Les grands voluptueux ne connaissent ni les joies célestes du paradis, ni les flammes de l'enfer, encore moins l'éternité à la petite semaine du purgatoire.
Elle et moi, je le sais désormais de science sûre, nous glisserons dans les limbes, innocentés par l'amour.
Entre le désir d’être fessé et celui d’être confessé, il n’y a finalement qu’un con.
J’ai passé quelques jours sans femme, pas mécontent de retrouver mes habitudes de vieux célibre. Elles ont trop tendance à m’arracher à mes saintes ruminations, à interrompre la conversation silencieuse que je poursuis avec moi-même depuis qu’un peu de pensée loge sous ma calotte crânienne. Faut pas me chercher, ces jours où je vis comme une loque, oui je soliloque, oui je débloque – Diogène au sortir de l’ivresse comprenait tout et philosophait en roi.
Françoise était aussi vierge que le tunnel du Mont-Blanc.
La somme des cicatrices vous fait une peau de buffle. Vieil océan, je te salue. Je ne m’éternise pas sur la plage, à minuit je suis rentré dans ma tanière. Le tête-à-tête avec une bonne bouteille est un peu triste, mais je soupe avec appétit.
Bientôt, dans quelques mois, le cinq de mon âge deviendra un six : alerte, sexagénaire. J’entrerai officiellement dans la catégorie d’homme âgé après avoir été, si peu de temps me semble-t-il, un homme d’âge mûr, lequel succéda sans bruit à ce jeune homme sans âge que je fus si longtemps. Et que l’on m’épargne le couplet sur la jeunesse qu’est dans la tête, Faust rêvait de rajeunir, mais le diable qui lui soufflait ces niaiseries a plutôt mal vieilli.
Le misérable que je suis n’a pas encore baissé son slip qu’elle est déjà dedans à me happer, me flatter les couilles. A peine déculotté, me voici décalotté et adroitement cajolé, Seigneur, ma détermination à la chasser de ma vie aura donc succombé à la première sucée. Vous voyez le bonhomme.
Les choses sont claires : je suis blindé et ce n’est pas une fille comme Doris qui pourrait s’enticher d’un vieux dans mon genre. Je ne suis entré dans son programme de vie qu’à titre intérimaire et à défaut de mieux. C’est bien ce qu’elle disait, non ?
A bientôt soixante ans, il faut savoir prendre ce qu’on vous donne. J’ai pris, je ne regrette rien. Mais alors pourquoi ai-je parfois le sentiment de n’être pas aussi détaché que je le souhaiterais ?
Je ne ferai pas la fine bouche, nigaud mais pas maso. Soixante ans et toute sa queue, le vieux. On ne badine pas à l’âge où se font rares les jours de saillie, membre au clair, frémissant et dardé, prêt à l’emploi.