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Critique de Thrinecis


Le dernier roman d'Amitav Ghosh est presque une suite de son roman le Pays des marées paru en 2008. On y retrouve en partie le même cadre, les Sundarbans, cette région de mangroves située à l'embouchure du Gange, et quelques uns des personnages comme Piya, la delphinologue qui y étudiait les dauphins de l'Irriwaddy (une espèce de dauphin d'eau douce, dont l'aspect rappelle celui des globicéphales ou des bélugas), Kanai le traducteur et sa tante Nilima qui dirigeait un hôpital, la villageoise Moyna et son fils Tipu qui avaient tous deux vécu un drame terrible lors d'un cyclone.

C'est toujours agréable de savoir comment ont évolué les personnages d'un livre que l'on a aimé mais ce roman peut être lu indépendamment du premier.
Il met en scène un nouveau narrateur, Deen, d'origine bengalie, vendeur de livres anciens et expert en folklore bengali, qui partage son temps entre les Etats-Unis et Kolkata (Calcutta). Lors d'un séjour en Inde, Deen apprend l'existence d'un sanctuaire situé dans la forêt des Sundarbans qui serait dédié au culte de la déesse des serpents et lié à la légende du Marchand d'Armes, un humain poursuivi par la colère de cette déesse et contraint à fuir à travers des pays imaginaires. D'abord réticent mais finalement titillé par la perspective d'en apprendre plus sur ce sanctuaire et sur l'origine de cette légende, Deen décide de se rendre sur place. C'est le début d'une longue aventure initiatique qui l'entraîne dans les pas du Marchand et qui va ébranler sa conception du monde en le mettant face à des tragédies environnementales (cyclones, crues, tornades) et humaines comme l'effroyable périple entrepris par les migrants bangladais pour trouver en Europe travail et conditions de vie décentes.

Tout au long du récit, deux interprétations des événements s'affrontent, l'une surnaturelle, dans laquelle les serpents, les araignées, les crues et tornades ne sont que des émanations magiques de la colère de la déesse, l'autre rationnelle, scientifique, dans laquelle l'ensemble de manifestations ne sont que pures coïncidences et n'expriment que la matérialité des bouleversements climatiques auxquels nous assistons, quasi-impuissants, depuis quelques décennies : hausse des températures entraînant la migration de nombreuses espèces animales et végétales vers le Nord, plus grande fréquence des phénomènes climatiques violents tels que les cyclones...

Moins ambitieux que la Trilogie de l'Ibis ou que le Pays des marées, c'est un conte moderne, très documenté et intéressant mais à la construction linéaire un peu paresseuse, qui nous entraine sur les lieux visités par le Marchand d'Armes, à la manière d'un jeu de piste historique.
J'avais adoré le pays des marées mais j'ai finalement été un peu déçue par le traitement de ce roman, où les thèmes abondent mais laissent trop de place à une vision fantastique, confinant parfois au ridicule comme dans la scène finale où toutes les espèces de dauphins se réunissent autour du bateau des migrants.

Challenge Multi-défis 2021
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