AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 377 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Je ne souhaite pas revenir sur tout ce qui a trait à ce livre. Toutefois, je ne saurais me priver d'une prise de position visant à sonner le glas de la complaisance  : son succès, les origines roumaines de Virgil Gheorghiu, la polémique sur son passé fasciste, sa carrière de prêtre. Ce n'est pas l'essentiel, surtout sachant ce qu'a été l'entre-deux-guerres en Roumanie, où bien d'autres ont pris des positions qu'ils ont été amenés à regretter ou qui ne les honorent.
Les livres bien plus documentés que moi sur le sujet ne manquent pas (Lucian Boia, Alexandra Laignel-Lavastine, et autres). Par contre, ce qui est écrit dans le livre est bien plus ennuyeux.
Je cite Lucian Boia : « Le plus traqué des universitaires de Iași fut Iorgu Iordan. Les étudiants légionnaires voulaient sa tête à tout prix. » (soupçonné de relations étroites avec les Juifs, de communisme et de franc-maçonnerie). Dans le roman de Virgil Gheorghiu, qui est à l'opposée de l'échiquier politique, et par pitié je ne risque pas de croire à la coïncidence, Iorgu Iordan est le nom du colosse allemand psychopathe puis nazi père de Suzanna. le choix d'un personnage principal qui écume tous les camps possibles et imaginables (en passant, on ne risquait guère d'écumer les camps d'extermination, surtout mal en point comme le héros) et qui n'est pas juif est du même tonneau, mais ce n'est pas le plus gênant (enfin, je relève tout de même en passant les personnages de Russes, tous odieux, les Juifs stéréotypés et pour la plupart négativement connotés et je ne parle pas des femmes, des cruches à 90 % (Hilda, Suzanna) ou des intrigantes comme Eleonora West).
Les personnages n'ont aucune psychologie digne de ce nom et ne sont qu'au service de la thèse fumeuse de l'auteur selon laquelle à 25 heures, les hommes se mettent à déporter leurs congénères automatiquement, comme des machines. La philosophie est aussi pauvre que la psychologie et semble essentiellement viser à nier ce qui rend unique la solution finale : le régime nazi (et pas un autre) a tenté d'éradiquer le peuple juif (et pas un autre). Qu'il y ait eu d'autres massacres, d'autres morts, d'autres dictateurs, soit, mais parmi eux on ne relève pas un seul ordinateur, même pas celui qui a mis une raclée à Kasparov aux échecs et qui ne manque donc pas de moyens intellectuels. Pour une raison assez simple : en général, lorsque vous êtes indifférent comme une machine, vous avez autre chose à faire qu'organiser la solution finale. Vous pouvez toujours philosopher sur l'indifférence de certains « rouages » administratifs, et Dieu sait que c'est déjà discutable, mais sans au moins un haut de la hiérarchie haineux, pas de massacre.
Toute cette entreprise pour éviter à Gheorghiu, sous un verbiage plus qu'abondant, la moindre réflexion, mais là je ne peux que supposer, sur ses propres opinions d'extrême droite, mais pas seulement, car les regretter serait bien peu de choses. Encore faudrait-il savoir comment on est arrivé là.
Là-dessus, le message de ce roman est clair : ne comptez pas sur moi pour vous répondre. Ou pire encore : c'était pas Hitler, c'était le démon de minuit vingt-cinq !
Commenter  J’apprécie          548
J'ai l'impression d'être plutôt bon public, mais là... Comme on dit, puisqu'il faut s'y coller.
Commençons par la traduction : Monica Lovinescu en était à ses débuts et cela se ressent assez douloureusement (la pauvre a en plus dû faire un procès pour être payée). J'ai lu l'édition Plon originale et je dois dire que la grève des correcteurs ne fut pas sans conséquence non plus.
Cela commence avec le simplet du village, plus ou moins, qui s'appelle Iohann Moritz mais n'est pas juif (ça, il fallait le trouver, surtout en 49...). Puis, le riche du village, Iorgu Iordan, à la fois colosse, paysan, aubergiste, spécialiste des chevaux, très riche (des pièces d'or dans sa cave) et venu d'Allemagne : la propension des riches Allemands à venir se terrer dans des villages du fin fond de la Roumanie est évidemment bien connue. Sa fille tombe amoureuse de Moritz (alors qu'il voulait aller en Amérique !), et enceinte : on reconnaît bien là l'autre propension des riches et polyvalents Allemands, qui est d'engendrer des cruches. le père tue sa femme (rajouter psychopathe sur la liste déjà longue de ses qualités) et est incarcéré. Au lieu de prendre le pognon pour aller aux US, le couple accepte le don d'un écrivain et s'installe dans le village roumain.
Ce bref (ça se discute) exposé pour illustrer que les personnages sont ici bien au-delà du moindre concept de vraisemblance auquel ne sauraient s'attacher que les ignorants de considérations métaphysiques bien plus élevées et ne sont que les instruments de la thèse de Gheorghiu. le roman commence sous le règne de Carol II de Roumanie et tout au long de l'histoire, la plupart des personnages vont de camp en camp (allemands, roumains, russes, américains...). L'humanité serait dominée par la machine, d'où des emprisonnements automatiques, exécutions etc...
Rapidement : les machines, si elles sont indifférentes, ne déportent pas, donc pareil pour des hommes modelés par la machine. Si l'on considère qu'elles ne sont pas indifférentes, elles deviennent humaines.
Tout cela serait finalement assez futile s'il ne s'agissait pas de noyer le poisson. le livre ne traite que de la seconde guerre mondiale et de la période immédiatement après. Les déportations de Juifs commencent sous Carol II et on fait comme si des personnes de droit commun pouvaient connaître le même sort.
Non : les déportations ont commencé sous le régime légionnaire (le mot n'est pas prononcé) puis sous Antonescu et ce sont bien des lois anti-juives et pas anti-agitateurs de tout poil qui ont été passées en 1941. le reste du roman poursuit sous cette logique d'amalgame : pour les Russes, soit (quoique ce soit eux qui ont libéré les camps d'extermination), mais sous-entendre que les Américains auraient pu tenir ou tolérer des camps qui sont plus ou moins mis en équivalence avec ceux des nazis est simplement ridicule. Pour clarifier la chose : la solution finale consistait en l'élimination des Juifs et n'a pas été le fait des machines mais de l'homme et en particulier du nazi.
Que Gheorghiu ait voulu qu'il en soit autrement, pour des raisons qui me sont assez obscures et, je le crains, peu avouables, est au mieux négligeable.
Commenter  J’apprécie          303


Lecteurs (1181) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1125 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *}