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Critique de TRIEB


Le journal du voleur n'est pas à proprement parler une biographie , une restitution des faits et gestes commis et accomplis par jean Genet dans le milieu de la pègre , quelque part entre les quartiers chaud du Barcelone d'avant-guerre, la Belgique ou Paris .Ce journal n'est pas une justification de la tournure prise par la vie de Genet évoluant dans ces milieux .

C'est terrible , cruel , sordide .Genet parvient , et c'est l'un des mérites essentiels de ce livre, à relier ces événements à des notions a priori étrangères à un tel décor : « jamais je ne cherchai à faire d'elle autre chose que ce qu'elle était, je ne cherchai pas à la parer, à la masquer, mais au contraire je la voulus affirmer dans sa sordidité exacte, et les signes les plus sordides me devinrent signes de grandeur ».
Le La est donné, ce sera le ton général de l'ouvrage dont l'auteur ne se départira plus.


Les récits des relations homosexuelles de l'auteur ne revêtent jamais un côté graveleux, répugnant en raison de leur violence .L'esthétique n'est jamais loin et l'emploi fréquent de l'imparfait du subjonctif dans le journal ajoute une touche de distanciation linguistique à ce qui ne devrait être qu'une justification éhontée de ses actes de vol et de violences commis au cours des épisodes décrits.
« Appliqué aux hommes, le mot de beauté m'indique la qualité harmonieuse d'un visage et d'un corps à quoi s'ajoute parfois la grâce virile. La beauté s'accompagne alorsde mouvements magnifiques, dominateurs, souverains. »

Le premier crime dont est témoin l'auteur est relié à l'amour : « le mort et le plus beau des humains m'apparaissaient confondus dans la même poussière d'or, au milieu d'une foule de marins, de soldats, de voyous de tous les pays du monde. Je faisais connaissance au même instant avec la mort et avec l'amour. »
Plus significative encore est le lien établi pare Genet entre l'univers carcéral et la beauté , il l'éprouve à de nombreuses reprises dans son journal : « Ma solitude en prison était totale(…)Mon talent sera l'amour que je porte à ce qui compose le monde des prisons et des bagnes .Non que le les veuille transformer, amener jusqu'à votre vie , ou que je leur accorde l'indulgence ou la pitié :je reconnais aux voleurs, aux traîtres aux assassins, aux méchants, aux fourbes une beauté profonde-une beauté en creux- que je vous refuse ».
Ouvrage dont on peut recommander la lecture en raison de ce déchirement omniprésent entre la vie décrite et sa justification par l'auteur, prenant à témoin l'esthétique, la religion pour simplement décrire cette vie noire.


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