances.

La narration à la première personne du singulier donne un côté intimiste au récit, le lecteur lit cela comme un journal de bord. La plume est juste et précise, authentique, les chapitres défilent, émouvants et parfois drôles, Thomas nous raconte son parcours dans cette jungle médicale, ce métier qu'il aime tant mais qu'il fuit également. On apprend pourquoi il s'est lancé dans cette voie, ce qui le gêne, pourquoi il a dévié vers le cinéma, et ce qu'il a ressenti à son retour dans ce monde à part. Il a du se réapproprier les codes de l'hôpital, se faire accepter (ou pas) par ses collègues. Avait-il une légitimité, lui qui n'exerçait plus depuis 10 ans ? Pourtant, il est bien médecin, il a prêté serment. Se sentira-t-il à sa place dans ce service des urgences submergé ? Retrouvera-t-il ses réflexes de médecin ?

Le serment d'Hippocrate…comme hypocrite ? Certains soignants le voient comme ça, pas tous, heureusement !!

Une lecture courte mais intéressante, que je vous conseille si vous souhaitez gratter un peu sous le vernis lisse de nos hôpitaux.

Je remercie NetGalley et les Éditions Grasset pour cette lecture.

#ThomasLilti #LeSerment #Grasset #NetGalleyFrance #RentréeLittéraire
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Pourquoi on n'impose pas aux médecins d'aller travailler à tel ou tel endroit? Même si leurs études durent dix ans, ce sont des études publiques.Je vois bien à quel point cette mesure serait extrêmement impopulaire, mais ça me parait tellement aberrant que les médecins n'aient pas obligation en la matière.
On me le reproche souvent : c'est facile de dire ça, alors que je suis parti faire du cinéma. C'est vrai que c'est facile. Mais c'est aussi une culpabilité que je porte et qui n'est certainement pas étrangère au fait que j'essaie de parler de médecine dans mes films .
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C'est un métier difficile que le métier de soignant. On est confronté à la mort, à la maladie, à la douleur, à la souffrance. Mais je crois que les médecins, les infirmiers, les infirmières, les aides-soignants, les aides-soignantes, les agents hospitaliers, sont tous formés à supporter cette violence là. Elle fait partie, d'une certaine manière, de leur moteur : l'envie d'aider.
Ce qui engendre la souffrance, c'est profondément de ne pas pouvoir faire son travail dans de bonnes conditions.
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La question: Est-ce que je suis médecin? est au cœur de beaucoup de mes interrogations. Et toutes celles qui en découlent: Est-ce que je suis le fils de mon père médecin ? Est-ce que je suis le fils d'un père médecin?
Ce questionnement m'est apparu très fortement au moment où j'arrive dans cet hôpital et où objectivement je ne suis plus vraiment médecin puisque je n'ai plus les compétences qui sont celles d'un médecin en activité. Et pourtant, je me vis comme médecin parceque je viens aider en tant que tel...Or, comme je l'ai précédemment évoqué, le Conseil de l'Ordre a remis en question mon droit à venir aider.
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Ce qui nous réunissait, c'était la fiction. C'était ce que nous étions en train de raconter, ce que je m'évertue à exposer depuis des années à travers mes films et la série. Ces hommes et ces femmes qui nous soignent, ces prolétaires de la médecine que sont les soignants, ces médecins étrangers précaires. Tous ces gens qui font l'hôpital et qui s'abîment jour après jour, garde après garde.
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Et je me suis dit "c'est dingue", on sait les sacrifices que les soignants ont faits sur le terrain, mais je n'avais pas imaginé le revers de la médaille : combien c'était douloureux pour certains de ne pas pouvoir aller aider.
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Videos de Thomas Lilti (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Lilti
William Lebghil est un visage connu des petits et des grands écrans, du squatteur de banc à la sortie du lycée dans la série "Soda", au côté de Kev Adams au début des années 2010, aux chaises de la cantine, du lycée encore mais en prof d'anglais, dans "Un métier sérieux", de Thomas Lilti, en septembre dernier.
Jouant souvent le meilleur copain du rôle principal, il est cette fois la tête d'affiche de "La vie de ma mère" , tendre premier film de Julien Carpentier.
Il y interprète un florissant chef d'entreprise qui doit jongler avec une mère bipolaire, incarnée par une Agnès Jaoui survoltée.
L'oeil pétillant et malicieux qu'on lui connaît habituellement laisse place à un regard plus dur, celui de quelqu'un qui a dû devenir adulte trop tôt.
Un rôle de composition pour ce trentenaire qui, lui, a plutôt été chouchouté enfant.
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